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Culture - Court métrage

Et vous, vous mettiez quoi dans votre valise avant de descendre aux abris ?

Pour rendre hommage aux survivantes de la guerre, la productrice Rania Tabbara et la réalisatrice Wafa'a Céline Halawi présentent « Chantet al-Malja' » qui voyagera à Art Dubai sous l'aile de la galerie Janine Rubeiz.

Photo extraite du film « Chantet al-Malja’ ».

Une valise est synonyme de voyage, d'agrément, d'évasion mais une valise peut signifier une fuite... pour la survie. C'est ce que cette chanta (valise), qu'on emmenait avec nous direction les abris, a représenté durant les décennies sombres de la guerre du Liban. Une sorte d'appui moral, de repère, de consolation, mais aussi une certaine amertume à vouloir faire contenir toute sa vie dans une petite mallette.
« C'est parce que j'ai vécu cette histoire, alors que j'avais douze ans, avec ma mère et mes frères, que j'ai voulu rendre hommage à toutes ces Libanaises (mères et grand-mères) dotées d'un immense désir de survie et piliers de la stabilité de la famille, affirme Rania Tabbara. Un projet inspiré par ma grand-mère Kawkab et qui rassemble plusieurs femmes de différents milieux sous un même toit. En collaboration avec la réalisatrice Wafa'a Céline Halawi et une équipe enthousiaste, j'ai réussi à mettre le projet sur pied. »

Rania Tabbara n'est pas à son premier projet. Architecte d'intérieur après une école de beaux-arts, elle change de casquette selon les passions. Cofondatrice d'Achkal Alwan, peintre, mais aussi productrice, il suffit qu'une idée surgisse dans son esprit pour qu'elle s'attelle à la mettre en exécution immédiatement. À peine Chantet al-Malja' terminé, que le film sera suivi par un autre court métrage, L'immeuble des voisins, qui évoquera également les souvenirs de guerre. Enfin, un autre grand projet prendra forme en octobre au jardin de Sanayeh.

Statisme et mouvance
« J'ai créé une association, confie Rania Tabbara, du nom de Art in motion – moving art to public space to everyone, où je déplace l'art pour le public et dans les endroits publics. Le premier événement aura lieu en octobre 2016, au jardin de Sanayeh, où plus d'une vingtaine d'artistes d'ici et d'ailleurs se rassembleront sous le thème de résistance et persistance. Pourquoi ce choix ? Parce que le jardin, créé sous l'Ampire ottoman et destiné à l'art et la culture, a subi depuis plusieurs invasions. Je voulais mettre l'accent sur ce dialogue qui peut s'instaurer entre différents milieux et dans un espace ouvert... à tous. »

Chantet al-Malja' est d'une durée de seize minutes et a nécessité trois mois de travail. Un seul set, un seul éclairage, les mêmes questions. En split-screen comme pour instaurer un dialogue sur l'écran, Sonia, Fifi, Amale et les autres ont remonté le temps. Sur un fauteuil baignant dans une lumière tamisée, ces neuf femmes se sont assises. Elles ont répondu à quelques questions préparées à l'avance. Elles ont parlé, raconté chacune son expérience. Que mettaient-elles dans cette valise ? Comment la préparaient-elles ?
Où la posaient-elles ? Qu'en ont-elles fait par la suite ? Les souvenirs affluent. Les émotions aussi. À travers cette valise, ces femmes, ordinaires et extraordinaires à la fois, ont voyagé. Dans leur mémoire et dans la nôtre. Une mémoire collective rendue accessible à travers un objet. Mais aussi un rappel que cette valise existe encore.
« Tous ces émigrés, ces fugitifs de la mort, venus de tout pays en guerre, qui quittent leur pays dans un état de détresse absolue, ont-ils pensé à prendre une valise ? Étaient-ils préparés à ce départ ? » conclut Rania Tabbara.
Pour que l'histoire ne se répète pas de pays en pays, pour que l'on s'en souvienne...

Une valise est synonyme de voyage, d'agrément, d'évasion mais une valise peut signifier une fuite... pour la survie. C'est ce que cette chanta (valise), qu'on emmenait avec nous direction les abris, a représenté durant les décennies sombres de la guerre du Liban. Une sorte d'appui moral, de repère, de consolation, mais aussi une certaine amertume à vouloir faire contenir toute sa vie dans...
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