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Culture - Rencontre

Francesca Dego : C’est si bon de faire de la musique à Beyrouth !

Une histoire d'amour entre Francesca Dego – une violoniste défiant les fuseaux horaires tant sa carrière est trépidante – et Beyrouth. Après al-Bustan et Beirut Chants, quatrième passage au pays du Cèdre pour la première Italienne lauréate de la compétition Paganini. Pour un concert unique, ce soir, à l'Université antonine*, accompagnée au piano par Francesca Leonardi.

Deux Francesca valent mieux qu’une seule : à gauche Francesca Leonardi, pianiste ; à droite, Francesca Dego, violoniste.

Trente-cinq ans, de l'allure, de la prestance et surtout un talent fou. Celui de faire chavirer le cœur de son public. Au son ensorceleur d'un violon littéralement « paganinien ». Rarement violon a eu autant de complicité sous des doigts magiciens et rarement archet a autant envoûté l'auditoire et habité les partitions interprétées.
À défaut de rencontrer Francesca Dego, toujours entre deux avions, deux salles de concert et deux mégalopoles (elle arrive tout juste de Londres), dialogue, à la sauvette et en notes légèrement ébouriffées, par courrier électronique interposé.

Pour la quatrième fois retour au Liban pour jouer du violon. Y a-t-il une histoire d'amour entre vous et Beyrouth ?
Je me sens incroyablement privilégiée d'avoir l'amour et l'écoute du public libanais et de revenir si souvent à ce pays débordant de culture. Et c'est toujours bon de faire de la musique ici...

Quelle impression quand on est la première femme italienne lauréate de la compétition Paganini ? Y en a-t-il eu d'autres ?
J'ai été la première femme italienne à décrocher le prix Paganini depuis Bice Antonioni en 1961 et c'était un point de départ pour ma carrière. Mais le plus célèbre lauréat de ce prix était Salvatore Accardo qui était mon professeur depuis de longues années et qui m'a transmis, surtout, son amour pour le prodigieux compositeur...

Paganini est une de vos idoles pour le violon ? Quels sont les compositeurs qui vous font chavirer ? Sont-ils ceux qui ont donné surtout voix au violon ?
Paganini a une place importante dans ma vie et demeure un symbole du violon car les techniques qu'il a apportées sont incroyables et exceptionnelles. Mais il y a aussi Antonio Vivaldi qui compte pour moi ainsi que Bach et ses sonates pour solo de violon. Un autre merveilleux compositeur pour violon était aussi Eugène Ysaye, dont je jouerai une œuvre au concert de ce soir. Mais je dois avouer que j'ai un faible pour le répertoire romantique avec violon et orchestre. Et je nomme les concertos de Brahms, Mendelssohn, Tchaïkovski et bien sûr Beethoven. Beethoven dont je viens d'enregistrer les sonates pour violon, avec Francesca Leonardi chez Deutsche Gramophone. Je suis aussi très amoureuse des compositeurs russes du XXe siècle, notamment Chostakovitch.

Dans le rythme effréné de votre carrière, quels sont les moments de relaxation et de ressourcement ? Où puiser la force de vivre de concert en concert ? Avez-vous jamais calculé le nombre de ces concerts ?
Je n'ai jamais calculé mes concerts mais depuis un certain temps, c'est aux alentours de 70 par année. C'est incroyablement fatigant. Surtout de voyager de pays en pays et d'avoir à donner des concerts le même jour ! J'essaye de dormir autant que je peux mais souvent le temps manque. Le truc est de connaître ses propres limites et ne pas les dépasser. Un autre point important : le régime. Savoir quoi manger. Et là je fais très attention car ce n'est pas facile de trouver partout une nourriture saine. Ce n'est pas le cas au Liban. La cuisine libanaise est absolument une de mes favorites. J'aime beaucoup lire quand je voyage. Quand je suis libre, j'aime être avec mon mari qui est chef d'orchestre et dont le planning est aussi surchargé que le mien. À part voir des amis et des films, j'aime surtout être aux bords du lac de Côme où j'ai grandi...

Quel est votre violoniste préféré ?
En terme du passé, définitivement David Oistrakh. Actuellement, Shomo Mintz et surtout Salvatore Accardo. Pour ce qui est de la nouvelle génération, la violoniste hollandaise Janine Jansen.

Quel lieu vous a le plus impressionnée pour mieux vivre au rythme de votre archet ?
Probablement le Concerto n°1 de Chostakovitch, spécialement le second mouvement. L'élément rythmique y est vraiment important et électrisant.

Un dernier mot au public libanais ?
Venir et savourer la musique. Il y a un beau répertoire et on jouera surtout la Sonate n° 10 de Beethoven, une de ses dernières œuvres et les plus intéressantes, je crois ! Et on termine le concert avec la fantastique pièce Tzigane de Ravel, un véritable feu d'artifice...

*La violoniste Francesca Dego, qui joue sur un violon Cremona 1697 ainsi que sur l'ex-Ricci Guarneri (1734), sera accompagnée au piano par Francesca Leonardi. Dans le cadre de la saison de Musique de chambre de l'Université antonine, ce samedi soir, à 20h, seront interprétées des pages de Beethoven, Chopin, Ysaye et Ravel.

Trente-cinq ans, de l'allure, de la prestance et surtout un talent fou. Celui de faire chavirer le cœur de son public. Au son ensorceleur d'un violon littéralement « paganinien ». Rarement violon a eu autant de complicité sous des doigts magiciens et rarement archet a autant envoûté l'auditoire et habité les partitions interprétées.À défaut de rencontrer Francesca Dego, toujours...

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