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Économie - Marchés publics

Hakim demande l’annulation de l’appel d’offres mécanique

Près de deux semaines après l'annonce de ses résultats, validés samedi par le ministre de l'Intérieur, Nouhad Machnouk, cet appel d'offres continue d'être critiqué tous azimuts.

Le ministre de l’Économie, Alain Hakim, a notamment dénoncé le mode d’élaboration du cahier des charges de l’appel d’offres. Photo Ani

Le ministre démissionnaire de l'Économie et du Commerce, Alain Hakim, a demandé hier dans un communiqué l'annulation de l'appel d'offres international pour la modernisation des centres d'inspection mécanique des véhicules, dont le résultat avait été annoncé fin juillet. « L'appel d'offres mécanique révèle une nouvelle fois le scandale qu'est la politique suivie par le gouvernement dans la gestion des appels d'offres », a dénoncé M. Hakim dans son communiqué.

Si le ministre de l'Intérieur, Nouhad Machnouk, a validé samedi ce résultat, il doit encore l'être par le Conseil des ministres. « Je vais envoyer un courrier au Premier ministre à ce sujet et je compte suivre directement le dossier avec lui », indique M. Hakim à L'Orient-Le Jour.

Après plus d'un an d'une procédure ponctuée par une série de reports successifs, la Direction des adjudications (DDA) avait annoncé le 28 juillet que cet appel d'offres avait été remporté par la joint-venture composée des sociétés Autospect (Liban), SGS (Suisse), Securitest (France) et Autosécurité (France). Cette candidature a reçu la meilleure note technique parmi celles retenues par les experts techniques ainsi que la meilleure note financière, avait alors justifié à L'Orient-Le Jour une source proche de l'Inspection centrale (IC) dont dépend la DDA. L'offre financière de la joint-venture gagnante est de 44,12 millions de dollars, ce qui correspond au montant annuel que devra verser l'État à l'opérateur pendant dix ans, dans le cadre d'un contrat BOT (Build Operate Transfer), portant sur la gestion et la rénovation des quatre centres existants – à Hadeth, Saïda, Zahlé et Zghorta – et surtout la construction d'une dizaine d'autres.

 

(Pour mémoire : Autospect/SGS remporte l'appel d'offres pour l'inspection mécanique)

 

Écart de prix
Mais à peine proclamés, ces résultats étaient déjà contestés par certains candidats malheureux. Car seules deux offres – celles de la joint-venture gagnante et de la joint-venture Viv Auto/Doumit – parmi celles des 5 candidats encore en lice au moment de l'examen technique, ont finalement été examinées. Les trois autres candidats – Eri/Fal, Applus/Jawda, Opus/Danach – ont été écartés par le rapport des experts techniques « car ils ne répondaient pas à certains critères techniques éliminatoires, fixés par le cahier des charges », indique à L'Orient-Le Jour Ayman Abdel Ghafour, haut fonctionnaire à l'Organisme de gestion de la circulation routière (OGCR) et chargé auprès du ministère de l'Intérieur du suivi de l'appel d'offres mécanique.

Si ce point n'est pas formellement contesté par M. Hakim, il dénonce en revanche « l'écart des prix entre les offres des candidats écartés et celle de la joint-venture gagnante tels qu'ils ont été révélés ». Dans son édition d'hier, le quotidien al-Akhbar a en effet affirmé que les offres financières proposées par deux des candidats écartés étaient nettement inférieures à celle d'Autospect/SGS/ Securitest/ Autosécurité, sans toutefois en divulguer les montants.

« Notre offre représentait presque la moitié de celle du gagnant », s'insurge auprès de L'Orient-Le Jour Walid Sleiman, directeur général de la société Fal, gestionnaire depuis 2002 des 4 centres existants. Il n'a en revanche pas souhaité lui non plus divulguer le montant de cette offre pour appuyer ses dires. « C'est impossible ! En 2015, et uniquement pour les 4 centres existants, le contrat de Fal avec l'État libanais était de 21 millions de dollars, soit quasiment la moitié du montant proposé par la joint-venture gagnante. Je ne comprends pas comment Fal peut proposer un montant similaire pour la gestion et la rénovation de ces 4 centres et la construction d'une dizaine d'autres », s'est étonnée une source proche de la joint-venture gagnante. M. Abdel Ghafour admet pour sa part que le contrat BOT sera désormais plus coûteux pour les contribuables, mais explique que « la qualité et la rapidité des services seront considérablement améliorées. »

 

(Pour mémoire : Passer le contrôle mécanique de sa voiture en décembre, une vraie galère)

 

Favoritisme ?
Autre point de discorde soulevé par M. Hakim, le cahier des charges, qui a été approuvé par le Conseil des ministres en avril 2015 dans sa version initiale, ne l'a pas été après modifications par l'OGCR qui l'a transmise directement à la DDA. Considérant que le « Conseil des ministres aurait dû approuver cette dernière version », M. Hakim critique également le mode d'élaboration du cahier des charges, toujours par l'OGCR. « Le cahier des charges a depuis le départ été élaboré de manière à supprimer toute concurrence et favoriser la (joint-venture) gagnante », s'est insurgé M. Hakim.

S'il n'a pas précisé davantage cette accusation, la source proche de l'IC avait auparavant indiqué à L'Orient-Le Jour que « certains critères comme l'efficacité organisationnelle du candidat restent difficilement évaluables et peuvent laisser la place à des interventions subjectives ». Nous avons détaillé avec précision les modalités de notation aussi bien pour les critères quantitatifs que qualitatifs «, s'est défendu M. Abdel Ghafour, avant d'ajouter que « les résultats de l'expertise technique ont été approuvés à l'unanimité par les membres du comité d'évaluation des offres ».

Or la composition de ce comité est également remise en cause par M. Hakim ainsi que par certaines des sociétés écartées. Celles-ci ont de leur côté saisi – avant et après l'annonce des résultats – le Conseil d'État et la Cour des comptes pour contester notamment l'inclusion de trois représentants de l'OGCR en son sein. » Ces derniers ont été nommés suite à une décision du Conseil des ministres (...) contraire aux lois en vigueur «, avait de son côté dénoncé la source proche de l'IC.

Autre point trouble dans ce dossier, le lien financier unissant, selon plusieurs médias libanais, l'une des sociétés de la joint-venture gagnante et la société Inkript du groupe libanais Resource Group Holding (RGH). Le dirigeant de cette dernière, l'homme d'affaires Hicham Itani – un « proche du ministre Nouhad Machnouk et du chef du courant du Futur, Saad Hariri », selon la LBCI – a déjà remporté le contrat des passeports biométriques, d'une valeur de 140 millions de dollars. M. Itani a aussi décroché le contrat de la décharge de Costa Brava et celui de la sécurité de l'enceinte de l'aéroport.

Interrogés par L'Orient-Le Jour sur le lien présumé de la société Inkript avec la joint-venture gagnante de l'appel d'offres mécanique, la source proche de cette dernière n'a pas souhaité faire de commentaires. De son côté, M. Abdel Ghafour a assuré que « chacune des sociétés de la joint-venture a soumis l'ensemble des 20 documents administratifs requis, y compris leur registre de commerce, la liste de leurs actionnaires... et à aucun moment le nom de la société Inkript n'y est apparu ».

 

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