Un scandale chasse l'autre. Après celui des déchets – une affaire qui rentrera sans aucun doute dans les annales du pays –, c'est l'affaire des réseaux illégaux d'Internet qui commence à se dérouler devant les yeux des Libanais. À la manière des poupées russes, les révélations se succèdent, dévoilant chaque jour les pièces d'un puzzle dont certaines risquent de manquer au final, comme on en a déjà l'habitude au Liban.
C'est au cours d'une conférence de presse conjointe que le ministre des Télécoms, Boutros Harb, et le président de la commission parlementaire de l'Information et des Télécoms, Hassan Fadlallah, ont divulgué au public certains aspects de cette affaire, confirmant indirectement, sans les citer, l'implication à haut niveau de personnes qui seraient vigoureusement protégées.
MM. Harb et Fadlallah s'exprimaient à l'issue d'une réunion urgente de la commission parlementaire, en présence notamment du procureur général près la Cour de cassation, le juge Samir Hammoud, du procureur financier, le juge Ali Ibrahim, du directeur général d'Ogero, Abdel Monhem Youssef, et d'une « équipe technique » relevant du ministère de l'Information.
« Comment se fait-il que personne n'ait détecté ce réseau de fibre optique et toutes ces installations d'une si haute technicité ? » s'est demandé M. Fadlallah. S'adressant directement aux « ministères et administrations concernés », il s'est interrogé sur la manière avec laquelle les équipements ayant servi à l'installation des stations fournissant les connexions illégales ont pu être importés, l'État ayant le monopole de ce secteur.
« Comment se fait-il que les services de l'ordre, qui sévissent dès qu'une nouvelle tente (non autorisée) est installée, n'ont pas pu déceler ces équipements gigantesques perchés sur les sommets des montagnes ? » s'est encore demandé le parlementaire, dans une allusion ironique à la « vigilance » dont auraient fait preuve les FSI lors de la campagne de démantèlement des constructions illégales, en 2011, principalement dans les zones chiites.
Rejoignant toutefois l'avis du ministre des Télécoms, le député a insisté sur le fait que le dossier « doit absolument être traité en dehors des calculs politiques ».
« Les stations implantées sur les hauteurs des montagnes importent des heures de connexion et les distribuent. Il s'est avéré que la fibre optique a été étendue dans plusieurs régions et sur des poteaux électriques appartenant à l'État libanais. C'est de cette façon que l'Internet a été distribué aux abonnés », a déclaré M. Fadlallah. « Ces fibres sont sophistiquées et l'État libanais n'en possède pas », a-t-il indiqué. Le réseau de fibre optique illégal a été édifié de Jounieh jusqu'aux portes de Saïda, en passant par Jbeil, Jal el-Dib, Jdeidé, Achrafieh et Choueifate, a ajouté le député.
Mais les violations ne s'arrêtent pas à ce stade, a-t-il poursuivi en substance, précisant qu'un câble sous-marin a été installé « entre Nahr el-Kalb et Nahr Ibrahim ». En bref, des installations d'une haute sophistication que même l'État ne possède pas et qui exigent, pour leur installation, l'intervention de professionnels de haut niveau.
« Nous voulons suivre ce dossier jusqu'au bout et nous avons demandé au ministère des Télécoms et aux appareils sécuritaires de poursuivre le démantèlement du réseau étendu dans plusieurs régions libanaises. Il ne faut pas qu'il y ait de complaisance face à ce dangereux dossier », a affirmé M. Fadlallah.
Le député a précisé que quatre stations ont déjà été démantelées et que l'affaire est désormais devant la justice. « Le pouvoir judiciaire devra poursuivre l'enquête », a-t-il dit, précisant que le ministère et la commission des Télécoms coopèrent avec la justice. Il a dans ce contexte demandé aux ministères de l'Intérieur et de la Défense s'ils possédaient des informations sur l'entrée au Liban et l'installation des appareils, déplorant toutefois l'absence de représentants de ces deux institutions à la réunion.
M. Fadlallah a également appelé le Premier ministre Tammam Salam à convoquer « une réunion urgente sécuritaire afin que le gouvernement débatte du dossier ». « Nous tenons à appliquer la loi et à combattre la corruption et l'espionnage israélien », a affirmé le député membre du Hezbollah. « Nous continuerons à considérer ce dossier comme étant sensible au niveau sécuritaire, vu qu'il est lié à la souveraineté nationale et à la sécurité des Libanais », a-t-il assuré.
Harb et les connexions israéliennes
Le ministre des Télécoms Boutros Harb a ensuite pris la parole pour assurer que son ministère poursuit son travail et qu'il a été mis un terme au « noyautage sécuritaire », évoquant toutefois la possibilité de découvrir, dans les jours qui viennent, d'autres « stations illégales ». Le ministre a toutefois confirmé, « preuves à l'appui, que les connexions illégales sont liées à Israël ».
M. Harb a par ailleurs déploré les attaques dont il a fait l'objet pour avoir dénoncé ces violations graves à la sécurité de l'État. « Certaines parties ont été dérangées par les mesures prises par le ministère dans le dossier de l'Internet illégal et ont attaqué le ministère », a-t-il dénoncé. Il a également critiqué les propos « de certaines forces politiques qui ont confondu la politique et la sécurité nationale ». Et M. Harb de souligner enfin la nécessité de ne pas mélanger les « règlements de comptes politiques et personnels avec l'intérêt national ».
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commentaires (8)
Les connexions sont lié à Israèl ..? pour les ordures, c'était une homme d'affaires lié encore à Israèl...! l'ennemi Israélien croule sous le compliments ...!
M.V.
15 h 36, le 22 mars 2016