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Moyen Orient et Monde - Conflit

L’Irak et la coalition préparent la campagne de Mossoul

Le président américain Barack Obama entend finir l'opération avant janvier.

Des forces irakiennes à Bagdad se préparant à combattre l’EI à Mossoul, le 21 février dernier. Ahmed Saad/Reuters

Quand le Premier ministre irakien, Haïdar al-Abadi, a déclaré en décembre dernier que l'Irak reprendrait Mossoul, fief de l'organisation État islamique (EI), d'ici à la fin 2016, l'annonce a été accueillie avec scepticisme par ses alliés irakiens et occidentaux.
Moins de sept mois plus tard, l'armée irakienne a repris la plupart des positions du groupe jihadiste dans la province occidentale d'Anbar, et elle avance vers Mossoul, deuxième ville du pays, la plus grande encore sous le contrôle de l'EI en Irak.
La reprise de Fallouja le mois dernier, suivie de celle de la base aérienne de Qayara à 60 kilomètres au sud de Mossoul, ainsi que l'annonce du déploiement de 560 hommes supplémentaires par l'état-major américain entretiennent un élan de reconquête.
« La libération de Mossoul est désormais en vue », a dit jeudi l'émissaire spécial du président américain pour la lutte contre le groupe État islamique, Brett McGurk, ajoutant qu'un calendrier était en cours d'élaboration. Le président américain Barack Obama entend finir l'opération avant janvier. Soutenu par la coalition internationale, le Premier ministre irakien table désormais sur un assaut en octobre, rapportent un diplomate basé à Bagdad ainsi qu'un responsable occidental, qui ont tous deux requis l'anonymat.
Interrogé sur cette date, un porte-parole de Haïdar al-Abadi a maintenu que l'attaque aurait lieu d'ici à la fin de l'année, ajoutant que le calendrier des actions était du ressort des chefs militaires et ne serait pas rendu public. Deux ans après la déroute de l'armée irakienne et la proclamation à Mossoul du califat de l'EI, la reprise de la ville nécessite toutefois des préparatifs importants et certains jugent que l'échéance de la fin 2016 est encore trop ambitieuse.
Mossoul et Tel Afar, autre bastion de l'EI situé à 65 kilomètre à l'ouest, ont été partiellement encerclés par les peshmergas kurdes à l'est, au nord et à l'ouest depuis plusieurs mois. Mais les jihadistes tiennent toujours une zone désertique au sud des deux villes, vaste de 14 000 kilomètres carrés et délimitée par la frontière syrienne à l'ouest, le Tigre à l'est. Les stratèges militaires anticipent que la campagne de Mossoul nécessitera 20 000 à 30 000 hommes. Les forces armées devront partir de Qayara, où sont déjà stationnés 5 000 militaires ainsi qu'une division des services antiterroristes.

Tournant important
Quelques milliers de policiers et 15 000 combattants locaux sont en outre en train de s'organiser en vue d'occuper la ville après l'assaut des forces armées. Des moyens d'artillerie français seront mis à la disposition de l'armée irakienne dès août, a annoncé vendredi le président français François Hollande, tandis que l'état-major américain va probablement demander l'envoi de nouveaux renforts, selon le général Joseph Votel, commandant des forces américaines au Moyen-Orient.
« Bien que Qayara représente un tournant important pour les Irakiens, ils ont encore un long chemin devant eux avant d'atteindre les faubourgs de Mossoul, et ensuite la plus grande difficulté sera d'encercler le sud de Mossoul, a dit une source kurde. Qayara n'est qu'un point dans ce large couloir. » Les forces américaines, qui ont compté jusqu'à 170 000 hommes après l'invasion de l'Irak en 2003, ont échoué à faire cette jonction quand elles combattaient le prédécesseur de l'EI dans la zone, el-Qaëda.
Plusieurs responsables occidentaux jugent que la prise de Mossoul doit s'accompagner d'un plan pour rétablir la sécurité, les services les plus essentiels et une gouvernance, ainsi que des moyens suffisants pour la mettre en œuvre rapidement. Dans le cas contraire, l'opération pourrait répéter les erreurs commises sous George W. Bush, en 2003, lorsque les Américains ont destitué Saddam Hussein sans suffisamment prévoir la suite, jugent-ils. La reconquête de la métropole du nord de l'Irak risque par ailleurs d'entraîner le déplacement et la mort de nombreux civils, et de coûter jusqu'à 1,8 milliard de dollars (1,6 milliard d'euros) en aide humanitaire, estime l'Onu.

Fuir ou combattre
Les forces irakiennes et de la coalition sont susceptibles d'utiliser à Mossoul une technique qui a fait ses preuves lors des récents succès militaires, en associant des frappes aériennes sur le centre de la ville à des attaques sur les défenses de l'EI par l'arrière. Mais le succès de l'assaut sur la ville dépendra pour beaucoup de la réponse des jihadistes. Mossoul, qui abrite encore un million de civils, est un bastion symbolique pour l'EI.
De source sécuritaire kurde, on anticipe que les jihadistes vont « combattre jusqu'à la mort, jusqu'à la dernière balle ». Jusqu'à dix mille membres de l'EI occupent la ville, rapporte cette même source, mais il est probable que ce nombre chute avant la reconquête de Mossoul, selon un porte-parole de la coalition.
Dans un autre scénario éventuel, les jihadistes pourraient fuir en masse et se résigner à perdre la ville pour poursuivre la lutte ailleurs.
Le général américain Sean MacFarland, qui dirige la coalition internationale contre l'EI, estime que les haut responsables et les combattants étrangers de l'organisation pourraient fuir « exactement comme ils ont essayé de le faire à Fallouja, en vain ». Il juge cependant que la présence encore récente du « ministre de la guerre » de l'EI, Abou Omar al-Chichani, dont l'EI a annoncé la mort au sud de Mossoul le 13 juillet, montre que l'EI concentre ses rangs dans la région.

Julie CARRIAT/Reuters

Quand le Premier ministre irakien, Haïdar al-Abadi, a déclaré en décembre dernier que l'Irak reprendrait Mossoul, fief de l'organisation État islamique (EI), d'ici à la fin 2016, l'annonce a été accueillie avec scepticisme par ses alliés irakiens et occidentaux.Moins de sept mois plus tard, l'armée irakienne a repris la plupart des positions du groupe jihadiste dans la province...

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