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Liban - Télécoms

Harb : L’affaire des réseaux illégaux est « extrêmement dangereuse »

Le ministre des Télécoms est entré en contact avec Berry, Salam, Kahwagi et les services de sécurité afin de leur exposer les dangers de ce système parallèle.

Boutros Harb, hier, avant sa conférence de presse. Photo Michel Sayegh

Le ministre des Télécoms, Boutros Harb, a tiré hier la sonnette d'alarme après la récente découverte de plusieurs réseaux illégaux de télécommunication, disséminés sur le territoire libanais à l'insu du gouvernement.
« L'affaire est extrêmement dangereuse », a souligné le ministre sur un ton grave, lors d'une conférence de presse au siège du ministère, en présence notamment du PDG de la société des télécoms Ogero, Abdel Menhem Youssef. « Ces réseaux illégaux qui ont été découverts sont une menace pour la sécurité de l'État, car certaines compagnies israéliennes fournissent ces réseaux en connexion Internet », a précisé M. Harb.

La distribution illégale de services d'Internet se ferait, depuis plusieurs mois déjà, à partir de réseaux en provenance de Haïfa, dans le nord d'Israël, et de Chypre, entre autres, et qui seraient perméables à une surveillance par l'État hébreu.
« Ces installations constituent une violation des lois et des droits du secteur public et le manque à gagner annuel pour l'État est estimé à 60 millions de dollars par an », a fait savoir le ministre. « Nos équipes techniques ont découvert du matériel et des systèmes (...) de télécoms en plusieurs endroits, notamment sur les hauteurs de Zaarour et de Denniyé, a-t-il ajouté. Cela constitue un crime et nous avons confisqué les équipements. Nous continuons à chercher l'étendue du réseau et nous avons remis aux autorités sécuritaires et judiciaires compétentes les éléments nécessaires. Nous demandons que les coupables soient sévèrement punis ainsi que ceux qui les protègent. »

M. Harb a ensuite présenté des photos montrant le matériel saisi, notamment des tours de télécommunication, des antennes, des récepteurs et d'autres installations de grande ampleur. « Voici le matériel utilisé pour violer la vie privée des Libanais et la sécurité de l'État, a dénoncé M. Harb. Ces systèmes étaient interconnectés, et leurs informations étaient reçues par des États étrangers, à l'insu du Liban. »

 

Atteinte à la sécurité des citoyens
« Cette conférence de presse a pour objectif d'exposer cette affaire à l'opinion publique libanaise, dans le respect du principe de transparence et par souci de respecter le droit de regard des citoyens sur les informations concernant le travail des ministères (...) Le ministère de l'Information vient de lever le voile sur l'une des plus graves attaques contre la souveraineté du pays et les droits des citoyens (...) », a ajouté M. Harb, avant d'ajouter que cette affaire touche non seulement à la sécurité de l'État, mais également « à la sécurité des données personnelles des citoyens ». Pour lutter contre cette grave faille, le ministre a souligné que la coopération entre les responsables politiques, les différents ministères, les institutions publiques et le pouvoir judiciaire est indispensable.

« Comment ce matériel est-il entré au Liban via le port ou l'aéroport de Beyrouth ? Je ne sais pas, mais il est inadmissible de garder le silence. Des réponses doivent être obtenues », a martelé le ministre. Il a expliqué que « la qualité et la sophistication des installations prouvent que leurs propriétaires sont membres d'un réseau tentaculaire, professionnel et soutenu par une ou plusieurs parties », sans nommer ces parties. Pour le ministre, « l'importance et la taille du matériel saisi ainsi que ses capacités techniques, la complexité de ses cartes et de son réseau local et national, de même que la précision de ses infrastructures, sans oublier les sources d'énergies renouvelables prévues pour leur fonctionnement (...) tout cela laisse à penser que nous sommes en présence d'un groupe au budget financier important et d'un réseau complexe de personnes concernées. Ce sont des criminels qui cherchent à créer un réseau parallèle à celui de l'État, dans tous les sens du terme ».

Et de relever que les responsables de ce crime ont réussi à bâtir un réseau d'antennes et de constructions en béton dans des régions reculées du Liban, dans des zones qui ne sont pas desservies par des routes asphaltées ni même par des chemins de traverse, « des secteurs où il n'est possible d'accéder qu'à pied ou à dos de bétail (...) ce qui prouve encore une fois l'importance de l'influence de ce groupe qui a réussi à déjouer la surveillance des services de sécurité et à installer des stations terrestres et des paraboles d'un diamètre variant de 2,5 à 3 mètres sans que personne ne lui demande de produire une autorisation quelconque, ce qui est de nature à poser plus d'une question ».



(Lire aussi : Réseaux Internet illégaux : La sécurité de l'État gravement mise à nu ?)

 

« Les administrations publiques sont aussi victimes »
« Certaines personnes impliquées étaient déjà épinglées lors de l'affaire des réseaux du Barouk en 2009. Mais elles ont réussi à nouveau à exercer leurs activités illégales », a regretté le ministre. À l'époque, il s'agissait d'une infiltration israélienne du système Internet libanais par le biais d'une station installée au Barouk que l'État s'est dépêché de démanteler. « Nous avons alerté la justice au sujet de l'affaire, et nous réclamons des sanctions contre les responsables, a dit le ministre. Les mesures que nous avons prises ont permis de mettre un terme aux agissements illégaux que nous avons découverts. Le procureur général financier, le juge Ali Ibrahim, a déjà engagé des poursuites contre les personnes impliquées, et nous souhaitons que les autorités compétentes poursuivent le traitement du dossier ».
Mardi, le juge Ibrahim a engagé des poursuites contre Imad Lahoud et Hagop Antranik, accusés d'avoir installé des câbles en fibre optique et mis en place un système de distribution illégale d'Internet dans la région de Zaarour. Toutefois, M. Harb a refusé de commenter la procédure judiciaire en cours « par souci de confidentialité ».

Il a ensuite expliqué que « les télécoms sont exclusivement gérées par l'État libanais. Les propriétaires du matériel saisi ne pourront sous aucune condition régulariser leur situation. Cela est impossible, en vertu de la loi ».
Il a précisé que « ces services télécoms illégaux sont proposés à des prix extrêmement bas pour attirer une large clientèle ». « Ce qui est plus dangereux, c'est que certaines administrations publiques ont été victimes de ces réseaux, bernées par les offres en question, parfois gratuites », a regretté M. Harb. Des services de sécurité et autres administrations libanaises, dont le palais présidentiel et le Parlement, auraient ainsi eu recours aux services fournis par les installations incriminées.

« J'ai appelé le président de la Chambre, Nabih Berry, ainsi que le chef du gouvernement, Tammam Salam, de même que le commandant en chef de l'armée, le général Jean Kahwagi, et les services de sécurité, et leur ai exposé les dangers présentés par ces systèmes de télécoms illégaux, a fait savoir le ministre. J'ai également contacté les ambassades turque et chypriote afin de réclamer leur aide pour mettre un terme aux violations à l'encontre de notre État. » « Nous n'accepterons pas que la souveraineté de l'État et la confidentialité des Libanais soient bafouées. Le ministère des Télécoms n'acceptera pas ainsi d'étouffer l'affaire, car elle relève de la sécurité nationale », a martelé M. Harb.
Interrogé par une journaliste sur la date exacte à laquelle ces réseaux ont été installés, le ministre n'a pas donné de précisions. « Lorsque nous avons su qu'il y a des réseaux illégaux, nous avons agi », s'est-il contenté de répondre.

Commentant l'affaire, Nabih Berry, cité par ses visiteurs, a insisté sur « la nécessité de suivre l'enquête car ce scandale n'a pas seulement provoqué des pertes financières (à l'État), mais a également porté atteinte à la souveraineté nationale, sachant que les compagnies incriminées sont en contact avec d'autres, israéliennes ».
En soirée, M. Imad Lahoud a publié un communiqué invitant les médias à ne pas l'impliquer dans cette affaire et soulignant sa confiance dans la justice.

 

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Et ces antennes micro-ondes, elles sont invisibles?

PPZZ58

20 h 31, le 17 mars 2016

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Commentaires (7)

  • Et ces antennes micro-ondes, elles sont invisibles?

    PPZZ58

    20 h 31, le 17 mars 2016

  • YVES... LA DIT... ET VIVE...

    LA LIBRE EXPRESSION

    12 h 15, le 17 mars 2016

  • De tout temps, les Etats s'espionnent les uns les autres et ont des services de contre-espionnage ! Ce qu'on ne comprend pas dans cette affaire burlesque, c'est que notre super-Etat libanais n'ait pas de service de contre-espionnage efficace, surtout avec un Etat aussi criminel, nuisible et sans vergogne à nos frontières: ISRAEL ! Et le parti "résistant", le Hezbollah avec toutes ses soi-disant capacités pour protéger le Liban, n'a-t-il rien vu venir ? Où était-il quand on installait tout ce matériel...lui qui s'infiltre petit à petit partout au Liban ? Ou ne sait-il que vociférer, menacer et faire des défilés ridicules à longueur d'année ? Irène Saïd

    Irene Said

    10 h 40, le 17 mars 2016

  • Décidément vous cumulez les incompétences dans tous les domaines, vous criez aux loups quand le mal est fait, vous êtes les rois de l'imprévision, pire de la bêtise. Et de plus monsieur le ministre vous pensez a vos abonnés qui ont un internet digne du moyen âge, et encore quand vous en avez car depuis quelque temps il n'y a même plus de réseaux ? Et peut être Monsieur le ministre c'est cette cause qui entraîne la conséquence des solutions privées que vous dénoncez ! mais ne cherchez pas de coupable vous en êtes le chef

    yves kerlidou

    08 h 31, le 17 mars 2016

  • Ce qui est étonnant c'est le retard dans la réaction de l'Etat... On vit dans un pays où tout se sait, presque avant que ca n'arrive, les services ont dû être proposés par des canaux publics, forcément, comment personne n'a été alerté??? Quant aux administrations publiques, leur système de fonctionnement est assez rigide et offre peu de liberté de manoeuvre, qui leur a donné le feu vert pour des installations qui feraient une concurrence directe aux services publics? C'est bizarre, pourquoi ne nomme-t-on pas ce groupe si puissant, si bien introduit et si riche? Et qui est ce Imad Lahoud? Le même que celui de l'affaire Clearstream, ou un autre?

    NAUFAL SORAYA

    08 h 09, le 17 mars 2016

  • L'infographie est incomplète: elle ne mentionne pas le réseau du Hezbollah greffé en parasite sur le réseau officiel. Lui aussi représente un grave danger pour l'Etat et les citoyens.

    Yves Prevost

    07 h 08, le 17 mars 2016

  • un commentaire, une exemple et une interrogation: Le commentaire: l'infographie montre un modèle libanais pur. Il en existe d'autres. Donc il ne faut pas faire apparaître l'Etat comme unique point d'accès comme la seule solution valable. L'Etat peut très bien octroyer des licenses et mettre en place des processus de contrôle tout-à-fait adéquats. Au Liban, l'Etat se cache derrière la "sécurité" pour imposer des taxes, confondant le besoin de lever des fonds et ce qui est en fait la pire des décisions, celle qui mène à un rationnement d'un bien universellement reconnu comme essentiel au développement humain et technologique, l'accès internet, que les Nations Unies considèrent faire partie des droits de l'homme! L'exemple: pour $70 par mois, on obtient dans certains pays 1 Gigabit/s illimité. Au Liban, on obtient un 4 Megabits poussif et faussement illimité. Tout pays qui garde sa connection moyenne (pas même maximale) en deçà de 10 à 15 Megabit par seconde est aujourd'hui gravement handicapé. Supprimons les traffics illégaux en submergeant le marché d'accès bon marché et à bas prix. Le Liban ne s'en portera que mieux... l'interrogation: il fera quoi, cet État effrité, lorsque la technologie rendra obsolète l'architecture à point d'entrée unique? Les micro-satellites en développement pourraient rendre cette question très intéressante. Une certitude: nous prendrons ensemble la plus mauvaise de toutes les décisions possibles, quelle qu'elle soit.

    Paul Chucrallah

    03 h 35, le 17 mars 2016

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