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À La Une - Portrait

Obnubilé par la Syrie, sujet à des troubles mentaux : Adel Kermiche, l'un des tueurs de Saint-Étienne-du-Rouvray

Le jeune homme avait tenté à deux reprises de se rendre en Syrie.

A Saint-Étienne-du-Rouvray, près de Rouen (Normandie), des fleurs en hommage au prêtre égorgé lors d'un attentat contre son église, mardi, revendiqué par l’organisation État islamique. REUTERS/Pascal Rossignol

Il était à peine majeur, avait tenté par deux fois de rejoindre la Syrie et avait parlé de "faire une église": Adel Kermiche était l'un des deux auteurs du meurtre mardi d'un prêtre à Saint-Etienne-du-Rouvray (Seine-Maritime).

Né le 25 mars 1997 à Mont-Saint-Aignan, une commune proche de Rouen (Normandie), Adel Kermiche, abattu mardi par la Brigade de recherche et d'intervention (BRI), était au moment des faits sous bracelet électronique. Il "n'a aucune condamnation sur son casier judiciaire" mais était "toutefois connu de la justice antiterroriste", a déclaré mardi soir le procureur de la République de Paris, François Molins.

C'est le 20 mars 2015 que les services antiterroristes entendent parler d'Adel Kermiche pour la première fois, rapporte Le Monde dans un long portrait, "quand un autre habitant de Saint-Etienne-du-Rouvray, Adel Bouaoun, 26 ans, vient de rejoindre la Syrie muni de la carte d'identité d'Adel". C'est Adel Bouaoun qui aurait initié Kermiche à la propagande de l'organisation Etat islamique, qui a revendiqué l'attentat de mardi.


(Lire aussi : Jacques Hamel, un "homme bon" de 86 ans qui refusait la retraite)

 

"Fanatique religieux"
Trois jours après avoir été interrogé par la police, Adel Kermiche est interpellé à Munich, en Allemagne, alors que lui-même tente de rejoindre la Syrie. Pour ce faire, il a pris la carte d'identité de son frère.
Après sa première tentative de départ en Syrie, Adel Kermiche était "revenu dans le quartier et s'est vanté", a déclaré à l'AFP un voisin, Mohamed, 30 ans. "Tout le monde le connaissait dans la ville, on savait qu'il voulait y retourner", a-t-il ajouté.

Aux enquêteurs, précise Le Monde, Adel Kermiche explique avoir voulu aller en Syrie pour "enseigner le Français" ou pour une "visite guidée". Il explique aussi s'être "monté la tête" avec Adel Bouaoun. Adel Bouaoun "m'a dit que c'était mieux (en Syrie, ndlr), beaucoup mieux qu'ici où il n'y a pas de travail, que c'était plus facile la vie là-bas", dira Adel Kermiche aux juges, rapporte le quotidien français. Son propre père, poursuit Le Monde, décrit Adel Kermiche, benjamin d'une fratrie de cinq enfants, issu d'une famille musulmane peu voire pas pratiquante, comme un "fanatique religieux"".

Adel Kermiche est placé en garde à vue, puis sous contrôle judiciaire. Mais le 11 mai 2015, il retente le voyage en Syrie. Pour son second essai, le jeune homme, cette fois majeur, passe par la Suisse. Mais il est arrêté en Turquie deux jour après son départ du domicile familial, renvoyé en Suisse puis remis à la France.

Une amie d'Adel, contactée par Le Monde, affirme que le jeune homme affirmait vouloir "mourir en martyr" en Syrie.

En France, Kermiche est mis en examen pour association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste et placé en détention provisoire, avant d'être assigné à résidence avec bracelet électronique.

 

(Lire aussi : Pourquoi l’EI a-t-il perpétré un attentat dans une église en France ?)

 

Troubles psychologiques
Pendant son incarcération, Adel est soumis à une enquête de personnalité. Il apparaît alors, note Le Monde que "de 6 ans à 13 ans, Adel Kermiche a été suivi dans un centre médico-psychologique".  A 12 ans, poursuite Le Monde, il est hospitalisé à Rouen dans un service consacré à la psychopathie de l'adolescence, puis à l'hôpital de jour de Saint-Étienne-du-Rouvray. A 13 ans, il "est placé quinze jours en milieu fermé dans l'unité psychiatrique du centre hospitalier spécialisé du Rouvray".

L'année suivante, note Le Monde, il reprend une scolarité normale. Mais en 2013, "il est renvoyé quelques jours de son lycée, ce qu'il vit comme une injustice. Une de ses professeurs rapporte des "violences physiques et verbales envers ses camarades" ainsi qu'un "comportement physique provocateur", tout en constatant un "niveau scolaire supérieur" aux autres élèves", peut-on encore lire dans Le Monde

Après ces projets avortés, le jeune homme a finalement préféré une cible plus proche. Mardi, à l'heure de la messe, il a fait irruption avec un complice dans l'église de Saint-Étienne-du-Rouvray.
Les deux assaillants ont pris en otages six personnes, avant d'égorger Jacques Hamel, prêtre auxiliaire de la paroisse, 86 ans. Un autre otage est très grièvement blessé, selon le ministère de l'Intérieur.

"Il ne nous parlait jamais", a confié un autre voisin de la famille du jeune homme. "Je l'ai vu pour la dernière fois vendredi. Il jouait au foot dans son jardin", a dit, à l'AFP, cet homme de 60 ans. Il a ajouté ne l'avoir "jamais vu à la mosquée" où il se rend tous les jours. "Je ne l'ai jamais vu fréquenter la mosquée", a confirmé le président du conseil régional du culte musulman de Haute-Normandie, Mohammed Karabila.

Dans la ville, d'autres connaissances ont dressé un portrait contradictoire de l'assaillant présumé.
"Je ne suis pas étonné, il m'en parlait tout le temps", a déclaré sur RTL un adolescent qui a assuré faire partie de ses connaissances. "Il parlait d'islam, qu'il allait faire des trucs comme ça. Il m'a dit +je vais aller faire une église+ il y a deux mois. Je l'ai pas cru, il disait beaucoup de choses."
"C'était un jeune comme nous, je ne comprends pas comment il a basculé comme ça", a en revanche affirmé une autre connaissance à la radio. "Il s'est fait retourner le cerveau. Ce qu'il a fait, ça n'a rien à voir avec les musulmans. Il a fait ça de sa propre personne, il a déconné".

 

(Lire aussi : "Ce n'est pas un musulman qui a tué un catholique. C'est le mal, tout simplement")

 

"Reprendre sa vie"
C'est le 18 mars dernier que la magistrate en charge du dossier décide son placement sous contrôle judiciaire, alors qu'il était incarcéré depuis dix mois suite à sa deuxième tentative de départ en Syrie.

A la magistrate, indique Le Monde, il dira avoir "envie de reprendre sa vie, revoir ses amis, se marier". La magistrate estime, rapporte le quotidien français, que le jeune homme a "pris conscience de ses erreurs" et qu'il est déterminé à entamer des démarches d'insertion".

Le parquet, pas convaincu, fait appel. "Quoiqu'il fasse état d'une erreur et réclame une seconde chance, il existe un risque très important de renouvellement des faits en cas de remise en liberté", insiste le ministère public, selon le Monde. La chambre d'instruction ne suit pas l'appel du parquet.

Selon les modalités de son contrôle judiciaire, Adel Kermiche n'a pas le droit de quitter la Seine-maritime et doit se soumettre à une prise en charge psychologique. Il n'a, en outre, le droit de quitter le domicile familial qu'entre 8h30 et 12h30 en semaine. C'est vers 09H25, mardi, que les deux assaillants sont entrés dans l'église en pleine messe.

 

Repères
Plusieurs attaques en France depuis les attentats de janvier 2015

Rappel des principaux attentats de l'EI contre des cibles occidentales

Il était à peine majeur, avait tenté par deux fois de rejoindre la Syrie et avait parlé de "faire une église": Adel Kermiche était l'un des deux auteurs du meurtre mardi d'un prêtre à Saint-Etienne-du-Rouvray (Seine-Maritime).
Né le 25 mars 1997 à Mont-Saint-Aignan, une commune proche de Rouen (Normandie), Adel Kermiche, abattu mardi par la Brigade de recherche et d'intervention...

commentaires (2)

On a comme l'impression que les bactéries wahabites cherchent à déclencher une guerre civile en France ... Trump l'a bien compris .

FRIK-A-FRAK

20 h 16, le 27 juillet 2016

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Commentaires (2)

  • On a comme l'impression que les bactéries wahabites cherchent à déclencher une guerre civile en France ... Trump l'a bien compris .

    FRIK-A-FRAK

    20 h 16, le 27 juillet 2016

  • C'est de l'intox... ,du politiquement correct journaleux et de la bienpensante pensée BCBG ...évidement , pour ne pas nommer le vrai problème...! le djihadisme sous ses formes , les plus obscurantistes , est l'égal du TOC en psychiatrie....Trouble Obsessionnel Compulsif...ou au choix ...C.. pulsif....

    M.V.

    14 h 49, le 27 juillet 2016

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