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Campus - Colloque

Comment prévenir la radicalisation des jeunes

En partenariat avec l'ambassade du Canada, la faculté d'information et de communication de
l'Université antonine a accueilli le 5 mai le deuxième volet d'un colloque interdisciplinaire intitulé « Terrorisme : prévention de la radicalisation ».

À l’université antonine s’est tenu un colloque se voulant une réflexion interdisciplinaire qui visait à mieux comprendre le phénomène de radicalisation afin de mieux le combattre.

Pour le Dr Joseph Moukarzel, à l'initiative de la deuxième journée d'un colloque interdisciplinaire intitulé « Terrorisme : prévention de la radicalisation » en sa qualité de doyen de la faculté d'information et de communication de l'Université antonine (UA), il faut rejeter la vision manichéenne qui tend à diaboliser les terroristes : « Ce ne sont pas des fous : ce sont des jeunes qui pourraient être nos frères, nos sœurs, nos enfants. » S'inscrivant dans la continuité d'une première journée qui s'était tenue sur ce thème en mars 2015, ce colloque, qui réunit les mêmes intervenants (à l'exception du Dr Moussalli), se veut une réflexion interdisciplinaire visant à mieux comprendre le phénomène de radicalisation afin de mieux le combattre.
Poursuivant dans le sens du Dr Moukarzel, le Dr Sami Richa déconstruit le stéréotype du terroriste « malade mental ». À contre-pied de cette image de bourreaux sanguinaires, il propose de voir en ceux qui commettent les attentats... des victimes. « Le profil le plus répandu est celui du jeune fragile, facilement endoctriné », explique le professeur à l'USJ, responsable du service psychiatrique à l'Hôtel-Dieu. « Neuroplasticité » de l'adolescence, faible engagement social, « quête des sens » ou encore manque de repères culturels en font en effet la cible privilégiée de « prédateurs » radicaux, qui s'efforcent de mettre en place des mécanismes cognitifs (segmentation des croyances pour un endoctrinement progressif, isolement intellectuel, discours totalisant) et émotionnels (accueil chaleureux au sein du groupe qui offre à l'initié une « seconde chance » dans la vie). « Ce n'est donc pas l'islam qui est en cause », note le Dr Richa, mais plutôt ces bouleversements aussi bien cérébraux que sociétaux qu'Internet ne fait qu'accentuer. Avant cela, l'approche politique du Dr Ahmad Moussalli de l'AUB sur le takfirisme – mouvement « schizophrène » qui a fait siens les outils de cette mondialisation qu'il combat – était parvenue à une conclusion finalement similaire : « Quand l'État périclite, l'islamisme gagne du terrain. »

Impliquer la communauté
Invité de ce colloque organisé en partenariat avec l'ambassade du Canada, le Pr Jocelyn Bélanger, de l'Université du Québec à Montréal, livre les résultats du centre de déradicalisation qu'il a fondé l'an passé – le premier en Amérique du Nord – mais également de ses recherches, réalisées notamment auprès d'un groupe de Tigres tamouls. « C'est le discours qu'il faut rejeter et non la personne », explique-t-il, sans quoi on ne fait que pousser cette dernière vers un repli sur soi dont on a vu le résultat. Le psychologue distingue la méthode explicite, via un dialogue avec des imams ou d'autres autorités compétentes, de celle, implicite, qui consiste à fournir à l'individu des « moyens alternatifs » de s'accomplir, en s'appuyant si possible sur le rôle central de la famille. Les chiffres sont éloquents : dans le cas des Tigres tamouls, quatre ans plus tard, le taux de récidivisme reste nul. La clef de ce succès ? Impliquer un maximum de partenaires locaux dans chaque étape – prévention, suivi psychosocial et réinsertion professionnelle –
du processus, qui s'appuie également sur des outils efficaces : la TREV (Trousse de renseignements sur l'extrémisme violent), à destination des parents et professeurs, ou encore la mise en place d'une assistance téléphonique locale qui aurait déjà permis de déjouer neuf attentats. Dans son approche sécuritaire, le colonel Youssef Chidiac met, quant à lui, en avant le cas du Akkar, région délaissée où l'armée présente néanmoins un bilan positif dans la lutte contre le terrorisme, grâce à une politique consistant à intégrer dans ses rangs un certain nombre de natifs de la région.
Intervenant en marge du débat, une experte en lutte contre les fraudes bancaires et le blanchiment d'argent, une journaliste militante ou encore le député Ghassan Moukheiber, qui préside à la commission des droits de l'homme, ont complété avec plus ou moins d'à-propos cette approche pluridisciplinaire. Tous s'accordent en tout cas sur une chose : la lutte contre le terrorisme sera longue et passe nécessairement par une restauration du « vivre-ensemble » et des valeurs communes de la société.

Pour le Dr Joseph Moukarzel, à l'initiative de la deuxième journée d'un colloque interdisciplinaire intitulé « Terrorisme : prévention de la radicalisation » en sa qualité de doyen de la faculté d'information et de communication de l'Université antonine (UA), il faut rejeter la vision manichéenne qui tend à diaboliser les terroristes : « Ce ne sont pas des fous : ce...

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