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Culture - Jeune scène musicale

Un rêve à portée d’instrument

Pas de costume trois pièces sorti d'un autre siècle, ni de chemises à fleurs et nœud papillon, pas de barbe affreusement négligée, ni de tatouages ostentatoires. Mais une fraîcheur de vivre et un sourire déconcertant, le même pour les cinq. Ils font de la musique alternative. Ce sont les Filter Happier, et ils portent bien leur nom.

Les Filter Happier ont de l’humour, la maturité des grands, le sens de la réalité, et un respect profond pour leur amitié.

Ils ont entre 19 et 27 ans, architecte, médecin ou étudiants en audiovisuel et théâtre. Ils « jammaient » dans la chambre de Georgy, tandis que les voisins peinaient à s'endormir. Le style était acoustique, les guitares sèches, le futur incertain, mais la détermination des Filter Happier restait commune.
Élie el-Khoury, l'aîné du groupe, joue de la batterie depuis l'âge de dix ans ; il aime le dessin et la photographie. Georgy Fluty, le guitariste et compositeur, aime la Bourse, les femmes en général et Ada en particulier. Ada Harb, la chanteuse et compositrice, joue du synthétiseur, aime le théâtre, aime piocher dans les assiettes des autres, et Georgy. Camille Cabbabé aime le cinéma, les frites et danser différemment. Élie Abdelnour, le bassiste, est sérieux et adulé par les quatre autres.
Ils ont de l'humour, la maturité des grands, le sens de la réalité, et un respect profond pour leur amitié. Leur talent musical et leurs personnalités les ont réunis.

Une histoire simple

Au départ, chacun seul s'essaie à la musique. Ils se produisent, dans des groupes différents, dans les écoles ou les facultés, mais ne composent pas encore. Ada, Georgy et Camille se rencontrent au Music Hub. C'est un espace où l'on apprend, où l'on joue, où l'on se retrouve entre copains, pour partager et échanger ses passions. Ils participent à des jam sessions et décident, en 2014, de participer à la Fête de la musique. Ils se mettent à la recherche d'un batteur. Élie Abdelnour intègre alors le groupe des trois et leur permet de se produire dans des pubs ou pour des évènements à but caritatif. Ils jouent en acoustique et interprètent des morceaux célèbres. En 2015, Élias Maroun leur propose de participer à Beyrouth Open Stage, au sein d'une compétition qu'il organisait. Motivé, le groupe des quatre écrit pour la première fois sa propre musique. L'amour ouvrant des horizons, Ada offre à Georgy sa première pédale. Et de l'acoustique leur musique passe à l'électrique. Ils balancent leurs vieux instruments et se lancent.

Le mode d'emploi

Georgy et Ada écrivent les textes, ensemble ou chacun de son côté, ramènent une idée de chanson et la soumettent aux trois autres. Puis tous expérimentent une musique et essaient de l'adapter aux paroles. Ada puise son inspiration de son vécu ou de ses expériences personnelles : le départ, la vie à l'étranger, rarement, de l'imaginaire. Georgy, lui, avoue être un peu désorganisé dans sa façon de travailler. Tantôt une musique lui dicte des paroles, tantôt un moment précis lui souffle une musique. Leur style musical, dit Élie, « est essentiellement inspiré du shoe gaze (style des années 90 où les guitaristes en solo regardent constamment des pédales qui permettent d'obtenir plusieurs sons et effets), du dream pop (un style plutôt calme) et du math rock (style des années 80) ». Un lexique qui s'adresse aux pros de la musique. Il précise : « La structure de la phrase musicale est polyrythmique et explorée », et termine en citant les groupes ou les artistes qui les ont inspirés : Daughter, The Clash, Damien Rice ou Hiatus Kaiyote.

Le mentor

Fady Tabbal, propriétaire du studio Tunefork et producteur des plus grands groupes, croit en eux. Il entre dans leur vie comme un ouragan, leur propose de déconstruire pour mieux se reconstruire. Musicien de formation, ils parlent de lui avec un grand respect. Il est celui qui les mène dans des directions différentes, refait leur culture musicale, leur fait prendre des chemins inexplorés, les pousse sans leur forcer la main, les guide et obtient d'eux leur premier EP (extended play),Trying to rush everything. Élie Abdelnour entre en scène, il complète et referme définitivement la boucle. Filter Happier voit enfin le jour.

Quand ils se décrivent les uns les autres, c'est tantôt en des termes élogieux, tantôt avec beaucoup de drôlerie. On finit par comprendre que Camille est la petite fourmi et la grande administratrice, Ada materne, Élie soude, Georgy amuse et Élie joue le rôle du parrain. Ils passent de Banana Elephant à Filter Happier (nom trouvé par Fady Tabbal, qui n'est pas sans rappeler le titre Fitter Happier de Radiohead). Le groupe déclare s'être forgé une identité musicale qu'il revendique, reconnaît avoir finalement pris le bon chemin, celui qui mériterait qu'on l'emprunte pour s'y arrêter et les écouter.

Seuls regrets : un public pas assez informé et des moyens difficiles.


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