Malgré les mesures de sécurité, l'assaillant de Nice a réussi son attaque (d'où le choix du camion, non anodin). Peut-on pour autant juger que ces mesures, et l'état d'urgence, étaient inutiles ?
Ni l'état d'urgence ni Sentinelle n'ont pu empêcher ce qui s'est passé. On sort d'une période remplie d'événements importants qui ont mobilisé la question sécuritaire, comme l'Euro. Le risque existe, mais on ne peut rester dans ce système d'état d'urgence. Aujourd'hui, les forces de police, les militaires sont fatigués parce qu'on les a fait revenir de mission en opérations extérieures (opex) pour les mettre en opérations intérieures (opint) sans leur faire un tour de formation. Donc, ils ne sont plus bons à rien, on ne peut plus les envoyer en opex, parce qu'ils n'ont plus l'entraînement nécessaire. Aussi bien le 13 novembre qu'aujourd'hui, les opérations de type Sentinelle, en pot de fleur ou en mission mobile, ne servent strictement à rien. Elles servent à rassurer la population. Que ce soit le prolongement de l'état d'urgence ou le rappel de réservistes, comme l'a fait le président Hollande jeudi soir, on est simplement dans la posture, on n'est pas dans du sécuritaire réel. On est dans le visuel. On ne veut pas toucher au nœud du problème.
(Diaporama : Un 14 Juillet cauchemardesque à Nice : l'horreur, en images)
La prolongation de l'état d'urgence de trois mois supplémentaires sera-t-elle par conséquent efficace ?
Elle sera inutile. Elle a été suspendue et amorcée en fanfare par le ministre de la Justice parce que le groupe parlementaire avait émis l'idée que prolonger ad vitam aeternam l'état d'urgence amènerait à l'effet inverse de ce qu'est l'état d'urgence. On est aujourd'hui dans une réaction à chaud, épidermique même, à trois heures du matin, quand on décide de prolonger cet état de trois mois.
Mais il faut garder en tête qu'on est face à un problème de police, de sécurité publique. On est au niveau le plus bas des services de sécurité en France. Un type avec un camion a réussi à passer sur une zone qui était censée être interdite à la circulation, avec arrêté municipal, avec note de service du directeur départemental de la sécurité publique. Seulement, pour pouvoir faire respecter ce genre d'interdiction, il faut des hommes, des effectifs.
Le rappel des réservistes signifie qu'on entre réellement dans un état de « guerre ». Si on les appelle, c'est qu'il n'y a plus personne.
(Lire aussi : Une question (parmi d'autres) : comment le camion a-t-il pu entrer sur la Promenade des Anglais ?)
Que peut faire le gouvernement pour que les mesures de sécurité soient plus effectives ? Ou est-ce impossible?
On est dans une navigation à vue. Là, on ne se trouve pas face à un attentat terroriste organisé par un ennemi déclaré, comme l'État islamique (EI), comme ce fut le cas le 13 novembre. On est face à un type qui, il y a quelques jours, s'est levé avec l'idée de faire un carton. On est, pour l'instant en tout cas, face à un « copycat » (imitateur), soit un homme qui n'est autre qu'une petite frappe. On n'a pas (encore) détecté chez lui de phénomène de radicalisation.
Certes, ce pourrait être el-Qaëda, ou Daech, mais je serais plus dans l'analyse de ce qui s'est passé en Floride : le tueur avait été présenté comme un terroriste radicalisé, alors qu'il s'est avéré être homophobe. On ne connaît pas l'auteur de l'attaque (Mohammad Lahouaiej-Bouhlel), mais parce qu'il est tunisien, on va par analogie faire le lien avec des groupes jihadistes.
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Ni l'état d'urgence ni Sentinelle n'ont pu empêcher ce qui s'est passé. On sort d'une période remplie d'événements importants qui ont mobilisé la question sécuritaire, comme l'Euro. Le...
où est "le nœud du problème"????....: un barrage qui n'en était pas un!
11 h 01, le 17 juillet 2016