A l'occasion du onzième anniversaire du 14 Mars, plusieurs ténors de l'alliance ont tenté lundi de rassurer leur public vis-à-vis de la crise qui la secoue, assurant que le projet politique porté par la coalition reste le plus à même de sauver le Liban.
"Crise temporaire"
Le chef des Forces libanaises (FL), Samir Geagea, a ainsi affirmé que la crise au sein du 14 Mars était "temporaire", et que "les objectifs de la révolution du Cèdre ne seront pas abandonnés".
"Ce n'est pas parce que les circonstances nous ont conduits cette année à nous exprimer individuellement que l'anniversaire est oublié", a déclaré Samir Geagea lors d'une conférence de presse à Meerab. "Malgré les difficultés et les défis, les objectifs de la révolution du Cèdre ne seront pas abandonnés. Il y a une crise mais cela ne veut pas dire que le 14 Mars n'existe plus", a-t-il expliqué.
"Je tiens à rassurer tous les partisans de l'indépendance, la crise au sein du 14 Mars n'est que temporaire", a-t-il ajouté, les appelant à cesser l'autoflagellation "car le combat contre le projet du 14 Mars n'est pas politique, mais il est mené à coups d'attentats".
De son côté, l'ancien ministre Mohammad Safadi a estimé que "le 14 Mars se limite aujourd'hui à sa commémoration alors qu'il devrait être le rendez-vous annuel de notre allégeance à un Liban souverain, libre et indépendant". "Les pratiques politiques de ces dix dernières années ont douché les espoirs des Libanais qui ont porté le projet de l'unité nationale, de la construction de la citoyenneté et de la libération de toutes les tutelles", a-t-il poursuivi.
(Lire aussi : N. Gemayel à « L’OLJ » : Le 14 Mars est un message de paix et de démocratie)
Appel à sauver le Liban
Plus tôt dans la journée, le secrétaire général du 14 Mars, Farès Souhaid, avait déploré la crise au sein du 14 Mars.
"Il est triste de voir le secrétaire général du 14 Mars apparaître à l'occasion de cet anniversaire alors que les Libanais avaient pris l'habitude de voir les ténors de la coalition réunis, les 10 années précédentes", a-t-il dit. "La crise au sein du mouvement est très grave, provoquée par l'isolement des composantes politiques essentielles du 14 Mars et leur entêtement à faire passer les priorités confessionnelles sur toute autre considération", a-t-il expliqué.
"Le message du 14 Mars est un projet que nous devons défendre. Nous devons revenir aux fondamentaux, mais également renouveler les options et les choix politiques de l'intifada de l'indépendance", a expliqué le secrétaire général du 14 Mars.
Affirmant son attachement "à l'accord de Taëf, à la Constitution et à l'appartenance du Liban au monde arabe", M. Souhaid a dénoncé "l'hérésie de la présence d'armes en dehors de l'État", en référence au Hezbollah. "Nous aimons la vie, la liberté et le Liban", a-t-il martelé.
"Je lance un appel à ceux qui partagent notre vision en vue de sauver le Liban. Le pays et la région font face à des défis périlleux. Des régimes ont été renversés. Aujourd'hui, plus que jamais, nous devons casser les forteresses partisanes et confessionnelles pour bâtir l'unité nationale", a estimé M. Souhaid.
"Le mois du soulèvement libanais et de la révolution syrienne"
Sur Twitter, le chef du Parti socialiste progressiste, Walid Joumblatt, qui a été de 2005 à 2009 l'un des grands piliers de l'alliance du 14 Mars, a noté que le mois de mars est celui du "soulèvement libanais et de la révolution syrienne".
"Le mois de mars est celui du dieu romain de la guerre, c'est celui du sang de Kamal Joumblatt (assassiné en mars 1977) et de tous les innocents du Chouf (tués en représailles au meurtre de Kamal Joumblatt). Mars est le mois du martyr Rafic Hariri et de tout le Liban", écrit le leader druze.
"Ils (en allusion au régime syrien) sont entrés (au Liban) sur le sang de Kamal Joumblatt, et s'en sont sortis sur celui de Rafic Hariri. Mars est le mois du peuple syrien, des enfants de Deraa (ville méridionale syrienne où les premières manifestations ont été réprimées dans le sang, en mars 2011). C'est aussi le mois du soulèvement libanais et de la révolution syrienne, des tempêtes et des séismes, du printemps et de l'espoir", a conclut M. Joumblatt.
Le ministre du Tourisme, Michel Pharaon, a pour sa part fait part d'un "sentiment de douleur et d'espoir à la fois, aujourd'hui. (...) Le projet du 14 Mars n'aboutira pas sans stratégie de défense de sorte à ce que les décisions de guerre et de paix soient exclusivement aux mains de l'Etat, et qu'il n'y ait pas d'armes qui échappent à son contrôle". Et de conclure: "Les assassinats politiques, le blocage, la paralysie de l'Etat, le sabotage de l'élection présidentielle sont des preuves des attaques contre le 14 Mars".
En soirée, des dizaines de partisans de la coalition se sont rassemblés place Sassine, à Achrafieh, en réponse à l'appel du député Nadim Gemayel. "Vous représentez les Libanais qui ont manifesté le 14 mars 2005", a dit M. Gemayel. "D'aucuns estiment que notre présence aujourd'hui signe l'arrêt de mort des forces du 14 Mars et de la Révolution du Cèdre, mais il n'en est rien. Il faut beaucoup pour enterrer cette révolution", a ajouté le député de Beyrouth.
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commentaires (5)
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22 h 00, le 14 mars 2016