Dans la perspective des prochaines élections municipales prévues en mai prochain, le British Council, en coopération avec huit autres organisations, a lancé hier une campagne visant à encourager les femmes, absentes du paysage politique libanais, à se lancer dans la bataille.
« On ne peut espérer construire l'avenir du Liban si seule la moitié de la population est représentée dans les instances de la vie publique », a déclaré dans ce cadre Hugo Shorter, ambassadeur de Grande-Bretagne à Beyrouth, présent au lancement de la campagne 50:50, visant à assurer une parité homme-femme aux prochaines élections municipales.
Au Liban, 95,3 % des membres des conseils municipaux sont des hommes. Au Parlement, la part des sièges tenus par des femmes n'est que de 2 %. Il en résulte forcément que les droits de la femme ne sont pas suffisamment défendus dans les instances officielles, et, par le fait même, les femmes sont encore énormément victimes de violences et de discrimination en raison de leur genre. Il reste qu'en dépit de cette situation, peu de femmes se projettent dans une carrière politique.
« Le manque de confiance est l'une des principales raisons de l'abandon des candidatures féminines », explique la coordinatrice du projet, Nada Makki. « C'est donc le premier point sur lequel la campagne met l'accent : donner aux femmes la conscience qu'elles ont un rôle à jouer dans la société. »
(Lire aussi : Kaag : Il faut parvenir à 50 % de participation féminine aux conseils municipaux)
« Il faut se lancer »...
Le coût que représente une campagne est un frein supplémentaire aux candidatures, tout comme les mentalités encore patriarcales dans de nombreuses familles du pays. Dans ce cadre, un soutien financier et logistique est prévu pour aider les candidates intéressées.
Pour l'heure, les résultats sont « prometteurs », souligne Wissan Samhat, l'un des responsables du projet au British Council qui a déjà reçu une vingtaine de candidatures. La campagne aura une visibilité encore plus importante la semaine prochaine lorsque le spot vidéo sera diffusé.
« En tant que femmes, on a des priorités différentes, mais tout aussi importantes. Les déchets, la propreté, la sécurité de ses enfants sont des sujets souvent considérés comme accessoires pour les hommes du pays. Nous avons un rôle à jouer », affirme Arlette Khouri, candidate aux élections municipales à Beyrouth.
Si cette dernière est consciente de l'importance d'une représentation féminine, pour elle, l'évolution à cet égard prendra encore un certain temps. « Je ne m'attends pas à être élue à ces élections, souligne-t-elle. Il ne reste qu'un mois avant le scrutin et je lance ma campagne maintenant, c'est tard pour être remarquée... Mais je vais essayer, il faut se lancer. Peut-être qu'on se souviendra de mon nom aux prochaines élections », a-t-elle ajouté.
La candidate manque de confiance, mais pour Donna McGowan, directrice du British Council, les statistiques sont encourageantes : « Si l'on regarde les chiffres des dernières élections, les chances de succès d'une femme qui se présente aux élections sont de plus de 40 % ! Plus on aura de candidates, plus la représentation féminine aux conseils municipaux sera importante. »
Lire aussi
« Beyrouth, madinati », une initiative pour reprendre le pouvoir décisionnel en main
commentaires (2)
De quoi je me mêle ? !
ANTOINE-SERGE KARAMAOUN
12 h 08, le 09 avril 2016