Au moins 24 personnes ont péri lundi dans un double attentat perpétré par les talibans en pleine heure de pointe près du ministère de la Défense à Kaboul en Afghanistan. Quelque 91 personnes ont aussi été blessées dans l'attaque, dernière d'une série, qui intervient alors que les talibans renforcent leur offensive contre le gouvernement pro-occidental.
"L'attaque a tué 24 personnes et en a blessé 91 autres, pour certaines grièvement", a déclaré à l'AFP un porte-parole du ministère de la Santé, Waheed Majroh. Tard dans la soirée, une troisième explosion a secoué le centre de Kaboul, ont rapporté des journalistes de l'AFP, mais les autorités cherchaient encore à localiser son lieu précis.
Parmi les morts figurent un général et plusieurs hauts responsables. L'hôpital de l'ONG italienne Emergency Hospital a indiqué avoir reçu des dizaines de blessés, dont 4 sont décédés dès leur arrivée. Un porte-parole taliban Zabihullah Mujahid, a indiqué sur Twitter que le premier attentat visait le ministère de la Défense et le second la police.
Le président afghan Ashraf Ghani a accusé les insurgés de s'en prendre aveuglément aux "gens ordinaires".
"Les ennemis de l'Afghanistan sont en train de perdre la bataille de terrain contre les forces de sécurité", a-t-il dit dans un communiqué condamnant vivement l'attentat. "C'est pour cela qu'ils attaquent des autoroutes, des villes, des mosquées, des écoles et des gens ordinaires", a-t-il ajouté.
"Cette attaque montre le mépris que les talibans ont pour la vie humaine", a renchéri John W. Nicholson, le général américain à la tête de l'opération de l'Otan "Resolute support" en Afghanistan (quelque 12.000 militaires d'une quarantaine de pays). "Viser des civils et ceux qui les protègent contredit frontalement la promesse antérieure des talibans de protéger la population civile et ne fait rien pour faire avancer la paix", a-t-il ajouté.
Sur les lieux de l'attentat, des mares de sang et des débris calcinés couvraient le sol, tandis que des blessés étaient hissés en urgence dans des véhicules en partance pour les hôpitaux, a constaté l'AFP. Certains corps ont été propulsés dans la rivière Kaboul et ont dû être récupérés par les pompiers.
Les autorités, après avoir dans un premier temps évoqué deux kamikazes, ont indiqué que la première bombe avait été actionnée à distance et la deuxième par un insurgé. Les deux déflagrations ont eu lieu à quelques minutes d'intervalle, visant vraisemblablement à faire un maximum de victimes parmi les fonctionnaires qui quittaient alors le ministère pour rentrer chez eux.
"La première explosion s'est produite sur un pont près du ministère de la Défense. Lorsque des soldats, des policiers et des civils sont accourus sur les lieux pour aider les victimes, une seconde s'est produite", a indiqué un porte-parole du ministère de la Défense, Mohammad Radmanish.
(Lire aussi : Tourisme sous adrénaline : six Occidentaux blessés dans une attaque des talibans)
Flambée de violence
La dernière attaque d'ampleur à Kaboul remonte au 25 août, avec un assaut de plus de dix heures contre l'Université américaine d'Afghanistan qui avait fait 16 morts. Deux professeurs étrangers de cette même université, un Australien et un Américain, avaient été kidnappés près de l'école quelques semaines plus tôt. Aucun groupe n'a revendiqué leur enlèvement et on ignore où ils se trouvent actuellement.
Cette flambée de violence dans la capitale fait écho à l'intensification de l'offensive talibane dans le pays, où la situation sécuritaire s'est nettement détériorée depuis la fin des opérations de combat de l'Otan fin 2014. L'armée afghane, soutenue par des forces américaines, est actuellement aux prises avec les talibans dans la province méridionale du Helmand, où elle essaie de protéger la capitale Lashkar Gah.
Les insurgés ont également resserré leur emprise sur la ville septentrionale de Kunduz, qu'ils avaient brièvement occupée à la fin de l'année dernière, en ce qui constitua leur principal fait d'arme depuis l'invasion américaine de 2001. Le commandement de l'Otan affirme pour sa part que ni Kunduz ni Lashkar Gah ne courent le risque de tomber aux mains des rebelles.
Lire aussi
Menace levée sur Kunduz, mais les civils de nouveau sur les routes