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Lifestyle - Rencontre

La nécessité d’oser de Nadine Khaïrallah Chacar

Nadine Khaïrallah Chacar, psychanalyste et docteure en sociologie, s'est confiée à « L'Orient-Le Jour » à propos de son intrigant ouvrage, « Mots croisés géants et en couleurs, accompagnés de charades ». Une expérience de vie, entre les lignes...

« Je ne sais pas poser, mais je sais m’opposer. » Photo RS

Confortablement installée dans son divan rouge – sa couleur préférée et celle qui éclaire son ouvrage – Nadine Khaïrallah Chacar se livre à un exercice bien particulier pour elle: parler, et non pas écouter, comme elle en a l'habitude et la vocation. Souriante, avenante et complice, elle réussit avec brio à inverser les rôles, répondant aux questions sans faux semblants et, évidemment, à l'aide de
charades.

« Même la couverture qui dérange »
Le premier volume de Mots croisés géants et en couleurs, accompagnés de charades est un curieux ouvrage rassemblant, comme son nom l'indique, mots croisés, charades et textes amusants. Plus qu'un manuel ou un simple magazine, il se veut plaisant à lire avec ses grandes cases colorées de rouge et de bleu, informatif et curieux, grâce à quelques petits textes courts et novateurs. Chaque duo de pages effectue une analogie entre les trois types d'exercice et crée un lien. «Pour amuser autrui», lit-on sur la couverture. Mais qui est l'autre? Sans doute les quelques personnes qui le comprendront et sauront apprécier sa valeur. Ce travail, qui a demandé beaucoup d'efforts, est déjà au goût de ses confrères. «L'exercice a été plus difficile que d'écrire deux ou trois livres de psychanalyse», confie-t-elle, car il était important de sortir du travail analytique et de proposer un travail qui lui ressemble. «C'est moi, en tout. Même la couverture qui dérange», s'amuse Nadine Khaïrallah Chacar. Amusement, thérapie, chacun en fera ce qu'il voudra. Mais elle croit fondamentalement que les mots peuvent guérir des maux. «Peut lier à vie» en trois lettres: mot, «quand il est dit et quand il est non dit d'ailleurs». Si celui-ci et les quatre volumes à venir, croustillant de nouveaux exercices, s'adressent aux cruciverbistes de tout âge, l'auteure caresse l'idée de parler aux jeunes avec un nouvel ouvrage.

Pas d'enlisement
«Il faut rire avant d'être heureux de peur de mourir avant d'avoir ri.» C'est avec le sourire que la psychanalyste cite ce proverbe, précisant qu'«il ne faut pas dramatiser les choses de la vie». Elle sait de quoi elle parle, et elle en est une preuve. Son combat contre le cancer ne l'a pas empêchée de continuer à écrire, à réfléchir, à vivre. Et de poursuivre, avec impertinence : «Dans la société libanaise, la femme a beaucoup de devoirs, moi je ne suis pas très douée avec ça!» comme pour souligner l'importance de la liberté, une notion qui l'anime. Celle de l'esprit, celle du cœur, celle qui l'empêche de «s'enliser dans un excès d'obligations sociales». Elle a construit sa vie en suivant ce principe: oser toujours. Ici, dans son pays, comme en France où elle trouve «sa famille intellectuelle.»

Psychanalyse et magie
Nadine Khaïrallah Chacar se définit comme une personne sociable qui aime écouter. Adolescente, lorsqu'elle habitait à Badaro avec ses parents, se souvient-elle, elle s'installait déjà sur le balcon pour tendre l'oreille et répondre aux problèmes des autres qui sortaient de ces séances informelles le sourire aux lèvres, sous le regard interrogateur de son père. «Tu ne sauras jamais ce que je leur ai dit!» lui répondait-elle. Et d'ajouter: «Je sens l'autre. Pour autant, la psychanalyse n'est pas de la magie. Elle ne cherche à changer personne, plutôt à faire mieux accepter ce que l'on est et faire face à nos problèmes. Tout le monde n'est pas candidat à la psychanalyse, cela dépend de ce que chacun peut et veut surtout. Faire sa propre analyse est impossible, ajoute-t-elle en substance, en citant Auguste Comte: «On ne peut se mettre à la fenêtre pour se regarder passer dans la rue.» Néanmoins, «être entourée d'amis psychanalystes peut être un petit cadeau du ciel ». Particulière, elle l'est. Électron libre aussi: «Je ne suis pas de ceux qui admirent un maître», déclare-t-elle. Son ambition et son goût pour l'indépendance sont contagieux. «Je ne suis pas une héroïne», dit-elle en riant. Et pourtant, le monde gagnerait bien à s'entourer de gens comme cette femme aux plusieurs visages.
Une dernière définition pour la route – et c'est à vous de jouer: «Condition sans condition», en neuf lettres.

*Mots croisés géants et en couleurs, accompagnés de charades, disponible en librairie.

Confortablement installée dans son divan rouge – sa couleur préférée et celle qui éclaire son ouvrage – Nadine Khaïrallah Chacar se livre à un exercice bien particulier pour elle: parler, et non pas écouter, comme elle en a l'habitude et la vocation. Souriante, avenante et complice, elle réussit avec brio à inverser les rôles, répondant aux questions sans faux semblants et,...

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