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À La Une - Crise

La Grèce renvoie 202 migrants en Turquie, premier "test" de l'accord UE-Ankara

L'opération s'est déroulée "dans le calme et dans l'ordre".

Trois bateaux turcs ont ramené lundi matin en Turquie 202 migrants qui avaient irrégulièrement débarqué en Grèce, un "premier test" de la mise en oeuvre de l'accord controversé conclu le 18 mars entre l'UE et Ankara. AFP / ARIS MESSINIS

Trois bateaux turcs ont ramené lundi matin en Turquie 202 migrants qui avaient irrégulièrement débarqué en Grèce, un "premier test" de la mise en oeuvre de l'accord controversé conclu le 18 mars entre l'UE et Ankara.

Cet accord était particulièrement voulu par l'Allemagne, qui a pourtant accepté depuis l'an dernier une immense partie du plus d'un million de personnes débarquées en UE, surtout par les îles grecques proches de la Turquie.
Censé être un moyen efficace d'endiguer ce flux, il prévoit que tous les migrants arrivés en Grèce depuis le 20 mars seront refoulés s'ils n'ont pas demandé l'asile ou si leur demande a été rejetée. En contrepartie, pour chaque Syrien renvoyé en Turquie, l'UE accepte d'en accueillir un autre depuis la Turquie, dans la limite de 72.000.

Ainsi, alors que 202 migrants (dont deux Syriens) effectuaient la traversée d'une dizaine de milles seulement depuis les îles grecques de Lesbos et de Chios lundi matin, un groupe de 16 Syriens, trois familles, atterrissait à Hanovre (nord de l'Allemagne), et un second groupe de 16 était attendu dans la journée.
Cette opération bien orchestrée, qui respecte à la lettre la date du 4 avril qu'avait avancée dès la signature de l'accord la chancelière Angela Merkel, s'est déroulée dans le plus grand calme.

 

(Lire aussi : Après des rixes entre réfugiés, des centaines de migrants quittent le camp de Chios)

 

Sous bonne garde de la police grecque, et sous le regard des agents de Frontex, l'agence de surveillance des frontières extérieures de l'UE, les migrants renvoyés, presque tous des hommes, ont embarqué à l'aube dans le calme sur les bateaux turcs venus les chercher, deux à Lesbos et un à Chios, l'air souvent mélancolique.

Selon Giorgos Kyritsis, le porte-parole du service grec de coordination de la politique migratoire, ils étaient "136 à Lesbos et 66 à Chios". Il s'agissait de 131 Pakistanais, 42 Afghans, 10 Iraniens, cinq Congolais, quatre Sri-Lankais, trois Bangladais, trois Indiens, deux Syriens, un Ivoirien et un Somalien.
Ils n'avaient pas demandé l'asile, a précisé M. Kyritsis, y compris les deux Syriens, qui ne l'ont pas fait "pour des raisons personnelles", alors que leur pays est ravagé par la guerre.

En Turquie, ils doivent être enregistrés puis acheminés vers des camps. Le ministre des Affaires européennes Volkan Bozkir a précisé que les Syriens iraient à Osmaniye (sud) dans un camp de réfugiés existant, et les autres migrants à Kirklareli (nord, frontière bulgare), où ils seront "nos invités" avant d'être "renvoyés petit à petit".

 

(Lire aussi : L’Onu cherche des pays d’accueil pour un demi-million de réfugiés syriens)

 

'Episode désastreux'
Tant au départ qu'à l'arrivée, quelques personnes étaient venues dénoncer l'accord. Quelques dizaines à Lesbos et Chios, tandis qu'à Dikili en Turquie, deux personnes qui avaient déployé une banderole ont été rapidement expulsées par la police.

L'agence de presse grecque ANA avait annoncé dimanche que 750 migrants seraient renvoyés entre lundi et mercredi. Mais il semble que de très nombreux migrants concernés par l'accord - ils sont quelque 6.000 arrivés depuis le 20 mars, selon un calcul de l'AFP - aient décidé de demander l'asile à la dernière minute, ce qui retarde leur départ éventuel.

M. Kyritsis a convenu que "la date du prochain renvoi n'est pas pour le moment précisée", que "cela dépendra de la planification". Il a précisé qu'outre des centaines d'agents européens arrivés sur les îles pour procéder aux renvois, "30 experts du droit d'asile et des interprètes des pays membres de l'UE sont arrivés lundi à Athènes". Les premières commissions d'asile seront constituées sur les îles "d'ici le 7 avril", a-t-il ajouté.

 

(Lire aussi : « Papa, où es-tu ? En Suède ou en Turquie ? »)

 

Panos Carvounis, chef de la représentation de la Commission européenne en Grèce, a estimé lundi sur la télé publique Ert que l'opération de lundi était "une sorte de test général" qui "prouve que la Grèce et la Turquie réussissent à mettre en oeuvre l'accord" UE-Turquie. Il a estimé que "la Turquie est un pays sûr" au regard du droit d'asile, et assuré que ceux qui "seraient en danger en Turquie, comme les personnes d'origine kurde, n'y seront pas renvoyées".

A Lesbos, Gauri Vangulik, vice-directrice d'Amnesty International pour l'Europe, qualifiait au contraire l'opération de "point de départ de ce qui va vraiment devenir l'un des épisodes les plus désastreux de la politique d'asile européenne". Pour M. Carvounis, l'UE a envoyé lundi "un signal très fort pour dire aux gens 'ne venez pas en Grèce par barque car vous serez renvoyés'".

Mais au même moment, quelque 200 nouveaux migrants parvenaient à rejoindre Lesbos à leur tour depuis les côtes turques, tandis que les garde-côtes turcs interceptaient in extremis une soixantaine d'autres candidats à la traversée, majoritairement Afghans, ont constaté des journalistes de l'AFP de part et d'autre de ce bras de mer Egée.
Par ailleurs, près de 50.000 autres migrants et réfugiés arrivés en Grèce avant le 20 mars y sont bloqués depuis la fermeture de la route des Balkans.

 

 

 

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