Les ministres s'écharpent autour du barrage de Janné

Les ministres du gouvernement, réuni jeudi en Conseil des ministres, se sont à nouveau écharpés sur le dossier du barrage hydraulique controversé de Janné, dont l'examen a été reporté à la prochaine séance. L'occasion pour le ministre des Télécoms, Boutros Harb, et le ministre des Affaires étrangères et chef du Courant patriotique libre (CPL), Gebran Bassil, de régler des comptes entre eux après les élections municipales qui se sont achevées dimanche.

Polémique Harb-CPL
"Le gouvernement s'est noyé dans ce barrage et il ne sait pas nager", a déclaré M. Harb à l'issue de la séance du Conseil des ministres, expliquant que ce dernier n'avait pris aucune décision sur le sujet.
Le ministre des Télécoms a cependant révélé que "la localisation du barrage de Janné a été modifiée" dans le projet, ajoutant que l'ancien ministre de l'Energie, à savoir Gebran Bassil, n'a pas donné d'explications sur cette modification et que le titulaire actuel du portefeuille, Artur Nazarian, n'a été notifié qu'aujourd'hui.

Les ministres du CPL n'ont pas tardé à répondre aux propos de M. Harb. 
"Personne ne se dressera contre le barrage de Janné et les travaux se poursuivent", a déclaré M. Bassil, ajoutant qu'une étude vieille de cinq ans avait évoqué ce changement de lieu.
Lors des élections municipales, les deux ministres se sont durement affrontés, notamment à Tannourine, dans le caza de Batroun, où la liste parraînée par M. Harb l'a emporté face à une liste appuyée par le CPL et les Forces Libanaises. Durant la semaine, les deux hommes se sont renvoyés des invectives.

De son côté, le ministre Elias Bou Saab, qui représente aussi le bloc aouniste, a déclaré que "les débats au Liban se déroulent dans le déni". "Le changement de localisation du barrage a été décidé avant que M. Bassil ne devienne ministre de l'Energie", a-t-il indiqué, ajoutant que le chef du gouvernement, Tammam Salam, a demandé que ce dossier soit traité loin des projecteurs. 
Avant la séance du gouvernement, M. Bou Saab avait déclaré que "certains se servent du dossier de Janné pour couvrir des scandales au sein du ministère des Télécoms", dans une allusion claire à Boutros Harb. 

Accusations de corruption
En réponse aux ministres du CPL, le ministre d'Etat pour le Développement administratif, Nabil de Freige, a déclaré que "les travaux du barrage de Janné ne se poursuivront pas car une décision dans ce sens a été prise sur cette question", déplorant que les discussions sur le sujet soient d'ordre politique. "Si le débat avait été abordé d'un point de vue technique, il n'aurait duré qu'un quart d'heure", a-t-il estimé.
Durant la séance, le ministre de l'Environnement, a demandé l'arrêt des travaux à Janné.

Avant la séance du gouvernement, plusieurs ministres s'étaient exprimés sur ce dossier.
"Le barrage est un bienfait pour le pays et il permettra de fournir de l'eau et de l'électricité non seulement pour la région de Jbeil, mais également pour Beyrouth", a déclaré le ministre de l'Agriculture, Akran Chehayeb, membre du PSP du leader druze Walid Joumblatt qui s'est positionné en faveur de la construction de ce barrage.
Artur Nazarian a quant lui déclaré qu'il ne pouvait y avoir d'eau sans barrages, annonçant qu'il tiendrait vendredi une conférence de presse sur le sujet.

Par ailleurs, le ministre de l'Economie, Alain Hakim, a révélé qu'il a commandé une étude environnementale sur les décharges de Bourj Hammoud et du secteur de Costa Brava.