Nous étions dix jeunes combattants d'Achrafieh à rejoindre spontanément la bataille de Tal el-Zaatar quelques jours avant que les Kataëb ne participent officiellement au combat. La bataille avait été déclenchée quelques jours auparavant par les militants du PNL, du Tanzim, des Gardiens du Cèdre, de l'armée du Liban, du groupe Bach Maroun Khoury et des habitants volontaires de la région. Les milices palestiniennes terrorisaient la région de Dékouaneh, Sin el-Fil, Mkallès et Jisr el-Bacha depuis 1969, humiliant les citoyens en imposant des barrages sur les routes principales, en kidnappant des civils contre rançon et même en exécutant de jeunes innocents (décembre 1975). Abandonnée par l'État et ses institutions, la population chrétienne n'avait d'autre choix que de se défendre comme elle le pouvait.
La bataille de Tal el-Zaatar commence en juin 1976. Les factions palestiniennes sont bien préparées, excessivement armées, entraînées pendant des années à l'art de la guerre, et soutenues financièrement et militairement par plusieurs puissances étrangères. En face, nous sommes de jeunes civils ayant reçu un entraînement précaire au maniement des armes. Nos compagnons tombent par dizaines sur le champ de bataille, face à un camp mille fois fortifié et cerné de mines. Pour tous les observateurs, les chances de remporter cette bataille sont pratiquement inexistantes. Chaque mètre gagné nécessite des efforts considérables, des vies. L'improvisation est le seul moyen de renverser la donne. Nous profitons d'une brèche ouverte par un obus au niveau de Dékouaneh pour avancer parmi les rats déchaînés dans une canalisation de moins d'un mètre de diamètre. Cette offensive sera connue plus tard sous le nom de « guerre des égouts ». Elle allait être remportée, comme Tallet el-Mir, grâce à l'héroïsme légendaire de nos jeunes gens, et déterminer ainsi le sort de ce conflit. Voyant la situation tourner à son désavantage, Yasser Arafat, qui avait « besoin de martyrs » pour sa propagande, comme allait l'écrire Robert Fisk dans The Broken Revolutionary, demande à ses combattants de faire semblant de se rendre, puis de tirer sur les combattants venus accepter leur reddition. Finalement, Tal el-Zaatar est repris aux factions palestiniennes le 12 août 1976, après 54 jours de siège.
Pourquoi raviver les blessures du passé ? Parce qu'un peuple qui n'a pas d'histoire n'a pas d'avenir. Parce que le problème de la présence palestinienne au Liban est occulté pour des considérations politiques et sectaires. Parce que l'histoire de Tal el-Zaatar a été déformée par la propagande. Parce que, malgré la décision unanime de la première table de dialogue, rien n'a été fait pour désarmer ceux qui continuent à causer des troubles et à héberger des hors-la-loi. Il ne suffit pas « d'oublier » et de « pardonner » pour effacer les séquelles de la guerre, il nous faut nous rappeler et agir intelligemment et catégoriquement pour que nos enfants vivent dans un Liban souverain où ils seront protégés des horreurs que nous avons vécues.
Les affrontements de Tal el-Zaatar auront causé la mort de 200 héros tombés sur les champs de bataille pour sauver l'image du Liban souverain et indépendant que nous chérissons, et délivrer une région et des citoyens captifs des factions palestiniennes qui croyaient que la route de la Palestine devait passer sur le corps des Libanais. Si j'écris aujourd'hui, c'est pour commémorer le sacrifice de ces 200 martyrs de tous les partis chrétiens qui sont tombés dans cette bataille et qui ne sont pas morts en vain.
Massoud ACHKAR
FAUT OUBLIER ET NE PAS PARLER DE TELS EVENEMENTS REGRETTABLES OU LES DECHAINEMENTS ET LES ERREURS FURENT COMMISES DES DEUX COTES... TOUT EN N,OUBLIANT PAS QU,ON DOIT SAUVER SA PATRIE CONTRE QUI QUE CE SOIT ET NE S,OUBLIANT PAS SOI-MEME !
15 h 08, le 12 août 2016