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Économie - Arabie saoudite

Riyad se donne 15 ans pour sortir de son addiction au pétrole

Le plan « Vision à l'horizon 2030 », présenté hier par le vice-prince héritier Mohammad ben Salmane, prévoit notamment la vente de parts du capital d'Aramco et la création d'un fonds souverain de 2 000 milliards de dollars, ce qui en ferait le plus important du monde.

« Nous avons tous une dépendance maladive vis-à-vis du pétrole en Arabie saoudite, ce qui est dangereux », a déclaré hier Mohammad ben Salmane, le vice-prince héritier saoudien. Fayez Nureldine/AFP

L'Arabie saoudite a présenté hier un ambitieux programme de réformes visant à mettre fin à l'« addiction » du royaume au pétrole et à transformer celui-ci en puissance financière mondiale.
Le vice-prince héritier Mohammad ben Salmane a expliqué que Riyad voulait plus que décupler les capitaux alloués à son fonds d'investissement souverain, pour les porter à 7 000 milliards de riyals (environ 2 000 milliards de dollars) contre 600 milliards aujourd'hui (160 milliards de dollars). Pour ce faire, l'État prévoit notamment de vendre jusqu'à 5 % du capital du géant pétrolier public Aramco.
Le plan qu'il a détaillé inclut aussi des réformes visant à faire évoluer les structures sociales de ce royaume ultraconservateur, par exemple en favorisant le travail des femmes et en améliorant le statut des travailleurs étrangers.
« Nous avons développé une sorte d'addiction au pétrole en Arabie saoudite », a dit le prince Mohammad dans un entretien télévisé à la chaîne al-Arabiya, qui appartient à la famille régnante, ajoutant que Riyad devait rompre sa dépendance aux revenus de l'or noir.

 

(Lire aussi : L'Arabie saoudite, un nouvel acteur majeur de la finance mondiale ?)


Avant même la chute des cours du baril à partir de la mi-2014, économistes et analystes jugeaient les structures économique et budgétaire saoudiennes intenables à long terme. Mais la chute des revenus pétroliers depuis un peu moins de deux ans a exacerbé ces difficultés. Le déficit budgétaire du royaume a ainsi atteint 367 milliards de riyals (98 milliards de dollars) l'an dernier, soit 15 % du produit intérieur brut (PIB) et le budget 2016 prévoit un déficit de 326 milliards (87 milliards de dollars).
Au centre du plan « Vision 2030 » dévoilé hier figure la restructuration du fonds souverain PIF (Public Investment Fund), appelé selon le prince Mohammad à devenir le noyau des investissements internationaux saoudiens, entre autres en levant des fonds par le biais de la vente d'actions Aramco.
« Nous avons restructuré le fonds. Nous avons intégré de nouveaux actifs dans le fonds, Aramco et d'autres actifs, et résolu les problèmes des actifs actuellement détenus par le fonds public d'investissement, à la fois en termes d'entreprises et de projets », a-t-il dit. « Selon les données initiales, le fonds contrôlera plus de 10 % des capacités d'investissement globales. »

 

(Lire aussi : Le FMI appelle les pays du Golfe à se diversifier davantage)

 

« Vivre sans pétrole d'ici à 2020 »
Pour préparer sa privatisation partielle, Aramco sera réorganisé en holding du secteur énergétique et le prince a estimé que l'ensemble devrait être valorisé 2 000 milliards de dollars, ajoutant que jusqu'à 5 % du capital seraient vendus dans le cadre d'une introduction en Bourse.
Aramco, fort des énormes réserves pétrolières du royaume, bénéficie d'une valorisation telle que même la mise sur le marché de 1 % de son capital constituerait la plus importante introduction en Bourse jamais réalisée, a-t-il ajouté. Il a précisé que plusieurs filiales d'Aramco devraient être introduites en Bourse, tout comme d'autres entreprises publiques, en soulignant que ces opérations permettraient d'améliorer la transparence des comptes de ces sociétés et de limiter la corruption.
Le prince Mohammad, âgé de 31 ans, a bénéficié d'une ascension éclair au sein du pouvoir saoudien depuis que son père est monté sur le trône il y a 15 mois. Avec ce plan, il espère faire gagner 4 places à l'Arabie saoudite au classement des grandes économies dans le monde (15e au lieu de 19e).
Pour ce faire, il a en outre précisé hier vouloir porter la part du secteur privé dans l'économie de 40 % à 65 %, ramener le taux de chômage de 11 % à 7,6 % et porter les revenus non pétroliers à 1 000 milliards de riyals (267 milliards de dollars) contre 163 milliards (43 milliards de dollars) aujourd'hui, mais n'a pas précisé par quels moyens. Le plan « Vision 2030 » prévoit aussi de faire passer de 22 % à 30 % la part des femmes exerçant une activité professionnelle, une proportion qui a déjà nettement augmenté ces cinq dernières années. Il prévoit par ailleurs l'instauration d'ici à cinq ans de « cartes vertes » permettant aux étrangers arabes et musulmans de vivre et de travailler durablement dans le pays.


La Bourse de Riyad a effacé ses pertes après ses annonces et gagnait 2,53 % en clôture.
« Je pense que d'ici à 2020, si le pétrole s'arrête nous pourrons survivre », a dit le prince Mohammad, expliquant que le plan était fondé sur l'hypothèse d'un baril à 30 dollars. « Nous en avons besoin, c'est un fait, mais je pense qu'en 2020 nous pourrons vivre sans pétrole. »
Le prince Mohammad a par ailleurs dénoncé « la corruption » dans le royaume a affirmé vouloir désormais lier tout contrat d'armement au développement d'une industrie militaire locale. « Désormais, le ministère de la Défense et les autres organes de sécurité et militaires ne passeront de contrat avec un fournisseur étranger que s'il est lié à une industrie locale », a indiqué le prince saoudien.

 

 

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commentaires (2)

ET CE JEUNE SORTIRA SON PAYS ET LE MODERNISERA... PIANO PIANO... ET LA MONNAIE DE L,OBSCURANTISME SERA PERCEE SUR SES DEUX FACES...

LA LIBRE EXPRESSION

21 h 01, le 27 avril 2016

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Commentaires (2)

  • ET CE JEUNE SORTIRA SON PAYS ET LE MODERNISERA... PIANO PIANO... ET LA MONNAIE DE L,OBSCURANTISME SERA PERCEE SUR SES DEUX FACES...

    LA LIBRE EXPRESSION

    21 h 01, le 27 avril 2016

  • Les bensaouds passent du statu d'acheteur à celui de vendeur, ils commencent par 5% d'aramco, pour finir par tout ce qui pourra être vendu par la suite . Ils vont développer donc un secteur boursier . Le plus important sont les taxes qui vont être introduites et un secteur privé renforcé, quand on sait que le travail dans ces régions est une notion à découvrir et à re-découvrir.

    FRIK-A-FRAK

    10 h 31, le 26 avril 2016

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