La maire de Washington, Muriel Bowser (2e à gauche), entourée de Mariana Wehbé, Carla Jazzar, Rudy Seikali et Nour Khoury. Photo Sabine Koyomji
C'est à Georgetown que les griffes de grands noms du jeune design libanais ont pris, provisoirement, leur quartier général. Et, plus précisément, dans un espace de 1 200 m2 situé dans un lieu non moins mythique, le Georgetown Park, qui abritait un élégant mall haut de gamme.
Après des mois de préparation et un lancement au Liban, après de longues journées à attendre que les objets exposés soient expédiés de Beyrouth, et après quelques nuits blanches à finaliser l'installation dans une belle harmonie, le coup d'envoi, qui a eu lieu vendredi 8 avril, a attiré grand monde, dont des médias américains, venus découvrir le bel art de vivre made in Lebanon, de sa mode, très tendance, à l'esthétique de son habitat en passant par ses photographes, ses artistes et ses spécialités culinaires. Ce microcosme du Liban, planté par les soins de l'architecte Rabih Geha sur un mode très « industriel », a permis au public de faire du lèche-vitrine à diverses enseignes : prêt-à-porter, bijoux, accessoires, meubles, photographies et poterie, parmi lesquels André Marcha, Bokja, Karoline Lang, Maison Tarazi, Milia M, Sarah's bag, Vivianne Debbas, Sélim Mouzannar, Rania Farsoun, Bil Arabi, Nalbandian et les photographes Patrick Baz, Roger Moukarzel et Émile Issa. La très belle revue mensuelle Washingtonian a même annoncé dans son numéro d'avril l'arrivée de Caravan Beirut, sous le titre « Sept choses à considérer au Beirut Designer Pop-Up » à Georgetown.
Le premier soir, plus de 800 personnes, majoritairement jeunes, ont ainsi admiré et souvent acheté des articles de leur choix, au son d'une musique lounge. Elles ont également été invitées à renouveler leur énergie en dégustant des bouchées aux saveurs libanaises, préparées sur place par trois chefs féminines de l'équipe du passionné de la cuisine du terroir, Kamal Mouzawak. Leurs aînés n'en étaient pas moins intéressés par ce qui leur était proposé. Remarquées, l'ancienne chef du protocole Salwa Roosevelt, d'origine libanaise (née Choucair), et Betty Sams, de la même origine et très impliquée dans les activités de la Smithonian Institution.
Washington capitale « fashion »
L'initiative de faire voyager cet aspect du Liban est le fait ambitieux de deux jeunes femmes libanaises, Nour Khoury, cofondatrice, avec Rudy Seikali, de la plate-forme de vente en ligne Bucolik, et Mariana Wehbé, as des relations publiques, en collaboration avec la Chambre de commerce libano-américaine et le ministère libanais du Tourisme. Ce concept de pop-up store se transportera dans plusieurs autres grandes villes américaines et partout dans le monde, promettent les organisatrices.
Quant à leur choix de faire de la capitale fédérale la première étape de leur caravane, le duo féminin, très complémentaire professionnellement, l'explique ainsi : « Washington est la capitale du monde ! Et la visibilité qu'elle offre est un excellent tremplin. Comme toutes les deux avons vécu aux États-Unis, cela nous a ainsi permis d'avoir une bonne idée du potentiel du pays. » Elles précisent aussi qu'elles ont voulu donner à cette opération une « dimension libanaise nationale » qui témoigne, au-delà du design, de tout son esprit : du women empowerment à son désir d'échanges culturels et économiques avec les États-Unis, et plus tard avec d'autres pays, en passant par ses préoccupations caritatives. Une partie des bénéfices sera ainsi versée à Skoun, une association qui s'occupe des personnes sous l'influence des drogues.
Au cours du dîner qu'elle a donné en l'honneur de Caravan Beirut, la chargée d'affaires de l'ambassade du Liban à Washington, Carla Jazzar, a précisé : « Pour Caravan Beirut, l'essentiel était de présenter aux États-Unis le Liban qu'il connaît et qu'il aime, et de procurer à ses talentueux designers une plateforme qui leur permette de proposer leurs produits à un nouveau public. De créer enfin une sorte de route du design connectant le Liban aux États-Unis. » Ce dîner a été marqué par la présence de la maire de Washington, Muriel Bowser, qui a accueilli avec beaucoup de chaleur la présence des talents libanais. « C'est un privilège pour moi, a-t-elle souligné, de participer, et pour la première fois, je dois le dire, à un événement d'échanges culturels. Des échanges prouvant tous les bienfaits de la diversité, notamment celui de faire se rencontrer, contre toute attente, la mode et la politique, qui est le label de la capitale fédérale. »
Muriel Bowser a également salué le courage de Caravan Beirut d'avoir ainsi mis les idées et la créativité in action et d'avoir « fait son premier arrêt à Washington et non, comme il aurait été prévisible, à New York ou à LA. Contribuant à la tendance actuelle qui veut que l'on ajoute à Washington un autre attribut que capitale des décisions : celui d'une fashion city ». Une autre grande fan de Caravan Beirut était présente ce soir-là, Rima al-Sabah (Libanaise pure sucre, puisque née Boulos), l'épouse de l'ambassadeur du Koweït à Washington, cheikh Salem al-Sabah (de mère libanaise, Leila Mereibi).
Ce pop-up store s'achève demain. Caravan Beirut reprendra très vite son chemin en choisissant des destinations variées, qui sauront exporter au mieux l'énergie d'un Liban jeune et créatif.
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