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Économie - Services

Les « wedding planners » libanais misent sur le créneau des mariages à l’étranger

Face aux contraintes d'un marché de plus en plus concurrentiel et affecté par les retombées de la situation sécuritaire, les professionnels du mariage tentent de se distinguer en proposant à leurs clients d'organiser leur mariage en dehors du pays. Une formule pas forcément plus onéreuse.

Un mariage organisé en grande pompe à Capri par l’agence Matisse Events. Photo DR

Alors que la saison des mariages bat son plein, une nouvelle tendance grignote de plus en plus de parts de marché : les mariages organisés à l'étranger. « Depuis trois ans, nous organisons environ la moitié des mariages hors du Liban. Pour nos clients, c'est un moyen de trouver des lieux plus insolites et surtout de réduire au maximum les risques sécuritaires », explique Asma Andraos, copropriétaire de l'agence événementielle Stree. « Les mariages à l'étranger permettent de réduire le nombre d'invités, surtout lorsque les parents veulent inviter leurs amis par exemple », avance Lynn Sawaya, propriétaire de Matisse Events qui a déjà organisé des mariages en Russie, en Italie, en Turquie et en Grèce.

Et la mode tombe à pic pour des professionnels qui souhaitent donner un coup de fouet à leurs affaires dans une conjoncture maussade. Ils doivent en effet composer avec un rétrécissement de la demande. « Cette tendance est clairement due à un problème sécuritaire, puisque, dans ce contexte instable, il est difficile de planifier à l'avance, et les mariés ont donc peur de devoir annuler à la dernière minute. Du coup, de nombreux sites restent encore vides alors qu'il y a 3 ans, il fallait faire des pieds et des mains pour obtenir une réservation », se désole Nabil Baz, directeur général de la société évènementielle Promofair. S'ils n'ont pas encore entamé l'appétit des Libanais pour les unions célébrées avec faste, les troubles à répétition les poussent à envisager d'autres destinations pour le faire. De plus, ils ont impacté fortement une autre composante de la demande, celle des ressortissants des pays du Golfe. « Dans les années 2000, certaines familles d'Arabie saoudite venaient se marier au Liban, mais depuis la dégradation de la situation politico-sécuritaire, cela ne se fait plus, notre cible est donc purement locale », explique Lynn Sawaya. « L'absence des ressortissants du Golfe a largement influencé le secteur », confirme Asma Andraos, qui indique tout de même avoir trouvé la parade : « Nous avons pu développer notre clientèle dans ces pays où nous continuons à organiser des mariages, pour des budgets pouvant atteindre dix fois les budgets standard libanais. »

Cette adaptation à la demande constitue également un moyen pour les « wedding planners » de se distinguer au sein d'une offre surabondante depuis le boom des années 2000. « De plus en plus de personnes s'improvisent organisateurs de mariages : outre la dizaine d'agences professionnelles, la plupart des acteurs font ce métier en "freelance" et de manière saisonnière. Les agences doivent donc se diversifier, par exemple à travers l'organisation d'événements d'entreprises ou les mariages à l'étranger », indique Nabil Baz, dont le Salon Wedding Folies rassemble aujourd'hui environ 250 exposants, contre moins d'une centaine à ses débuts.

À chaque budget sa destination
Et si Liban oblige, le budget reste conséquent – les offres commencent aux alentours de 80 000 dollars tout compris – les mariages ne sont pas forcément plus coûteux que ceux organisés dans le pays. « Si le nombre d'invités est plus limité à l'étranger, ces mariages reviennent au même prix qu'au Liban car il ne suffit pas de se contenter d'organiser la soirée mais aussi des événements sur plusieurs jours », indique Lynn Sawaya. « Pour le repas par exemple, les coûts varient entre 150 et 200 euros par personne pour un mariage célébré à l'étranger, contre 400 dollars par tête pour un mariage célébré au Liban », explique Ricky Dakouny, fondateur de l'agence Tarte aux poires qui réalise environ 15 % de ses mariages en Italie et en Grèce. « Les plus gros budgets préféreront l'Italie et la Côte d'Azur – où en haute saison le coût par personne peut atteindre jusqu'a 4 fois les prix libanais. Mais la Grèce, la Turquie et le Maroc restent à la portée des budgets plus réduits », ajoute Asma Andraos.

Face à l'engouement pour ce nouveau créneau, on assiste même à l'émergence de sociétés étrangères qui ouvrent des agences au Liban, comme par exemple Giritaly et Just Amore, qui sont spécialisées dans les mariages clé en main à destination de l'Italie. « Mais en fin de compte, cette mode constitue un manque à gagner de plusieurs millions de dollars pour l'ensemble de la chaîne intervenant dans le secteur : même si l'organisation de ces mariages passe par des Libanais, ce sont les prestataires étrangers qui récoltent une grande part des bénéfices, que ce soit au niveau de la location du site, du traiteur ou du fleuriste... » déplore Nabil Baz.

 

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Ils sont fous, ces Libanais...

Zvi Zabrinski

15 h 01, le 16 juillet 2015

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Commentaires (1)

  • Ils sont fous, ces Libanais...

    Zvi Zabrinski

    15 h 01, le 16 juillet 2015

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