Rechercher
Rechercher

Campus - Formation

Lorsque les jeunes parlent de philosophie

Des étudiants libanais issus de différents horizons tentent de définir la philosophie et son rôle dans la société d'aujourd'hui.

Béatrice Bakhache.

Assoiffée par la quête de la vérité, Gracia Stephan s'est spécialisée en philosophie. Étudiante au master en aménagement du territoire à l'Université de Poitiers, son parcours s'est heurté à de nombreux obstacles. Elle se penche alors sur la découverte du monde de la philosophie qui est, parfois, clos, «voire même poussiéreux ». Pourtant, Gracia souligne l'importance de la philosophie. «Il faut que tout le monde y soit exposé », estime-t-elle. «L'homme, affirme-t-elle, n'a qu'une seule vie qu'il est censé comprendre afin de mieux la vivre. C'est exactement ce besoin de comprendre qui m'a poussée à suivre des études en philosophie.» La jeune femme affirme que son expérience a été révélatrice, non seulement sur le plan académique, mais également personnel. «Je n'aurais certainement pas été la personne que je suis aujourd'hui sans la philosophie», estime-elle avant de confier avoir acquis une certaine sensibilité envers tout ce qui l'entoure. Quant à sa vie professionnelle, Gracia précise que le débouché principal d'un diplôme en philosophie est l'enseignement, que ce soit dans un lycée ou à l'université en tant qu'enseignante-chercheuse. Les autres débouchés ne sont pas directement liés à la philosophe et sont, entre autres, le journalisme et les métiers du livre et de l'édition.

Les grandes questions existentielles
Jad Hindieh, étudiant au master en génie informatique à l'Université de Balamand, tente, de son côté, de se rappeler ses cours de philosophie à l'école. «La philosophie est une science qui s'intéresse à la discussion de sujets, qui explique le pourquoi des choses », lance-t-il.
Plus intéressée par le sujet, Oubaida Hanna, étudiante au master en sciences économiques à l'Université libanaise, estime que la philosophie est la connaissance et, surtout, l'approfondissement de la connaissance. Et par connaissance, Oubaida ne veut pas dire un «tas d'informations amassées». La jeune étudiante, pour laquelle « le besoin de philosopher est inné », confie qu'elle s'intéresse à la philosophie parce qu'elle se pose les « grandes questions », l'existence, le monde, Dieu, etc. «Je ne sais pas si c'est important de le faire, mais je ne peux m'en empêcher.»
À la question «qu'est-ce que la philosophie», Béatrice Bakhache, étudiante en architecture d'intérieur à l'Université Notre-Dame de Louaïzé, répond : « C'est quelque chose de très compliqué. » «Elle est utile parce que c'est une façon de découvrir le secret de la vie », estime-t-elle. Ce secret, Hicham Ayoubi, grand lecteur d'ouvrages philosophiques et étudiant en première année de master en droit international à l'Université Paris 2 Panthéon-Assas, aime l'appeler «des vérités fuyantes, toujours à conquérir ». Pour lui, «la philosophie consiste en la création de concepts nouveaux qui ne répondent pas à la question mais qui la déplacent d'un abstrait à un autre ». Et cela, pour Hicham et pour la plupart des «fans» de la philosophie, est ce qui fait toute sa beauté et son utilité.
Par ailleurs, le jeune homme trouve qu'il n'est pas question d'une « science en voie de disparation » et qu'il vaut mieux « dédramatiser » les choses. Oubaida, quant à elle, estime que c'est précisément ces dernières années que la philosophie devrait se développer. « Les études philosophiques doivent aller de pair avec les évolutions en physique et en médecine par exemple », estime-t-elle. À l'instar de Oubaida, Hicham croit que la philosophie, surtout dans les pays arabes, devrait prendre un essor plus considérable car elle constitue un antidote à la superstition et au fanatisme, « ce qui nous éviterait pas mal de problèmes » conclut-il. Sur ce point, Béatrice n'est pas d'accord. La jeune étudiante trouve que c'est forcément à cause de l'invasion de la technologie que la philosophie tombe dans les oubliettes.

La philosophie comme « ouvre-boîtes »

Professeure de philosophie et civilisations à l'Université de Balamand, le Dr Marlène Kanaan affirme que la philosophie est, avant tout, l'action de réfléchir. Celle-ci s'attarde sur l'art, la politique, la religion ou l'esthétique... « Ne pas réfléchir, c'est renoncer à notre humanité », souligne-t-elle. Son but est donc d'améliorer le goût, de meubler la pensée et de comprendre le monde. Elle explique : « Il s'agit d'une culture, d'un ensemble de concepts généraux et de valeurs qui servent de points de repères et d'ouvre-boîtes à tout autre domaine d'études. » Voilà pourquoi le Dr Kanaan conteste le reproche qu'on adresse à la philosophie selon lequel elle est trop abstraite. « Socrate discutait avec les gens dans la rue ! rappelle-t-elle. C'est l'homme qui réfléchit sur lui-même, sur le monde, sur les problèmes issus de par la vie. »
Le Dr Kanaan trouve que la société devient de plus en plus matérialiste et que, de nos jours, on a tendance à négliger la philosophie. Lire de beaux écrits et pratiquer de la gymnastique intellectuelle constituent une fonction importante en tant que telle. Tout ne doit pas essentiellement être mesuré depuis sa fonction et son utilité matérielles.


En partenariat avec :

Assoiffée par la quête de la vérité, Gracia Stephan s'est spécialisée en philosophie. Étudiante au master en aménagement du territoire à l'Université de Poitiers, son parcours s'est heurté à de nombreux obstacles. Elle se penche alors sur la découverte du monde de la philosophie qui est, parfois, clos, «voire même poussiéreux ». Pourtant, Gracia souligne l'importance de la...
commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut