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Économie - Liban - Tendance

Les mariages de luxe résistent tant bien que mal à la conjoncture

Plusieurs mariages extravagants ont défrayé la chronique au Liban depuis le début de l'été. L'union de Nathalie Kreidieh avec Jad Darwiche, par exemple, tous deux issus de familles versées dans la construction en Arabie saoudite, s'est distinguée par ses lions, tigres et autres éléphants en papier mâché grandeur nature qui ont décoré le Biel sur le thème du « Livre de la jungle ».

Une démesure financée par un investissement « considérable », mais dont le montant n'aura finalement pas été dévoilé aux journaux libanais. Ces derniers allaient en revanche se rattraper en découvrant le prix de la décoration du chocolat servi pendant le mariage du fils de l'homme politique Ghazi Aridi, Omar Aridi, avec Raya Hindi, et qui aurait coûté à elle seule plus de 150 000 dollars.

D'après les spécialistes interrogés par L'Orient-Le Jour, le budget total des mariages dits de luxe commence aux environ de 500 000 dollars et peut atteindre plusieurs millions. Selon Asma Andraos, copropriétaire de l'agence événementielle Stree avec Michaël Nakfoor, « entre 30 à 50 mariages de ce type ont lieu tous les ans au Liban ». « L'industrie du mariage tient une place importante au niveau national, et ceux qui peuvent continuent à dépenser beaucoup d'argent pour se marier le font », ajoute-t-elle. Une extravagance qui n'empêche pas certains professionnels du mariage haut de gamme de commencer à se serrer la ceinture.

 

(Pour mémoire : Les « wedding planners » libanais misent sur le créneau des mariages à l'étranger)

 

Disparition des touristes du Golfe
Première raison expliquant la baisse du nombre de mariages de luxe : la disparition des touristes fortunés du Golfe. Le 23 février, Riyad avait en effet appelé ses ressortissants à ne pas se rendre au Liban ou à quitter le pays, avant d'être imité par ses affidés du Conseil de coopération du Golfe : les Émirats arabes unis, le Qatar, le Koweït et Bahreïn. Résultat : le nombre de touristes en provenance des pays arabes a reculé de 0,87 % à fin juin, selon les chiffres de l'aéroport international de Beyrouth, notamment sous l'effet de la désertion des visiteurs saoudiens (-47,7 % sur la même période).

Un facteur qui, combiné avec la mode récente des Libanais de se marier à l'étranger, a eu des retombées directes sur les activités de l'organisateur de mariages haut de gamme Paul Nasr. « Nous organisons normalement entre 20 et 30 mariages par an. Cette année, ce chiffre se rapproche plutôt de 15 », indique-t-il. Un manque à gagner qui affecte la profession, mais qui touche aussi toute l'économie qui s'alimente sur les dépenses des invités à ces cérémonies : location de voiture, hôtellerie, restaurants, etc. « Sur les quatre dernières années, la location de voitures de mariage aux clients du Golfe a baissé de 30 % », confirme Élie Moussi, directeur de l'agence de location de voiture Mike Cars.

Les clients qui continuent à organiser des mariages de luxe au Liban ont également tendance à réaliser des économies sur leurs budgets à cause du ralentissement économique qui touche le pays depuis le début de la crise syrienne en 2011. « On sent que les clients négocient de plus en plus et sont prêts à rogner un peu sur leurs dépenses en terme de décoration, de lumières ou de décoration florale par exemple », explique Paul Nasr, sans toutefois donner de chiffre concernant les dépenses moyennes de ses clients pour un mariage. « Les clients ne sont pas vraiment prêts à payer comme d'habitude », assure, pour sa part, Henri Cattan, directeur du traiteur et pâtissier Cat & Mouth, prisé par les organisateurs de mariages haut de gamme. Selon lui, la clientèle débourse au minimum environ 120 dollars par personne lors de ce type de mariage, ce qui inclut « le coût du personnel, les boissons, le gâteau de mariage et le buffet ou le menu fixe ». Et le prix maximum ? « Il n'y en a pas ! » s'exclame-t-il.

 

(Lire aussi : Le Libanais flambeur, idée reçue ou réalité ?)

 

Compétition accrue
Par conséquent, la compétition s'est accentuée ces dernières années, note Maria Boustany, responsable des relations publiques au Château Rweiss (Kesrouan), qui accueille au minimum 10 mariages par an dont le coût dépasse 500 000 dollars. « Avant, les clients se contentaient de laisser l'organisateur de mariage s'occuper des fournisseurs de lumière ou de fleurs. Mais aujourd'hui, ils cherchent davantage à imposer un fournisseur moins cher, mais dont les services seront de moins bonne qualité », indique-t-elle. Son collègue Fouad Mitri, gestionnaire des opérations au château, souligne toutefois que leurs clients sont peu concernés par le ralentissement économique. D'après lui, les couples qui peuvent se permettre d'organiser un mariage viennent de « grandes familles libanaises » ou alors de familles dont les activités financières « ne sont pas limitées au Liban ».

Lynn Sawaya, propriétaire de Matisse Events, confirme que la baisse des budgets a été minime : « Elle n'a pas dépassé 10 %. » En outre, rappelle-t-elle, les mariages de luxe soutiennent l'économie libanaise : « Pour 500 invités, il faut compter une cinquantaine de serveurs, environ cinq photographes, une dizaine de personnes au son et à la lumière, en plus du valet parking... » La DJ Caline Chidiac, sollicitée pour de nombreux mariages haut de gamme, affirme également ne pas avoir ressenti l'impact de la morosité de la conjoncture sur son activité. « J'ai eu un super été avec au minimum 4 mariages par mois », indique-t-elle. Ses services se facturent entre 1 500 et 5 000 dollars la soirée.

L'optimisme est également de rigueur au Biel, dont la grande salle de bal accueille entre 60 et 70 mariages par an. « Les budgets commencent à repartir vers la hausse » après une saison 2016 décevante, confie la directrice commerciale, Chirine Daniel, tout en restant discrète sur le montant exact de ces budgets.

 

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