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Économie - Numérique

L’écosystème libanais, entre fort potentiel et obstacles récurrents

Deux rapports publiés récemment dressent un tableau optimiste, tout en soulignant la nécessité de surmonter certains handicaps majeurs.

Le secteur des technologies de l’information et de la communication ne pesait encore que 2,8 % du PIB libanais en 2013. Photo Sdecoret/Bigstock

L'intérêt pour l'écosystème technologique libanais ne se dément pas, au vu de la multiplication des investissements et des infrastructures de soutien à l'entrepreneuriat ces dernières années, dans le sillage de la circulaire n° 331 de la Banque du Liban (BDL) de 2013, qui garantit à 75 % les investissements des banques dans l'économie de la connaissance. Près de trois ans plus tard, la Banque mondiale (BM) a inclus dans son dernier rapport sur le Liban un dossier complet sur l'écosystème des start-up, tandis que l'accélérateur libano-britannique UK Lebanon Tech Hub (UKLTH) a publié la semaine dernière une étude sur l'avenir du secteur.

Les deux rapports s'accordent sur les atouts principaux dont dispose le pays : une diaspora importante qui ouvre le Liban aux nouvelles idées et une population qui compte parmi les plus éduquées de la région. Un terreau fertile soutenu et développé par les initiatives de plusieurs institutions, comme la BDL ou des initiatives privées « uniques en leur genre », écrit la BM, qui prend pour exemple le Beirut Digital District (BDD), ouvert dans le centre-ville en 2013 par Berytech : « Le BDD est l'un des plus grands projets immobiliers dédiés aux nouvelles technologies de la région (...). À la différence des parcs technologiques de banlieue, il est construit au cœur de la ville. » Il existe à ce jour 192 start-up au Liban, selon le centre Arabnet.

L'institution internationale note que la progression des start-up technologiques peut permettre, en parallèle, le développement des services proposés par le secteur des technologies de l'information et de la communication (TIC). Leur activité ne représentait que 2,8 % du PIB en 2013, pourcentage qui ne change guère depuis une décennie. Les auteurs des deux rapports sont aussi convaincus du fort potentiel du numérique à créer des emplois qualifiés au Liban. Le UKLTH rapporte qu'il a, à lui seul, créé 138 emplois, et prévoit 25 000 nouveaux emplois dans les TIC d'ici à 2025. Aujourd'hui, 7 000 personnes travaillent dans ce secteur.

Infrastructures obsolètes
Cet optimisme général est tempéré cependant par plusieurs considérations qui inquiètent la BM. Tout d'abord, la piètre qualité des infrastructures télécoms dans le pays et le manque de compétition dans le secteur de la téléphonie mobile. Le taux de pénétration de la téléphonie mobile, à 85 % au Liban en 2014, est « l'un des taux les plus bas de la région », note la BM. Cependant, la baisse des tarifs engagée ces deux dernières années devrait contribuer à réduire ce handicap. En outre, la qualité de l'Internet mobile au Liban est médiocre, avec un débit moyen de 1,8 mégabit par seconde (Mb), tandis qu'il atteint près de 4 Mb en Jordanie et 7 Mb aux Émirats arabes unis.

Autre frein au développement des nouvelles technologies, un environnement qui n'est pas propice aux affaires, notamment à cause de l'instabilité politique, des coupures d'électricité et de la corruption. La BM donne quelques pistes d'amélioration : une campagne marketing pour mettre en avant l'écosystème technologique libanais, rendre possible l'enregistrement d'une entreprise en ligne et la centralisation des procédures pour les start-up. La BM rappelle enfin que l'amélioration de la pénétration du commerce en ligne – qui stagne à 2 % – est nécessaire pour développer l'écosystème numérique.

De son côté, le UKLTH explique que le commerce en ligne est justement l'un des trois sous-secteurs au potentiel de croissance important au Liban. Sans reprendre le pourcentage d'utilisateurs actuels donné par la BM, il indique que cette croissance devrait atteindre « 20 % sur les prochains 5 à 7 ans ». Le UKLTH mise également sur la FinTech, à cause de sa croissance exponentielle dans le monde et de l'importance du secteur bancaire au Liban. Le centre de mentorat recommande également de s'intéresser de près au secteur du « bien-être », qui inclut les innovations liées à la santé et à l'entretien du corps. Bien qu'il ne précise pas son importance actuelle au Liban, il prévoit que le secteur augmente de 8,7 % entre 2014 et 2018 au Moyen-Orient et en Afrique.

En conclusion, le UKLTH propose de créer un « centre national de ressources » ainsi qu'une « fondation de recherche internationale », qui accueillerait des start-up, des incubateurs, des PME, des entreprises à stature internationale, ainsi que des étudiants. « La création de différents systèmes de transfert entre le monde académique et l'industrie ont été essentiels au développement économique dans des pays comme la Lettonie et Israël », note-t-il.

 

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