La révélation, il y a quelques jours, de la présence de fournisseurs illégaux d'Internet dans le pays continue d'alimenter les supputations. Ainsi, la chaîne MTV a accusé ce week-end le directeur d'Ogero, Abdel Menhem Youssef, d'être impliqué dans ce dossier alors que le Hezbollah continue de privilégier la piste israélienne.
Interrogé par la chaîne al-Jadeed, M. Youssef s'est défendu de toute responsabilité dans cette affaire, indiquant qu'Ogero a découvert « une antenne de 3 mètres de diamètre dirigée de Kornet el-Sawda vers Chypre ». « Ce genre d'installations nécessite une expertise qui n'existe pas au Liban. Il s'agit d'un investissement qui s'élève à plus de deux millions de dollars. D'autres antennes ont été trouvées à Denniyé, Faqra, Ouyoun el-Simane et Zaarour et nous pensons qu'il y en a d'autres encore », a-t-il indiqué. Le ministre des Télécoms, Boutros Harb, s'est pour sa part rendu samedi chez le Premier ministre Tammam Salam qu'il a mis au courant des investigations menées dans le cadre de cette affaire. « J'ai demandé à M. Salam de donner ses instructions aux services sécuritaires concernés afin de mettre fin à cette situation, surtout après la confiscation du matériel utilisé par les fournisseurs illégaux », a-t-il dit.
« Il est facile de dire qu'Israël nous espionne »
Contacté par L'Orient-Le Jour, le député Jean Oghassabian a refusé de lancer des accusations avant la tenue de la réunion de la commission parlementaire des Télécoms (aujourd'hui, à 10h30). « Nous avons appris lors de notre dernière réunion, et par le biais de documents remis par M. Harb, qu'il y a des fournisseurs d'Internet illégaux et d'autres légaux qui vendent des débits qui dépassent ceux qu'ils achètent auprès de l'État », a-t-il révélé.
« Qui a fait entrer le matériel utilisé par les fournisseurs illégaux au Liban et ce matériel est-il entré de manière légale ou illégale ? Qui l'utilise ? Nous verrons à l'issue de la réunion »,
a indiqué le député. « Je ne sais pas qui se cache derrière ces connexions, que ce soit Israël ou une autre partie. Il est facile de dire qu'Israël nous espionne mais il faut pouvoir être en mesure de s'en assurer », a-t-il dit.
(Lire aussi : Réseaux Internet illégaux : La sécurité de l'État gravement mise à nu ?)
Pour le ministre d'État pour la Réforme administrative, Nabil de Freige, « cette affaire évoque celle du réseau d'Internet retrouvé au Barouk, en 2010 (et attribué à Israël) ». « On va attendre voir ce que le président de la commission des Télécoms, Hassan Fadlallah, va dire là-dessus aujourd'hui », a-t-il confié à L'OLJ.
Mohammad Raad, député et président du bloc parlementaire du Hezbollah, parle quant à lui de « connexion Internet israélienne au Liban ». « Que veut dire la découverte de connexions présentes au Liban depuis cinq ans et qui fournissent Internet à des institutions étatiques et sécuritaires ? N'ont-elles pas été mises en place pour prendre des informations sur ce qui se passe dans le pays ? Ne nous méprenons pas, tout appel sur téléphone mobile et tout réseau Internet est suivi par Israël », a-t-il déclaré dans un communiqué publié par l'Ani.
Commentant hier la situation sur son compte Twitter, le chef du Parti socialiste progressiste, Walid Joumblatt, n'a pas mâché ses mots. « J'aurais voulu ne pas perturber la sérénité de cette belle journée mais j'ai lu dans un journal qu'Internet est retourné au giron de l'État. La question qui se pose est de savoir comment il en est sorti et comment il y est retourné et pourquoi on en parle maintenant, après des années de piratage ? Je pense que cette affaire n'aurait pas été révélée s'il n'y avait pas eu conflit d'intérêts entre les bandes de moustiques complices dans ce dossier et travaillant au vu et au su du ministère des Télécoms. Nous ne voulons pas des explications du ministre (des Télécoms) ou de celles du directeur (d'Ogero) en ce qui concerne ce vol programmé », a-t-il dit.
Questionné sur le dossier, le député Marwan Hamadé a pour sa part estimé que « Walid Joumblatt a dit ce qu'il fallait dire », en référence aux tweets de ce dernier. « Il y a tellement de faux-semblants, alors que le Hezbollah est le premier à avoir inauguré cette ère de parallélisme des réseaux. Le coup d'État du 7 mai 2008 avait pour raison le réseau télécom du Hezbollah. Personne n'en parle aujourd'hui, même pas le 14 Mars », a-t-il indiqué à L'OLJ.
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commentaires (13)
Y a t'il quelqu'un dans ce foutu pays qui est un sens du devoir, de l'état et du bien commun ? D'un bord à l'autre de l'échiquier politique il n' y a que des voleurs et des traîtres!
HADDAD Fouad
17 h 34, le 21 mars 2016