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À La Une - Turquie

Inquiétudes en Allemagne avant une manifestation pro-Erdogan à Cologne

Jusqu'à 30.000 manifestants sont attendus.

 

Manifestation pro-Erdogan à Ankara, en Turquie, le 27 juillet 2016. REUTERS/Umit Bektas

La tenue dimanche en Allemagne d'une manifestation de partisans de Recep Tayyip Erdogan suscite des remous du fait des tensions que les dérives autoritaires du président turc provoquent dans la communauté turque du pays.

Jusqu'à 30.000 manifestants sont attendus dimanche, selon la police, à partir de 10h00 (08h00 GMT) à Cologne, la métropole rhénane qui compte une importante minorité turque ou d'origine turque. L'appel au rassemblement a été lancé par l'Union des démocrates européens-turcs (UETD), considérée comme le lobby du parti au pouvoir à Ankara. Il s'agit de venir soutenir le président islamo-conservateur, qui depuis le coup d’État raté du 15 juillet, a entamé de vastes purges de l'armée et des médias notamment.

Plusieurs contre-manifestations sont prévues dans la ville. Ainsi, la crainte de débordements entre partisans et adversaires du Parti de la justice et du développement (AKP) du président Erdogan est grande: en Allemagne vit la plus grande diaspora turque ou ayant une telle origine avec quelque 3 millions de personnes. De nombreux Kurdes et Alévis, opposés au régime Erdogan, résident également dans le pays.

 

(Lire aussi : En Turquie, 16.000 personnes en garde à vue, 50.000 limogées : les purges en chiffres)

 

La police de Cologne, accusée d'incurie après les agressions sexuelles en bande commises la nuit du jour de l'An par des migrants, va déployer 2.000 policiers, dont certains d'origine étrangère ou parlant turc. Le patron de la police locale n'a pas exclu non plus de faire interdire le rassemblement si la sécurité de membres du gouvernement turc éventuellement présents ne pouvait pas être assurée.

Ces deux dernières semaines, les tensions sont montées dans la communauté. La chancelière Angela Merkel s'est inquiétée jeudi de l'impact des purges en cours en Turquie sur la diaspora, appelant Ankara à faire "preuve de proportionnalité" dans sa réponse au coup d’État manqué. Au même moment, le gouvernement turc demandait à l'Allemagne d'extrader les membres présents sur son territoire du réseau du prédicateur Fethullah Gülen qu'Ankara accuse d'avoir ourdi le putsch manqué.

La présidente de la région de Cologne, où se sont installés de nombreux immigrés turcs dans les années 1960 et 70 pour travailler dans l'industrie, a elle aussi lancé un appel à la "mesure".
"N'importez pas un conflit de politique intérieure en Turquie dans la région où vous avez choisi de vivre", a lancé Hannelore Kraft.
Son ministre de l'Intérieur, Ralf Jäger, a prévenu qu'en cas d'"appels à la violence", "la police interviendra de manière rigoureuse" alors que les adversaires d'Erdogan en Allemagne se plaignent de recevoir menaces et insultes.

 

(Lire aussi : La purge en Turquie s'étend aux entreprises, des journalistes menacés de prison)

 

'La petite Istanbul'
Dans le quartier berlinois de Kreuzberg, surnommé "la petite Istanbul" du fait de l'importante diaspora qui y vit, des drapeaux turcs fleurissent ça et là aux fenêtres depuis le coup d’État manqué, signe que les soubresauts de la vie politique à Ankara intéressent plus que la situation en Allemagne.

Les médias ont aussi multiplié les témoignages de jeunes ayant grandi en Allemagne et qui ne se rendent en Turquie que pour les vacances d'été, mais qui soutiennent ouvertement Erdogan. Un phénomène qui, selon l'élu berlinois Erol Özkaraca, souligne les ratés de l'intégration. "Ils ne se sentent pas appartenir à l'Allemagne (...) du coup il se produit un phénomène d'identification avec le pays d'origine".

 

 

(Lire aussi : Près d'Istanbul, un "cimetière des traîtres" pour les putschistes)

 

Le président turc bénéficie d'un immense soutien auprès des 1,55 million de ressortissants turcs en Allemagne - soit l'une des plus grandes circonscriptions électorales après Istanbul ou Izmir. M. Erdogan a tenu ces dernières années plusieurs meetings en Allemagne, intervenant chaque fois dans des salles combles et surchauffées.

La chargée des questions d'intégration du gouvernement, Aydan Özoguz, s'est inquiétée de l'instrumentalisation "politique massive" des Turcs vivant en Allemagne. "Il n'est pas possible que les adversaires du parti AKP au pouvoir en Turquie se sentent menacés en Allemagne", accuse le quotidien Schwäbische Zeitung, publié dans la région de Stuttgart, où vivent de nombreux Turcs employés dans l'automobile.

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La tenue dimanche en Allemagne d'une manifestation de partisans de Recep Tayyip Erdogan suscite des remous du fait des tensions que les dérives autoritaires du président turc provoquent dans la communauté turque du pays.
Jusqu'à 30.000 manifestants sont attendus dimanche, selon la police, à partir de 10h00 (08h00 GMT) à Cologne, la métropole rhénane qui compte une importante minorité...

commentaires (2)

Au moins eux ils ne seront pas purgeables ... hahaha....

FRIK-A-FRAK

14 h 17, le 30 juillet 2016

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Commentaires (2)

  • Au moins eux ils ne seront pas purgeables ... hahaha....

    FRIK-A-FRAK

    14 h 17, le 30 juillet 2016

  • La fin politique d'Angela Merkel est proche ..., faute de n'avoir pas bien compris la menace réelle ...elle aurait dû restée dans la gestion de l'économie et le finance ...

    M.V.

    13 h 53, le 30 juillet 2016

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