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Culture - Spectacle

Ils ne parlent pas de tolérance, mais dansent l’humanité

« Entrechaînes », interprété par des malentendants, au théâtre Tournesol ce soir*.

Enchaînés, les cinq danseurs colonisent la scène. Photo C.el-K.

Entrechaînes réunit 5 artistes, dont le chorégraphe Pierre Geagea, sur une scène où les cris sont étouffés et les corps enflammés. Les danseurs passent sous silence leurs différences, au rythme d'une musique entraînante et saccadée.
Le public arrive en masse et s'engouffre dans le hall d'entrée, la foule semble particulièrement silencieuse et très bavarde à la fois. En effet, beaucoup de spectateurs s'expriment au moyen de leur corps. Ayant l'habitude d'entendre parler toutes les langues du monde, dans ce genre de rassemblement, ce soir l'on communique au moyen de la langue la plus universelle: celle des signes. Est-ce un spectacle réservé aux sourds? Faut-il maîtriser ce code gestuel pour comprendre la pièce? Y aura-t-il de la musique?
Le public est confortablement assis au fond des strapontins en velours quand les portes se ferment, les lumières s'éteignent et les baffles résonnent d'une musique douce. Deux danseurs entrent en scène dans un costume qui les travestit en un mélange de Jack Skellington de Tim Burton et du Sans-visage de Hayao Miyazaki. Très vite, les corps reprennent une apparence humaine et les cinq danseurs colonisent la scène. Cette performance, mêlant la danse contemporaine et le langage des signes, prend même des airs de tutting de temps à autre. Le tutting étant une tendance – pas tout à fait nouvelle, mais qui a connu son heure de gloire, notamment sur les réseaux sociaux – qui consiste à danser avec ses doigts. Ce ne sont plus les mouvements qui suivent le son, mais le son qui rattrape les mouvements.
Les baffles crachent des battements de cœur trop rapides qui animent des corps pâteux et ravagés, des corps emprisonnés, rejetés par la société, des corps mis à l'écart, des corps presque étrangers à l'humanité, des corps que le commun des petits hommes rejette parce qu'inconnus ou simplement différents. Une sorte de démence coule dans la salle et le public est embarqué dans ce «dialogue de sourds». Le battement des notes ralentit et les danseurs lèvent le pied, s'alignent face au quatrième mur pour l'abattre et en une série de gestes, s'adressent au public et appellent à la reconnaissance. Une reconnaissance imposée, ordonnée, obligée, suppliée, une reconnaissance tout simplement due ou légitime. Ils ne parlent pas de tolérance, mais dansent l'humanité. L'homme devrait soigner ses allergies avant qu'elles ne s'occupent de mettre un terme à l'humanité.

*Ce samedi 23 juillet à 20h30, au théâtre Tournesol, rond-point Tayouneh.

Entrechaînes réunit 5 artistes, dont le chorégraphe Pierre Geagea, sur une scène où les cris sont étouffés et les corps enflammés. Les danseurs passent sous silence leurs différences, au rythme d'une musique entraînante et saccadée.Le public arrive en masse et s'engouffre dans le hall d'entrée, la foule semble particulièrement silencieuse et très bavarde à la fois. En effet,...

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