Au lendemain du premier jour des élections municipales qui se sont tenues à Beyrouth et dans la Békaa, et alors que les premiers résultats se dégagent, la presse libanaise semble divisée quant aux conclusions à tirer de ce scrutin. Certains titres se contentent d'une manchette factuelle, d'autres soulignent le taux élevé d'abstention, ou tirent des conclusions quant aux élections législatives qui se font toujours attendre.
Selon les premiers résultats non officiels, la "Liste des Beyrouthins", parrainée notamment par le chef du Courant du Futur, Saad Hariri, et les principales formations chrétiennes, a remporté la bataille dans la capitale, malgré un panachage dans certains secteurs, en faveur de la liste "Beyrouth Madinati", menée par des activistes qui se présentent comme non affiliés aux partis politiques. A Zahlé, il semble que la liste soutenue par les partis politique ait emporté la victoire. A Baalbeck-Hermel, c'est sans surprise que le tandem chiite Hezbollah-Amal est donné gagnant, toujours selon les résultats non officiels.
Ci-dessous, une revue de presse des principaux journaux libanais.
"Les Libanais ont dit +oui+ aux élections et +non+ au blocage et au report", titre an-Nahar, proche de la coalition du 14 Mars dont fait partie M. Hariri. Pourtant, le taux d'abstention durant le scrutin de 2016 à Beyrouth a dépassé celui de 2010. Seuls 20,14% des 467.021 électeurs inscrits se sont rendus aux urnes pour élire 24 nouveaux membres du conseil municipal, parmi les 95 candidats, ainsi que 108 moukhtars parmi 211 candidats. Six ans plus tôt, ils étaient 21% dans la capitale. Dans la Békaa, les chiffres sont plus encourageants : 45% des Libanais et Libanaises inscrits sur les listes électorales ont accompli leur devoir.
"Malgré tout ce qui se dit, la première étape du scrutin municipal peut constituer la clé vers d'autres échéances en suspens, en priorité la présidentielle et les législatives", écrit le quotidien, affirmant que les "prétextes de report des élections législatives ne tiennent plus la route". An-Nahar estime toutefois que cet "optimisme s'évapore en comprenant que la classe politique au pouvoir a organisé ce scrutin afin de réduire la tension, (...) sans que celui-ci ne modifie l'équilibre des forces".
Les députés ont renouvelé leur mandat par deux fois, depuis l'expiration de celui-ci en 2009. Le pays est également sans chef d’État depuis le 25 mai 2014.
L'éditorialiste Rosana Bou Monsef parle d'un "renouvellement de la confiance par le bas", en référence aux partisans des formations politiques qui ont voté pour leurs leaders. Elle insiste à ce sujet sur le Hezbollah qui, par la voix de son secrétaire général, Hassan Nasrallah, a confirmé deux jours plus tôt sa "participation au processus électoral".
(Lire aussi : Ils votent pour le changement, pour les grandes familles, ou sans illusion : paroles d'électeurs, de Beyrouth à Zahlé)
As-Safir, quotidien favorable au Hezbollah, fait également le lien avec les législatives : "Les Libanais votent aux municipales : le prétexte du report (des législatives) n'est plus valable", peut-on lire en Une du journal. "Hier est tombé le mythe entretenu par la classe politique, selon lequel il est impossible d'organiser des élections à l'ombre de la situation sécuritaire locale et régionale (...)", affirme le quotidien. Toutefois, pour l'éditorialiste Nabil Haytham, le taux d'abstention élevé "reflète le dégoût des gens".
"Municipales 2016 : indifférence ou capitulation ?", s'interroge pour sa part al-Akhbar. Pour ce quotidien pro-Hezbollah, "Hariri a gagné une municipalité, mais a perdu l'assise populaire". Commentant les premiers résultats non officiels à Zahlé qui donnent favori la liste des partis chrétiens, présidée par Assaad Zogheib, al-Akhbar constate que "les partis encerclent les familles", en référence aux familles traditionnelles Skaff et Fattouche, qui semblent, chacune, avoir perdu la bataille. Au Hermel, le journal souligne que malgré la victoire attendue du tandem chiite Hezbollah-Amal, la base populaire n'a en "grande partie" pas voté pour Hussein Taha, président actuel de la fédération des municipalités de Hermel, allant ainsi contre les directives de leur parti.
"Victoire des +Beyrouthins+, du +développement pour Zahlé+ et du tandem chiite", titre pour sa part al-Joumhouria. Pour l'éditorialiste Johnny Mnayyar, "après les municipales, des développements politiques enflammés au Liban" vont avoir lieu. "Le premier développement concerne la présidentielle", affirme-t-il, arguant que le tandem chrétien (Forces libanaises et Courant patriotique libre) voudra exploiter les résultats des municipales afin de défendre ses options au niveau de la magistrature suprême. Le deuxième se situe pour M. Mnayyar au niveau d'une nouvelle loi électorale pour les législatives.
"La voix de Beyrouth aux "Beyrouthins", titre enfin le quotidien al-Moustaqbal, organe de presse du Courant du Futur, en allusion à la victoire de cette formation, selon les premiers résultats. D'après ses chiffres, qui contredisent ceux du ministère de l'Intérieur, le taux de participation a surpassé celui du scrutin de 2010. Le journal salue ainsi les "habitants de Beyrouth qui ne se sont pas dérobés à leur devoir d'électeurs".
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QUE VOIT-ON A LA LOUPE ? SANDOU2 IL FIRGE !!!!
14 h 51, le 09 mai 2016