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À La Une - liban

La sécurité de l'Etat et des Libanais menacée par les réseaux internet illégaux, avertit Harb

"La qualité et la sophistication des installations prouvent que leurs propriétaires sont membres d'un réseau tentaculaire, professionnel et soutenu par une ou plusieurs parties", affirme le ministre des Télécoms.

Le ministre libanais des Télécoms, Boutros Harb, a tiré mercredi la sonnette d'alarme après la découverte dernièrement de plusieurs réseaux de télécoms illégaux sophistiqués, disséminés sur le territoire libanais, jusque-là à l'insu du gouvernement. Photo Michel Sayegh

Le ministre libanais des Télécoms, Boutros Harb, a tiré mercredi la sonnette d'alarme après la découverte dernièrement de plusieurs réseaux illégaux de télécommunications, disséminés sur le territoire libanais à l'insu du gouvernement.

"L'affaire est extrêmement dangereuse", a souligné le ministre sur un ton grave, lors d'une conférence de presse au siège du ministère, en présence notamment du PDG de la société des télécoms Ogero, Abdel Menhem Youssef.

"Ces réseaux illégaux qui ont été découverts sont une menace pour la sécurité de l'Etat, car certaines compagnies israéliennes fournissent ces réseaux en connexion internet", a précisé M. Harb.

La distribution illégale de services d'Internet se ferait, depuis plusieurs mois déjà, à partir de réseaux en provenance de Haïfa, dans le nord d'Israël, et de Chypre, entre autres, et qui seraient perméables à une surveillance par l'État hébreu.

"Ces installations constituent une violation des lois et des droits du secteur public et le manque à gagner annuel pour l'Etat est estimé à 60 millions de dollars par an", a fait savoir le ministre. "Nos équipes techniques ont découvert du matériel et des systèmes (...) de télécoms en plusieurs endroits, dont les hauteurs de Zaarour et de Denniyé", a-t-il ajouté.

M Harb a ensuite présenté des photos montrant le matériel saisi, notamment des tours de télécommunications, des antennes, des récepteurs et d'autres installations de grande ampleur. "Voilà le matériel utilisé pour violer la vie privée des Libanais et la sécurité de l'Etat, a dénoncé M. Harb. Ces systèmes étaient interconnectés, et leurs informations étaient reçues par des Etats étrangers, à l'insu du Liban".

 

(Lire aussi : Réseaux Internet illégaux : La sécurité de l'État gravement mise à nu ?)

 

"Comment ce matériel est-il entré au Liban via le port ou l'aéroport de Beyrouth ? Je ne sais pas, mais il est inadmissible de garder le silence. Des réponses doivent être obtenues", a martelé le ministre. Il a expliqué que "la qualité et la sophistication des installations prouvent que leurs propriétaires sont membres d'un réseau tentaculaire, professionnel et soutenu par une ou plusieurs parties", sans nommer ces parties.

"Certaines personnes impliquées étaient déjà épinglées lors de l'affaire des réseaux du Barouk en 2009. Mais elles ont réussi à nouveau à exercer leurs activités illégales", a regretté le ministre. À l'époque, il s'agissait d'une infiltration israélienne du système Internet libanais par le biais d'une station installée dans le Barouk que l'État s'est dépêché de démanteler. "Nous avons alerté la justice de l'affaire, et nous réclamons des sanctions contre les responsables, a dit le ministre. Les mesures que nous avons prises ont permis de mettre un terme aux agissements illégaux que nous avons découvert. Le procureur général financier, le juge Ali Ibrahim, a déjà engagé des poursuites contre les personnes impliquées, et nous souhaitons que les autorités compétentes poursuivent l'affaire".

Mardi, le juge Ibrahim a engagé des poursuites contre Imad Lahoud et Hagop Antranik, accusés d'avoir installé des câbles en fibre optique et mis en place un système de distribution illégale d'Internet dans la région de Zaarour. Toutefois, M. Harb a refusé de commenter la procédure judiciaire en cours "par souci de confidentialité".

 

(Lire aussi : Harb souligne la « gravité extrême » de l’activité de la société fournissant illégalement une liaison Internet)

 

Il a ensuite expliqué que "les Télécoms sont exclusivement gérées par l'Etat libanais. Les propriétaires du matériel saisi ne pourront sous aucune condition régulariser leur situation. Cela est impossible, en vertu de la loi".

Il a précisé que "ces services télécoms illégaux sont proposés à des prix extrêmement bas pour attirer une large clientèle". "Ce qui est plus dangereux, c'est que certaines administrations publiques ont été victimes de ces réseaux, bernées par les offres en question, parfois gratuites", a regretté M. Harb. Des services de sécurité et autres administrations libanaises, dont le palais présidentiel et le Parlement, auraient ainsi eu recours aux services fournis par les installations incriminées.

"J'ai contacté le président de la Chambre, Nabih Berry, ainsi que le chef du gouvernement, Tammam Salam, de même que le commandant en chef de l'armée, le général Jean Kahwagi, et les services de sécurité, et leur ai exposé les dangers présentés par ces systèmes de télécoms illégaux", a fait savoir le ministre. "J'ai également contacté les ambassades turque et chypriote afin de réclamer leur aide pour mettre un terme aux violations à l'encontre de notre Etat".

"Nous n'accepterons pas que la souveraineté de l'Etat et que la confidentialité des Libanais soient bafouées. Le ministère des Télécoms n'acceptera pas ainsi d'étouffer l'affaire, car elle relève de la sécurité nationale", a martelé M. Harb.

Interrogé par une journaliste sur la date exacte à laquelle ces réseaux ont été installés, le ministre n'a pas donné de précisions. "Lorsque nous avons su qu'il y a des réseaux illégaux, nous avons agi", s'est-il contenté de répondre.

Commentant l'affaire, Nabih Berry, cité par ses visiteurs, a insisté sur "la nécessité de suivre l'enquête car ce scandale n'a pas seulement provoqué des pertes financières (à l'Etat), mais a également porté atteinte à la souveraineté nationale, sachant que les compagnies incriminées sont en contact avec d'autres, israéliennes".

 

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"L'affaire est extrêmement dangereuse", a souligné le ministre sur un ton grave, lors d'une conférence de presse au siège du ministère, en...

commentaires (3)

On comprend mal comment les administrations publiques ont été victimes de ces réseaux illégaux surtout que nous vivons dans un petit pays .

Sabbagha Antoine

21 h 13, le 16 mars 2016

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Commentaires (3)

  • On comprend mal comment les administrations publiques ont été victimes de ces réseaux illégaux surtout que nous vivons dans un petit pays .

    Sabbagha Antoine

    21 h 13, le 16 mars 2016

  • Il y a belle lurette que tout le monde sait que "la sécurité de l'État et des libanais est menacée par les réseaux internet illégaux , à commencer par celui,connu de tous, du Hezbollah. Comment notre ministre peut-il oublier de le mentionner ?

    Yves Prevost

    17 h 42, le 16 mars 2016

  • "...les Télécoms sont exclusivement gérées par l'Etat libanais..." et la milice du Hezbollah avec ses armes aussi ? Ces ingérences étrangères sur nos réseaux internet ne sont-elles pas justement la conséquence de cette présence d'un "Etat dans l'Etat libanais" qu'est le Hezbollah ? Ce parti ne nous a attiré que des catastrophes depuis le début de son existence sur notre sol ! Par ailleurs on pleure en public pour les 60 millions de dollars de manque à gagner par an pour l'Etat libanais...mais on se tait sur toutes les autres sommes faramineuses perdues à cause de la corruption de presque tous ceux qui sont censés gouverner ce pauvre pays ! Irène Saïd

    Irene Said

    16 h 50, le 16 mars 2016

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