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À La Une - Proche-Orient

Trois Palestiniens exécutés à Gaza, condamnations de l'Onu, de l'UE et d'ONG

Les trois condamnés à mort ont été fusillés dans le secret d'une prison de la ville.

Des policiers affiliés au mouvement Hamas, à Khan Younès, dans la bande de Gaza, le 31 mai 2016. Photo REUTERS/Ibraheem Abu Mustafa

Trois Palestiniens reconnus coupables de meurtre ont été exécutés mardi dans la bande de Gaza contrôlée par le mouvement islamiste Hamas, soulevant les protestations de l'Onu, de l'Union européenne et des défenseurs des droits de l'Homme.

Les trois condamnés à mort ont été fusillés dans le secret d'une prison de la ville de Gaza, selon des responsables de la sécurité du Hamas, alors que le procureur Ismaïl Jaber avait plaidé pour que les criminels de droit commun soient exécutés en place publique, un traitement habituellement réservé aux Palestiniens accusés de collaboration avec l'ennemi israélien.

Le Centre palestinien pour les droits de l'Homme (PCHR) a pour part affirmé que deux des condamnés ont été pendus et le troisième fusillé.

Depuis des jours, plusieurs dirigeants du Hamas faisaient valoir que les familles des victimes appelaient les autorités judiciaires à exécuter treize hommes pour des crimes de droit commun.
Le bureau du procureur général, nommé par le mouvement islamiste au pouvoir à Gaza depuis son coup de force en 2007, a laissé entendre que les dix autres pourraient être exécutés prochainement.
"Mettre à exécution toutes les décisions judiciaires est un devoir légal pour protéger la société", a prévenu son bureau dans un communiqué en affirmant que "toutes les étapes juridiques" et les "garanties légales des accusés ont été respectées".

 

(Lire aussi : Gaza pourrait devenir "invivable d'ici 2020")

 

'Exécutions extra-judiciaires'
Des assurances qui n'ont pas convaincu les défenseurs des droits de l'Homme.
Le porte-parole du Haut commissariat de l'Onu aux droits de l'Homme Rupert Colville a condamné la mise à exécution des peines capitales alors même qu'il existe "des inquiétudes graves et largement partagées sur le fait que les standards du procès équitable n'ont pas été respectés".

La mission de l'Union européenne (UE) à Jérusalem et Ramallah a également condamné ces exécutions, qualifiant la peine capitale de "cruelle et inhumaine, et qui a échoué à empêcher des conduites criminelles". L'UE a appelé les "autorités de facto (dans la bande de Gaza) à s'abstenir de se livrer à de nouvelles exécutions".
Pour l'ONG Human Rights Watch, "la torture et la contrainte sont habituelles dans le système judiciaire" de Gaza.
Amnesty International a accusé les autorités d'avoir "essayé de justifier ces exécutions en expliquant qu'elles dissuadaient les criminels. Au lieu d'exécuter des gens, elles devraient promouvoir la justice et mener des enquêtes indépendantes sur les abus perpétrés par ses propres forces".

Le PCHR, l'une des organisations les plus actives dans les Territoires occupés basée à Gaza, a quant à lui dénoncé des "exécutions extra-judiciaires" et appelé à ce que "ceux qui ont ordonné et exécuté la sentence rendent des comptes".

Car, une fois de plus depuis qu'il a pris le pouvoir à Gaza, le Hamas s'est affranchi de l'accord, indispensable légalement, du président Mahmoud Abbas, basé en Cisjordanie occupée et à couteaux tirés avec le mouvement islamiste.

Les dernières exécutions publiques à Gaza remontent à 2014, en pleine guerre avec Israël, lorsque des hommes du Hamas avaient fusillé six hommes devant la principale mosquée de la ville de Gaza.

 

(Pour mémoire : Le Hamas dit ne pas vouloir la guerre, mais la peur règne à Gaza)

 

Criminalité, phénomène préoccupant
Pour la directrice de HRW pour Israël et les Territoires palestiniens, Sari Bashi, si les autorités du Hamas sont passées outre les procédures légales, c'est qu'elles cherchent à "montrer qu'elles agissent face à la montée de la criminalité".

Ce phénomène, devenu une préoccupation de premier plan chez les Gazaouis, est dû, selon les spécialistes, en grande partie au taux de chômage, l'un des plus élevés au monde, et au fait que les jeunes peinent à entrevoir un avenir dans un territoire détruit par des guerres à répétition et soumis depuis dix ans un sévère blocus israélien.

Les défenseurs des droits de l'Homme appellent régulièrement les Palestiniens à abroger la loi qui prévoit la peine capitale pour les collaborateurs, les meurtriers et les trafiquants de drogue. Mais leur campagne rencontre peu de soutien dans les Territoires occupés.

Selon le PCHR, plus de 170 Palestiniens ont été condamnés à mort depuis la création en 1994 de l'Autorité palestinienne. Une trentaine ont été exécutés, en grande majorité à Gaza. Les deux tiers sans l'accord de M. Abbas.

 

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