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Lifestyle - La mode

Le Met Gala à l’heure de la technologie

C'est l'événement new-yorkais le plus attendu de l'année. Depuis sa création, en 1948, le gala de l'institut du costume du Metropolitan Museum de New York se donne le premier lundi de mai. Il signe l'ouverture de l'exposition annuelle de ce musée du vêtement. Depuis 1995, c'est Anna Wintour, la célèbre rédactrice en chef de « Vogue US » et directrice artistique des éditions Condé Nast, qui en orchestre les moindres détails.

Anna Wintour en Chanel haute couture au gala du Met.

Si le thème 2015 de l'exposition annuelle du Costume Institute portait sur l'apport de la Chine à l'esthétique occidentale, celui de 2016 porte sur l'association de la main et de la machine, et la mode à l'âge de la technologie. Seuls les quelque 600 invités du Met Gala ont pu découvrir en avant-première ce que réserve l'exposition Manus x Machina: Fashion in an Age of Technology. Comme chaque année à la même époque, les boîtes email des rédactions de mode s'emballent et saturent au rythme des photos qui commencent à pleuvoir dès la première heure, postées par les plus zélés des chargés de communication des maisons « invitées » au prestigieux dîner. Car ce n'est pas tout de payer sa place entre 25 000 et 50 000$, ce n'est pas tout de pouvoir réserver une table à partir de 275 000$, encore faut-il que la présidente de l'événement, Anna Wintour, ait au préalable donné son autorisation et donné son accord sur la liste de vos convives. Les mauvaises langues disent même qu'elle a la haute main sur ces derniers et peut imposer les siens à sa convenance, décidant de placer tel jeune espoir encore inconnu à la table d'une star de la haute couture et du prêt-à-porter. Naturellement, les fonds collectés à l'issue de cet événement, systématiquement autofinancé, vont au Costume Institute et à sa fabuleuse exposition annuelle. Plus de 12 millions de dollars ont été levés en 2015. Un chiffre auprès duquel les autres événements caritatifs new-yorkais dont les levées de fonds plafonnent autour de 5 millions font pale figure. En dehors des chiffres, tout le monde sait par ailleurs que le gala du Met est avant tout une consécration annuelle de l'omnipuissance d'Anna Wintour dans l'univers de la mode et à travers elle de la position leader de Vogue et des éditions Condé Nast.

Une histoire qui remonte à 1948
Le gala du Met a été initié en 1948 par la publicitaire Eleanor Lambert. À cette époque, dans une Amérique conservatrice préfigurant l'avènement du maccarthysme, il s'agissait d'un sage dîner de notables où l'on finançait « entre soi » un fleuron de l'art new-yorkais. Ce n'est qu'en 1983, en ouverture de l'exposition Yves Saint Laurent, que Diana Vreeland, alors consultante du Costume Institute, a commencé à introduire dans ce cercle fermé des personnalités plus voyantes et nettement plus audacieuses. Anna Wintour, rédactrice en chef de Vogue depuis 1988, ne fait son apparition en tant qu'hôtesse du Met Gala qu'en 1995. L'année suivante lui succède Elizabeth Tilberis, nouvelle rédactrice en chef du Harper's Bazar. Les deux femmes se toisent et se surveillent. L'année Tilberis est marquée par l'apparition au gala de la princesse Diana en John Galliano pour Christian Dior. En effet, Bernard Arnault, sponsor de cette édition, vient d'engager l'audacieux styliste et voit dans le gala du Met une occasion idéale de conforter l'image de la maison Dior non seulement à New York, mais l'écho faisant son chemin, dans le reste du monde. On imagine le dépit d'Anna Wintour, mais les jeux sont loin d'être faits. En 1999, Liz Tilberis meurt d'un cancer et c'est l'occasion pour la rédactrice en chef de Vogue de reprendre la main, cette fois « pour toujours ». C'est l'époque où les tops, en couverture de Vogue, laissent place aux « vraies » personnes, soit des actrices, des chanteuses, des artistes qui font autre chose dans la vie que simplement porter des robes. Ce sont elles qu'Anna Wintour autorise à payer leurs places 25 000$ pour être vues sur cette plateforme désormais assimilée à une base de lancement de la Nasa. Aussitôt photographiées, aussitôt propulsées, célébrées, commentées pour le reste de l'année.

Le cru 2016
Lundi dernier 2 mai, a donc eu lieu ce fameux dîner qui est désormais la réponse de New York à Hollywood et celle du Met aux oscars. Manus x Machina: Fashion in an Age of Technology est évidemment présidé par Anna Wintour, mais également, en adéquation avec le thème, par Jonathan Ive, directeur du design de Apple et principal sponsor, ainsi que les acteurs Taylor Swift et Idris Elba. Les présidents honoraires sont Karl Lagerfeld qui ne se présentera pas sur le tapis rouge, pour cause de présentation de la collection Croisière de Chanel à Cuba aux mêmes dates, mais également Miuccia Prada et Nicolas Ghesquière, directeur artistique de Louis Vuitton. Parmi les célébrité qui ont traversé l'interminable tapis rouge déroulé sur quasiment toute la Ve avenue pour enfin gravir les marches du Met et disparaître derrière le portail, on comptait entre autres Lady Gaga en Atelier Versace, Cher en Mar Jacobs, Madonna en Givenchy, Beyoncé en Givenchy aussi, Taylor Swift en Luis Vuitton, et puis Justin Bieber, Kim Kardashian, Kanye West, Bradley Cooper, Johnny Depp, bref, you name them comme on dit là-bas pour dire que la liste est interminable, même si elle se limite à 600 personnes, puisqu'elle a la vertu de vider Hollywood de ses étoiles les plus étincelantes. La petite histoire veut que la redoutable présidente ait interdit les selfies pour lesquels elle a une allergie notoire (soutenue en cela par Catherine Deneuve qui déclare elle aussi que « c'est une manie aussi laide que stupide »). Mais nombreux ceux qui n'ont pas résisté à se poster leur autoportrait sur les réseaux sociaux, prêts à braver les foudres de la diablesse. Pour le commun des mortels, l'exposition Manus x Machina: Fashion in an Age of Technology est désormais ouverte au public. Elle ouvre surtout une nouvelle ère de réflexion sur l'influence de la technologie sur la mode, et rien que pour le fait d'attirer l'attention du monde sur les changements profonds dont la mode est le reflet, qu'importe que le diable s'habille en Prada (ou en Chanel comme ce fut le cas cette année).

Si le thème 2015 de l'exposition annuelle du Costume Institute portait sur l'apport de la Chine à l'esthétique occidentale, celui de 2016 porte sur l'association de la main et de la machine, et la mode à l'âge de la technologie. Seuls les quelque 600 invités du Met Gala ont pu découvrir en avant-première ce que réserve l'exposition Manus x Machina: Fashion in an Age of...

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