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À La Une - Liban

Municipales : A l'origine du retard dans la publication des résultats officiels, un manque de préparation grave

Ali Mourad, maître de conférences en droit public à l'Université arabe de Beyrouth et membre du conseil d'administration de l'Association libanaise pour la démocratie des élections (Lade), et une source anonyme au sein du ministère de l'Intérieur décryptent la situation à L'Orient-Le Jour.

Mardi 10 mai 2016 à 17h00, les résultats officiels des municipales à Beyrouth n'étaient toujours pas affichés sur le site du ministère de l'Intérieur. Photo Danielle Khayat

Alors que les deux principales listes rivales aux municipales de Beyrouth, "Les Beyrouthins" et "Beyrouth Madinati", ont commencé, dès lundi soir, à annoncer leurs propres résultats et à tirer les leçons du scrutin, les chiffres officiels, que le ministère de l'Intérieur est censé publier, relatifs au scrutin dans la capitale n'ont été publiés que mardi en fin d'après-midi. Des résultats toutefois toujours incomplets puisque les scores des perdants n'y figurent pas. Pour d'autres municipalités, les noms des vainqueurs ont été donnés sans score chiffré. 

Ce retard agace de nombreux Libanais et suscite de nombreuses questions.

Ali Mourad, maître de conférences en droit public à l'Université arabe de Beyrouth et membre du conseil d'administration de l'Association libanaise pour la démocratie des élections (Lade), et une source au sein du ministère de l'Intérieur, qui a souhaité rester anonyme, décryptent la situation à L'Orient-Le Jour.

 

Pourquoi les résultats officiels complets tardent tant à être publiés?

"Le facteur principal derrière ce retard est d'ordre organisationnel, et relève d'un manque de préparation de la part du ministère de l'Intérieur. Apparemment, les présidents des bureaux de vote n'ont pas suivi de formations convenables. On leur a distribué des CD en guise de préparation, sans aborder les détails du processus", explique M. Mourad.

"Ce manque de formation s'est traduit par de nombreuses erreurs au niveau du décompte des voix, obligeant ainsi la haute commission en charge du dépouillement des bulletins (présidée par des juges) à recompter les voix à plusieurs reprises", poursuit-il. "60% des bulletins de vote à Beyrouth ont dû être recomptés, souvent à la demande des délégués des différentes listes. Les juges en charge ont souvent travaillé durant plus de 24h afin de vérifier les résultats. Il faut garder à l'esprit qu'il y avait 95 candidats aux municipales de Beyrouth et environ 92.000 votants, ce qui représente un travail considérable pour la haute commission", ajoute M. Mourad.

Il souligne que "les erreurs au niveau du décompte n'étaient, de manière générale, pas intentionnelles". "Elles sont le résultat d'un manque de professionnalisme. Nous n'avons pas pu déceler de manipulation volontaire des résultats jusqu'à présent", souligne l'expert de la Lade. "A titre d'exemple, un président de bureau de vote s'est trompé sur le nombre de "0" dans certains chiffres au moment du décompte. Des erreurs de ce genre, même involontaires, ont évidemment un impact sur les résultats finaux", explique-t-il, avant de souligner que "les informations qui circulent sur les réseaux sociaux et qui font état de falsification et manipulation sont exagérées".

 

(Lire aussi : Municipales : la Lade dénombre 647 infractions durant le premier jour)

 

"Le ministère ne se mêle pas du décompte des voix"

Pointé du doigt pour ne pas avoir affiché les résultats définitifs complets, le ministère de l'Intérieur se défend : "Le ministère ne se mêle pas du décompte des voix. C'est la haute commission du décompte des voix, présidée par des juges et dépendante du ministère de la Justice, qui contrôle ce processus", explique une source au sein du ministère de l'Intérieur, qui a requis l'anonymat. "Cette commission nous envoie ensuite ses résultats, et en tant que ministère de l'Intérieur, nous ne faisons que les annoncer", précise la source.

"Nous avons demandé à la haute commission pourquoi les résultats accusent du retard, mais elle n'a pas fait suite à notre demande. En tout cas c'est son droit, car c'est une commission indépendante", ajoute la source.

"Concernant les résultats officiels où ne figurent pas le nombre de voix (le ministère a publié des noms de vainqueurs sans score, ndlr), la source explique enfin que c'est aux mouhafazats de fournir ces chiffres. "Si elles le font, nous les publions immédiatement", conclut-elle.

A titre comparatif, Ali Mourad rappelle que durant le précédent scrutin de 2010, l'organisation était "de loin meilleure". "Les élections législatives de 2009 avaient peut-être facilité la préparation au scrutin", estime-t-il.

Commentant les résultats officieux rendus publiques par les différents candidats en lice, l'expert de la Lade rappelle que "les formations ont toutes l'habitude de publier leurs propres résultats, sans attendre ceux du ministère. Elles s'impatientent évidemment aujourd'hui face au retard. En tout cas, il n'existe pas de dispositions légales qui interdisent aux formations de publier leurs propres résultats".

 

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commentaires (2)

N'est-ce pas plutôt à cause d'un grave chipotage !

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

19 h 18, le 10 mai 2016

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Commentaires (2)

  • N'est-ce pas plutôt à cause d'un grave chipotage !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    19 h 18, le 10 mai 2016

  • QUE NE VA-T-ON PAS ENTENDRE ENCORE !!!!!!!!!!!!!

    LA LIBRE EXPRESSION

    18 h 52, le 10 mai 2016

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