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Culture - Sculpture / Commémoration

Saloua Rawda Choucair, équilibriste de tous les temps

Saloua Rawda Choucair est une icône (encore une, mais elles se comptent sur les doigts d'une main...) iconoclaste, qui n'a pas peur de modeler les conventions en volutes sensuelles et intriquées.
Née à Beyrouth, la sculptrice participe dans la capitale libanaise, en 1947, à la première exposition d'art abstrait dans le monde arabe. Précurseur, visionnaire, elle demeure longtemps dans l'ombre, avant que son talent n'éclate au grand jour et n'éclabousse l'art libanais et mondial de ses shrapnels de mouvements. À l'occasion de son centenaire, le musée Sursock expose pour quelques jours, sur son esplanade, des sculptures de l'artiste, réalisées dans les années 60, et organise, aujourd'hui vendredi, une célébration de sa vie et de son œuvre.
«Je ne pouvais pas ne pas faire quelque chose pour ses cent ans. J'étais prise d'un désir intense de célébrer», confie sa fille, Hala Choucair, à l'initiative de l'exposition, et qui pense désormais à créer un espace dédié à l'artiste et son héritage. L'art abstrait de Saloua Rawda Choucair est aussi réel que s'il était figuratif; il dépeint simplement une autre réalité, imaginée par l'artiste et faite d'ombres et de répétitions modulées.

Culture iconoclaste
Les trois sculptures présentées au musée Sursock sont des agrandissements d'œuvres réalisées dans les années 1960. «Elle voulait toujours élargir tous ses projets et, surtout, qu'ils soient disséminés dans les grandes capitales arabes», poursuit Hala Choucair. Saloua Rawda Choucair puise son inspiration iconoclaste dans la culture, la poésie et la philosophie islamique. Son art se fait vecteur d'un langage destiné aux peuples arabes. «La culture manque parfois de courage aujourd'hui. Ma mère faisait une confiance aveugle à la capacité de nos traditions à être transposées dans le futur. Pour progresser sans régresser.»
Les courbes de la sculptrice transcendent l'équilibre fragile entre amnistie et amnésie.

Sculptures mouvantes
Aujourd'hui, le ministre de la Culture Rony Arayji remettra une plaque honorifique à l'artiste, et une table ronde modérée par Kirstein Scheid sera organisée afin d'éclairer la place de Saloua Rawda Choucair dans le discours artistique et intellectuel de la région. Seront présents: le critique d'art Samir Sayegh, le directeur du Arab Center of Architecture George Arbid, ainsi que Clare Davies et Reem Fadda. La sculptrice est en dialogue permanent avec la poésie arabe; chacune des œuvres exposées sur l'esplanade présente des éléments de répétitions modulaires, jamais statiques, toujours voluptueuses.
Tout comme un vers, chaque élément additionnel porte un sens, qui enrichit chaque sculpture d'un rythme propre que le spectateur est libre de déconstruire dans un jeu sensuel qui s'étire à l'infini et dépasse le temps. Si Saloua Rawda Choucair est demeurée incomprise si longtemps, ce n'est pas parce que ses œuvres étaient en avance sur son époque, mais peut-être parce que son époque était en retard sur elle. Ses sculptures portent en elles plus de souvenirs que si elles étaient là depuis toujours, et pour cause: Saloua Raouda Choucair semble se souvenir de l'avenir.

* Le centième anniversaire de Saloua Raouda Choucair est organisé en collaboration avec la fondation qui porte son nom. Ce vendredi 24 juin, de 18h à 20h30, sur l'esplanade et à l'auditorium du musée Sursock, rue Sursock, Achrafieh.

Saloua Rawda Choucair est une icône (encore une, mais elles se comptent sur les doigts d'une main...) iconoclaste, qui n'a pas peur de modeler les conventions en volutes sensuelles et intriquées.Née à Beyrouth, la sculptrice participe dans la capitale libanaise, en 1947, à la première exposition d'art abstrait dans le monde arabe. Précurseur, visionnaire, elle demeure longtemps...

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