Rechercher
Rechercher

Économie - Marchés publics

Riyad lève ses sanctions contre Binladen Group

Écarté des appels d'offres publics depuis l'accident de la Grande Mosquée de la Mecque, en septembre, le géant saoudien du BTP connaît des difficultés financières pouvant impacter la situation économique et sociale du royaume.

Selon les médias saoudiens, Binladen Group avait déjà licencié environ 77 000 ouvriers étrangers. Mahmoud Mahmoud/AFP

Les autorités saoudiennes ont autorisé le géant de la construction Binladen Group à participer à nouveau aux appels d'offres concernant des projets publics dans le royaume, selon des informations publiées hier par le quotidien saoudien al-Watan et l'agence Reuters. Cette mesure, décidée mardi soir par décret royal selon al-Watan, est de nature à réduire les difficultés financières du groupe, qui s'est retrouvé dans la ligne de mire des autorités après l'effondrement d'une grue, le 11 septembre 2015, sur l'enceinte de la Grande Mosquée de La Mecque, qui avait coûté la vie à plusieurs centaines de personnes. Quatre jours après l'accident, le roi Salmane avait suspendu la compagnie de futurs contrats publics et interdit à ses dirigeants de quitter le pays en attendant que la justice se prononce.

Si le décret de mardi annule ces sanctions, la question d'un éventuel abandon des poursuites contre Binladen Group reste en suspens, Reuters n'ayant pas réussi à joindre les officiels en charge de ce dossier.
Selon le porte-parole de l'aviation civile, Abdallah al-Harif, cité par al-Watan, l'annulation des sanctions devrait relancer un projet de plusieurs milliards de dollars à l'aéroport international du Roi-Abdelaziz à Djeddah.

« La famille royale pense clairement que Binladen Group est trop importante pour la laisser couler. Si elle veut que son plan de vision 2030 réussisse, il faut que les grandes entreprises privées prospèrent aussi », explique à L'Orient-Le Jour Bruce Riedel, du think-tank américain Brookings Institution. Le plan « vision à l'horizon 2030 », présenté fin avril par le ministre de la Défense et vice-prince héritier du royaume d'Arabie saoudite, Mohammad ben Salmane, est un important plan de réforme social et économique qui prévoit la fin de la dépendance au pétrole du royaume. La chute des revenus pétroliers depuis un peu moins de deux ans a rendu la situation économique et financière du royaume intenable à long terme et a eu un impact non négligeable sur de nombreuses entreprises saoudiennes.


(Pour mémoire : BinLaden Group : un géant dans le collimateur de Riyad)

 

« La carte des employés saoudiens »
Binladen Group n'a jamais confirmé ses difficultés financières, mais sa dette envers des banques saoudiennes et internationales atteindrait environ 30 milliards de dollars, selon Reuters, qui cite des banquiers du Golfe.
Selon le journaliste britannique indépendant Bill Law, les problèmes de l'entreprise remontent à l'année dernière, lorsque Mohammad ben Salmane a décidé de geler l'argent public alloué aux entreprises privées, dont les géants du BTP. « Il s'était rendu compte que cette somme dépassait un billion de dollars dont la grande majorité ne résultaient même pas de contrats. Du jour au lendemain, Binladen a manqué de liquidités. Voyant que Salmane ne changerait pas d'avis, ils ont annoncé des licenciements, ce qui nuit à l'image de l'Arabie saoudite », indique-t-il à L'Orient-Le Jour. Sur 200 000 employés en 2015 – selon la page Linkedin de l'entreprise –, 77 000 ouvriers étrangers ont été licenciés, rapportaient ces derniers jours les médias du royaume.

« Mais Binladen a surtout joué sur la carte des employés saoudiens : il y a donc eu un accord avec le gouvernement pour ne pas les licencier en échange de nouveaux projets publics d'ici à quelques mois », confie à L'Orient-Le Jour, sous couvert d'anonymat, un cadre travaillant dans le BTP en Arabie saoudite. Lundi, al-Watan avait cité un responsable anonyme au sein de l'entreprise qui indiquait que la vague de licenciements pourrait toucher quelque « 12 000 des 17 000 (employés) Saoudiens ».

 

Lire aussi
Riyad veut régler la question des salaires impayés chez Binladen Group

Saudi Oger : après les retards de paiement, les licenciements ?

Les autorités saoudiennes ont autorisé le géant de la construction Binladen Group à participer à nouveau aux appels d'offres concernant des projets publics dans le royaume, selon des informations publiées hier par le quotidien saoudien al-Watan et l'agence Reuters. Cette mesure, décidée mardi soir par décret royal selon al-Watan, est de nature à réduire les difficultés...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut