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Liban - Drame

La noyade, une phobie qui hantait la maman, a fini par emporter son petit

La photo publiée par le père de Kevin Metlej, sur sa page Facebook.

Kevin Jihad Metlej, 6 ans, est devenu une célébrité sur les réseaux sociaux. Son père, Jihad, affiche sa photo en tenue militaire sur sa page Facebook non pas à l'occasion de la fête de l'Armée, mais pour inviter les proches à venir prier avec lui et sa femme pour le repos de l'âme de Kevin. Son portrait circulait sur des milliers de pages Facebook accompagné de mots tendres, de prières et de messages de soutien à sa famille. Il faut dire qu'hier, les parents, terrassés par la douleur, et les amis ont fait leurs adieux à Kevin dans une église de Batroun.

Kevin est mort noyé lundi à midi dans la piscine du complexe balnéaire Sawary, dans cette ville. Il faisait partie d'un groupe d'enfants participant à une colonie d'été organisée par son école, Saint-Joseph des pères capucins, à Batroun. Aucune information précise n'a filtré du côté de la direction de la colonie, et encore moins de celle du complexe balnéaire, qui insiste sur le fait que Kevin a été transporté vivant à l'hôpital après que les premiers soins lui ont été administrés. Une enquête est ouverte et le père de Kevin a porté plainte contre toute personne que l'enquête déterminera comme responsable.

« Les enfants participent souvent à des sorties au bord de la piscine dans le cadre des activités proposées par la colonie de vacances, mais il y a souvent des parents qui restent sceptiques, notamment lorsque leurs petits ne savent pas encore nager. Ils refusent d'envoyer leurs enfants malgré les assurances des moniteurs, qui délivrent normalement un encadrement irréprochable », explique à L'Orient-Le Jour Myrna, une voisine de la famille, dont le fils participe à la même colonie.

 

Une peur maternelle justifiée
« Magida, la maman de Kevin, avait très peur pour son petit, particulièrement vif et impulsif. Il insistait chaque fois pour accompagner ses camarades à la piscine et pleurait même, car elle lui interdisait l'accès à l'eau par peur de la noyade. Mais elle a fini par lâcher prise. Lundi, c'était la deuxième fois que Kevin partait à la piscine avec ses camarades de classe. Comme c'est triste, sa peur de la noyade était justifiée : elle a fini par emporter son fils », ajoute Myrna.

« Au moment où les moniteurs préparaient les enfants en leur ajustant les flotteurs et en leur mettant la crème solaire, le petit, dont le gabarit est assez menu, se serait dirigé vers la piscine réservée aux adultes, où le niveau de l'eau dépasse par endroits les deux mètres. Il l'aurait fait malgré les directives strictes de ses moniteurs lui disant de rester assis en attendant que tous les enfants soient prêts », dit-elle. « Il a donc pu échapper à la surveillance des moniteurs censés être vigilants avec les enfants et à celle, non moins importante, des maîtres nageurs. Les moniteurs sont des jeunes gens très responsables et dévoués mais je ne sais pas quelles sont leur compétences en matière de sauvetage. Mais ce dont je suis sûre, c'est que les maîtres nageurs ont aussi leur part de responsabilité. Ils auraient dû lui interdire l'accès à la piscine des adultes », s'exclame-t-elle.

« Selon le directeur de la colonie, Kevin flottait déjà dans la piscine, inanimé, lorsqu'ils l'ont remarqué et donc c'était trop tard pour appeler les secours. Il l'a lui-même transporté dans sa voiture vers l'hôpital », raconte-t-elle. « Dans tous les cas, je trouve que réserver deux à trois moniteurs pour une vingtaine d'enfants dans l'eau, c'est très peu, mais les responsabilités resteront partagées quoi que dise la direction du complexe balnéaire », estime Myrna.

 

Sécurité défaillante ?
Pour le moukhtar de Batroun, Tony Khattar, qui se trouve être aussi un secouriste de la Croix-Rouge libanaise, « le mal est fait et l'enfant ne pourra malheureusement pas retourner à la vie quelle que soit la conclusion de l'enquête. Si la direction du complexe balnéaire et les moniteurs se rejettent mutuellement la responsabilité en avançant différentes versions, l'enquête et le médecin légiste détermineront en fin de compte qui sont les vrais responsables de ce drame ».

Le drame de Batroun pose, en tout état de cause, le problème de la sécurité dans les complexes balnéaires où les incidents de ce type se multiplient chaque année. Les maîtres nageurs, censés détenir des diplômes de sauvetage, restent vraisemblablement peu nombreux par rapport au nombre élevé de nageurs. D'autant plus que les enfants ont besoin d'un niveau élevé de surveillance et d'un encadrement spécial qui n'est souvent pas assuré. Cette situation est aggravée par une inconscience totale chez de nombreux responsables de colonies de vacance, principalement intéressés par le profit, et reléguant au second plan la sécurité des enfants.

 

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