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Disparus de la guerre civile : S'ils pouvaient témoigner... - Pour préserver l’espoir

« J’ai disparu peu de temps après m’être enrôlé dans l’armée »

Pour que la cause des personnes disparues au Liban ne tombe pas dans l'oubli, l'ONG Act for the Disappeared a lancé le projet « Fus'hat amal »*. Dans ce cadre, nous publions une série de témoignages fictifs qu'auraient apportés des Libanais arrachés à leur milieu familial et social.

Milad Youssef.

Je m'appelle Milad. Je suis né en 1965, à Aïn Majdalain, un village du caza de Jezzine.
Dans ma famille, on disait que j'étais amoureux de ma cousine. Je garderai ce secret pour moi...
J'étais un garçon rieur et je ne prenais pas la vie trop au sérieux. Ma sœur Jeannette était ma meilleure compagne de jeu. Nous passions notre temps à nous chamailler.


Quand les combats nous obligeaient à nous réfugier dans les abris, nous tuions le temps et essayions de surpasser notre peur en jouant aux cartes. Un jour, ayant perdu, j'ai eu la mauvaise idée de lui lancer une pomme qui a atterri sur le haut de sa tête. Le sang a coulé. Cela m'a évidemment valu une punition bien méritée infligée par mon père. Des années plus tard, Jeannette se souvient toujours de ce moment. Dans le miroir, elle regarde avec beaucoup d'émotion la petite cicatrice laissée par l'incident près de son œil.
Cette cicatrice et quelques portraits de moi constituent désormais mes seules traces. Le 30 août 1983, à l'âge de 18 ans, j'ai disparu. Je venais de m'enrôler dans l'armée. J'avais été posté à un barrage près de l'aéroport de Beyrouth. Celui qui mène à Moucharrafieh. C'est là que des hommes armés m'ont kidnappé.
Vendredi dernier, la Croix-Rouge internationale a annoncé la collecte d'ADN des familles des disparus afin de pouvoir identifier les corps des personnes enterrées dans des fosses communes. C'est une initiative très importante, mais qui restera insuffisante tant que les autorités libanaises n'auront pas localisé et exhumé les fosses communes. C'est seulement à ce moment-là que mes proches pourront connaître la vérité sur mon sort et qu'ils pourront visiter la tombe dans laquelle je pourrais enfin reposer en paix.
Mon nom est Milad Youssef, ne laissez pas mon histoire s'interrompre ici.

 

* « Fus'hat amal » est une plateforme numérique qui rassemble les histoires des personnes disparues au Liban. Le projet est financé par le Comité international de la Croix-Rouge, l'Union européenne, le National Endowment for Democracy et la Fondation Robert Bosch.
Des histoires d'autres personnes ayant disparu durant la guerre sont disponibles sur le site web de Fus'hat amal à l'adresse : www.fushatamal.org
Si vous êtes un proche d'une personne disparue, vous pouvez partager son histoire sur le site du projet ou contacter Act for the Disappeared aux 01/443104, 76/933306.

Je m'appelle Milad. Je suis né en 1965, à Aïn Majdalain, un village du caza de Jezzine.Dans ma famille, on disait que j'étais amoureux de ma cousine. Je garderai ce secret pour moi...J'étais un garçon rieur et je ne prenais pas la vie trop au sérieux. Ma sœur Jeannette était ma meilleure compagne de jeu. Nous passions notre temps à nous chamailler.
Quand les combats nous obligeaient à...

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