Ramadan : Cedars 4 Care cuisine pour les plus démunis

À la tombée de la nuit, un peu avant que le coup de canon retentisse dans Beyrouth, le jardin public de Ramlet el-Baïda revêt des airs de fête. À une centaine de mètres de la mer et au milieu de ce parc arboré, des dizaines de tables en plastique sont disposées et couvertes d'assiettes remplies de mets. Quelques personnes y sont déjà installées et attendent le top départ pour rompre le jeûne. Grâce à l'association Cedars 4 Care et aux bénévoles qui les épaulent, les plus démunis peuvent quotidiennement profiter de l'iftar, dans une ambiance chaleureuse.

Nourriture et rencontres
Aujourd'hui, une trentaine de scouts ont fait le déplacement. Ils viennent une fois par semaine et, avec le sourire, arpentent les rangées de tables et distribuent les repas aux familles dans le besoin. Rayan, l'un d'entre eux, a à cœur de « servir la communauté ». Les autres soirs de la semaine, ce sont des étudiants ou des membres de la Croix-Rouge libanaise qui se presseront tour à tour pour assister les bénévoles de Cedars 4 Care. Reconnaissables à leurs tabliers verts, les volontaires de l'organisation s'affairent à leurs tâches respectives avec énergie. Debout devant une immense poêle où frétille un bain d'huile, Mazen Halaouani, quatorze ans de bénévolat à son actif, remue les « brouates », pâtisseries en forme de triangles fourrées aux amandes, en préparation. D'ici à quelques minutes, les 500 âmes présentes pourront les déguster pour le dessert. Pour ce cuisinier d'un soir, « aider les gens pendant ce mois sacré » est important.

À quelques mètres, Nada Kaddoura, membre de Cedars 4 Care depuis plus de dix ans, zigzague entre les tables d'enfants. « Prier et jeûner pendant le ramadan », cela ne lui suffisait plus : elle voulait également apporter son soutien aux plus pauvres à l'occasion de ce mois de don et de générosité. Hassan et Abdelatif, âgés de 9 et 10 ans, sont d'ailleurs « reconnaissants du repas qu'on leur a offert ce soir ». « Leurs sourires, leurs remerciements, c'est la plus belle des récompenses », se réjouit Nada, avant de repartir distribuer les cupcakes offerts par une pâtisserie locale.

Avec les centaines de couverts servis chaque soir dans ce parc, ce sont des pratiquants de divers horizons qui sont amenés à se rencontrer et à échanger. Mohammad Moussa est un réfugié syrien. Père de dix enfants, il reconnaît que « ce n'est pas facile de cuisiner tous les jours pour une si grande famille » et se rend donc ici plusieurs soirs par semaine. À la table à côté de lui, Fatmé, libanaise, porte sur ses genoux deux de ses cinq enfants. Si elle vient ici, c'est évidemment pour les nourrir, tout « étant très cher dans la capitale », mais aussi et surtout pour « trouver du soutien » lorsqu'elle se sent « vraiment seule ». Pas de meilleur lieu pour des rencontres enrichissantes, tant chacun amène avec lui son parcours et son histoire.

Cette diversité se retrouve également chez les bénévoles. Dory Abi Khalil, présent depuis dix ans dans les rangs de Cedars 4 Care, a un profil pour le moins surprenant. Fervent chrétien, la croix au cou, il est ici car « il ne fait pas de différence entre les religions » : il veut aider l'être humain en général. Même si certaines personnes de son entourage s'avouent surprises par son implication, toutes la respectent et la saluent.

Une initiative vieille de vingt ans
Depuis 1998, Cedars 4 Care renouvelle sa bonne action chaque année lors du mois du ramadan. Pendant seize ans, les repas se sont d'abord tenus dans le quartier de Verdun, avant d'être finalement rapatriés dans le jardin de Ramlet el-Baïda il y a deux ans. Mais l'association ne se contente pas des 500 couverts servis ici. Tous les soirs, 400 autres sont distribués en d'autres lieux de Beyrouth, 200 dans les camps palestiniens aux abords de la ville et 100 à Saïda, énumère Bouhaïla Idriss, chargée de « presque tout au sein de l'association ».

Le reste du temps, Cedars 4 Care organise des actions partout sur le territoire libanais. Entre réveillon de Noël, fête du Nouvel An, récolte d'argent pour rénover les maisons des familles dans le besoin et collecte de jouets pour les enfants nécessiteux, l'association n'entend pas abandonner les déshérités et s'attache à leur donner le sourire pendant les douze mois de l'année.

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