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Économie - Conjoncture

Les salons de beauté innovent pour garder la forme

Les professionnels du secteur, qui font face au ralentissement économique, adaptent leur stratégie pour attirer de nouveaux clients.

Environ 1 200 salons de beauté, toutes catégories confondues, se partagent le marché à Beyrouth. Photo Coka/Bigstock

« Au Liban, les femmes s'occupent énormément de leur physique, et la réputation des instituts de beauté libanais rayonne dans l'ensemble du monde arabe », lance Tania Eid, PDG de la société organisatrice de Salons, E Square, qui organise In Shape, le rendez-vous annuel des professionnels de la beauté, de la santé et de la nutrition. « Nos clientes se rendent à l'institut environ trois fois par semaine », confirme de son côté Vera Samaha, propriétaire du salon de beauté L'Atelier de soi, qui a ouvert en janvier 2015 à Achrafieh. Selon les professionnels du secteur interrogés par L'Orient-Le Jour, les Libanaises se rendraient à l'institut au moins une fois par semaine, que ce soit pour la coiffure, les soins du visage, l'onglerie, l'épilation ou le maquillage.
S'il n'existe aucune statistique sur ce secteur au Liban, « celui-ci ne cesse de croître ces dix dernières années », explique Dina Rassoul, directrice de la communication pour la société Fadi Sawaya, fournisseur de produits d'onglerie et de maquillage sur le marché local. Une tendance confirmée par les professionnels interrogés.

Baisse des dépenses
Cependant, « depuis deux ou trois ans, l'activité a commencé à ralentir, à cause de la situation politico-sécuritaire et l'instabilité du pays », explique Paul Katra, président du syndicat des coiffeurs au Liban, qui regroupe 13 000 professionnels. « La situation s'est beaucoup dégradée ces trois dernières années, les Libanaises dépensent de moins en moins pour leurs soins », confirme pour sa part Mazen Mohtar, qui tient le salon Glint à Hamra. « Du fait de la baisse du pouvoir d'achat, les clientes ont divisé leurs visites par deux, et ne viennent plus qu'une fois par semaine », explique de son côté Mirna Nakhoul, propriétaire du salon Makitou à Achrafieh. Mais « ces dépenses étant considérées comme prioritaires, les clients continuent à venir, bien que ce soit moins souvent », nuance toutefois Carlos Aoun, propriétaire du salon Carlos Style, à Sin el-Fil. De fait, les professionnels attendent la période estivale, qui reste, selon eux, la plus lucrative de l'année. Or, en 2016, certains souffrent de la désaffection des touristes, notamment ceux en provenance des pays du Golfe. « Nos revenus ont baissé de 30 % cette année par rapport à 2015 du fait de leur absence », déplore Mona Badran, technicienne en coloration au salon HairTec Ziad Eid à Achrafieh. « Certains d'entre eux venaient même se marier au Liban. Désormais, les Libanais se marient à l'étranger ! » constate-t-elle.

Une conjoncture morose accentuée par la forte compétition que se livrent les acteurs sur le marché. Rien qu'à Beyrouth, l'on compte plus de 1 200 instituts de beauté répertoriés. « Les coiffeurs sont à chaque coin de rue, notre établissement est entouré d'une vingtaine de ces salons », explique Arnaud Bakar, propriétaire du salon Dessange au Liban. « L'offre est trop abondante par rapport à la demande et la compétition se joue avant tout au niveau des prix », souligne Paul Katra, ajoutant que le coût d'un brushing varie entre 5 000 livres et 30 000 livres sur le marché.

Face à cette situation, certains n'hésitent pas à redoubler d'ingéniosité pour attirer plus de clients. C'est par exemple le cas du salon Mbar Beauty Lounge à Sodeco Square, qui a choisi de collaborer avec l'hôtel Sheraton et l'hôtel Lancaster Plaza Beirut, lesquels offrent des réductions de 15 % à 20 % sur les réservations des clients passant par son salon. Résultat, « notre activité a augmenté de 20 à 30 % cette année, grâce à l'affluence de touristes qui viennent au Liban dans le seul but de se faire relooker dans notre salon », se félicite Mounir Abou Omar, propriétaire du salon Mbar Beauty Lounge.

Nouvelle clientèle
Les instituts de beauté misent également sur une offre plus diversifiée plutôt que sur la baisse des prix : « Les salons sont obligés de suivre les nouvelles tendances et d'acquérir les nouveaux produits du marché pour rester à la page. Or certains n'ont pas le budget nécessaire pour acheter ces équipements ou former leurs esthéticiennes, ce qui contribue à creuser l'écart entre les salons de bonne qualité et les autres », constate Dina Rassoul. « Nous avons fait le choix d'investir environ 300 000 dollars pour rénover entièrement l'institut au moment où la situation économique était au plus bas, il y a deux ans. Un choix payant, car le salon s'est amélioré et cela contribue à attirer une clientèle qui recherche la meilleure qualité de service disponible sur le marché », explique Arnaud Bakar, qui pratique des prix supérieurs à ses concurrents – environ 22 dollars le brushing – du fait de son alignement sur les standards du groupe Dessange.

Reste enfin ceux qui ciblent une toute autre clientèle. « La nouvelle tendance, c'est la clientèle masculine, les hommes viennent de plus en plus souvent au salon de barbier. Nous comptons d'ailleurs ouvrir un espace dédié aux pédicures et manucures, qui sont des prestations très demandées », explique George Darakdjian, propriétaire du salon de barbier Rino's Barber Shop à Dora. C'est également le pari qu'a pris le salon de barbier vintage Phil & Joe, ouvert fin 2015. « C'est la nouvelle mode, les hommes adorent prendre soin d'eux, voire plus que les femmes ! Nous avons au moins 5 nouveaux clients par jour », se félicite Lena Vartabedian, responsable du salon de barbier Phil & Joe de Gemmayzé.

 

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