Le temps passant, la classe politique a fini par créer un nouveau concept : comment déglinguer un pays sans tirer un seul coup de feu... Indiscutablement, le procédé devra être breveté au concours Lépine des meilleures inventions. D'autant plus qu'il ne nécessite aucun investissement puisque ses promoteurs n'ont qu'à se vautrer les doigts dans le nez, les orteils en éventail... et attendre que rien ne se passe.
« Rien. » Un mot qui mérite d'être gravé sur tous les frontons de la République, confirmé au fil des ans par la formidable capacité des barons communautaires à basculer d'un rien à un autre, avec d'autant plus de facilité que les premiers riens n'ayant rien donné, ils espèrent tirer des riens suivants le très recherché « moins que rien » ... Rideau.
Récapitulons : un président de la République? Surtout pas, puisque les Libanais se sont habitués à vivre sans. Le mieux serait de faire du palais de Baabda (tiens, voilà un mot qu'on n'entend plus ! ) un musée payant. Il assurerait au moins quelques rentrées d'argent, au lieu d'en coûter avec un locataire qui passera ses journées à enfiler les visiteurs.
Un gouvernement ? Complètement superflu depuis qu'il perd ses plumes au fil des mois, au point que Tonton Tamtam ne trouvera bientôt plus personne à qui parler « des-problèmes-de-l'heure-à-la-lumière-des-derniers-développements ». Et hop, un parc d'attraction, payant lui aussi ! On y organisera des journées « portes ouvertes », pendant lesquelles les curieux pourront admirer quelques ministres empaillés autour d'une table, sous les lambris et les mosaïques orientales.
Un Parlement ? Alors lui, il a décroché le pompon de l'insignifiance : une élection bidon tous les 15 ans, une rallonge bricolée tous les deux, un élevage futile de brimborions, qui en plus coûtent bonbon au contribuable.
Et voilà le travail ! L'un après l'autre, les mandats s'effilochent dans la décrépitude générale. Les institutions tombent en lambeaux l'une après l'autre, laissant sur le carreau un pays dépenaillé dont l'ultime carcasse constitutionnelle part en quenouilles.
Il est dur de raconter le vide sans tomber dedans.
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On n'a rien avec rien. "Non, rien, rien de rien, non je ne regrette rien". (Edith Piaf).
Un Libanais
12 h 49, le 09 septembre 2016