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Liban - Entretien

N. Gemayel à « L’OLJ » : Le 14 Mars est un message de paix et de démocratie

Le député appelle à un rassemblement place Sassine, ce soir à 19 heures.

Nadim Gemayel a appelé les partisans du 14 Mars à un rassemblement ce soir à 19 heures place Sassine, « munis du seul drapeau libanais ».

À l'occasion du 11e anniversaire du 14 Mars, le député d'Achrafieh-Rmeil-Saïfi, Nadim Gemayel, a appelé à un rassemblement ce soir à 19 heures à la place Sassine, à côté du monument du président assassiné Bachir Gemayel. Pour le député, il faut « se remémorer nos martyrs et renouveler notre engagement auprès des 1 million et demi de Libanais qui ont adhéré aux principes, aux valeurs et à l'esprit de la révolution du Cèdre ».
L'Orient-Le Jour a saisi cette occasion pour faire le point avec Nadim Gemayel sur le mouvement du 14 Mars et ses perspectives d'avenir.

Onze ans après sa formation, le mouvement du 14 Mars existe-t-il toujours ?

C'est la question que tout le monde se pose, parce que les partis politiques qui constituent le 14 Mars sont désunis. Or pour moi, le 14 Mars c'est plus que cela. C'est un message de paix, de démocratie, de souveraineté, relatif directement à l'individu lui-même. Le 14 mars 2005, le peuple a de lui-même rejeté la tutelle syrienne, l'establishment politique de l'époque. Or les objectifs n'ont pas été réalisés et on en est à demander à nouveau aujourd'hui au peuple du 14 Mars de se soulever une nouvelle fois.

Justement, le 14 mars 2005, où pensiez-vous que le Liban se situerait 11 ans plus tard, tant sur le plan politique que socio-économique ?

Onze ans plus tard, j'aurais imaginé un Liban beaucoup plus solide politiquement, où une grande partie de la classe qui a régné durant les années de tutelle aurait cessé d'exercer. Un Liban où les armes illégales, notamment celles du Hezbollah, n'auraient plus lieu d'être et où le parti aurait été cantonné à un simple rôle politique. J'aurais imaginé un pays où la démocratie règnerait en maître et où les élections auraient été organisées en temps voulu. Mais après 2005, le pays a connu un dérèglement complet. D'abord avec l'offensive israélienne de 2006, mais aussi et ce que nous oublions souvent, les assassinats politiques en série qui ont changé la règle du jeu. L'assassinat de Rafic Hariri en février 2005 a libéré le peuple de ses peurs, mais les assassinats qui ont suivi ont, au contraire, semé la terreur et c'est cela qui a changé la donne.

Cette peur, vous la comprenez ?

Je la comprends, bien sûr. Il est normal d'avoir peur. Mais il y a une différence entre comprendre la peur et s'y soumettre.

Vous appelez à un rassemblement place Sassine ce soir, autour du monument érigé à la mémoire de Bachir Gemayel. Pourquoi et quel en est l'objectif ?

C'est un mouvement symbolique auquel nous appelons aujourd'hui. Il s'agit d'une part de recréer cette étincelle, qui était à la base du mouvement du 14 Mars. Mais la rue c'est aussi le seul moyen de faire face à la peur, de rester unis contre celle-ci. La rue, c'est le seul mouvement qui protège les citoyens. Il faut que la jeunesse montre qu'elle n'accepte pas que son leadership ait bafoué les principes du 14 Mars. Il faut pousser à une nouvelle dynamique.

Une remobilisation de la base populaire du 14 Mars est-elle encore possible malgré un grand sentiment de désillusion ?

Il est de notre devoir de corriger cette perte de confiance. Il faut la rebâtir à nouveau entre les citoyens et leurs dirigeants.

Comment expliquer que le 14 Mars n'ait pas appelé à une grande manifestation aujourd'hui ?

Il n'y a vraisemblablement aucune volonté de mobiliser, ne serait-ce que symboliquement.

N'est-il pas temps d'opérer une remise en question, ou au moins une autocritique constructive qui d'ailleurs a été prônée par Saad Hariri lors de son discours prononcé au Biel le 14 février dernier ?

Il n'y a pas de remise en question à l'ordre du jour aujourd'hui. Bien au contraire, il y a... comme une continuité dans l'absurdité. J'espère vraiment qu'on va parvenir à remettre les choses à plat pour repartir encore plus forts, mais ce n'est pas à l'ordre du jour. On note un véritable manque de coordination entre les pôles, peut-être par volonté de ne pas s'attarder sur les divergences actuelles, de ne pas les aggraver.

À ce propos, vous qualifiez le compromis préparé par Saad Hariri et qui a conduit à la validation de la candidature de Sleiman Frangié à la présidence de « honteux ». Campez-vous sur votre position, sachant que celle de Michel Aoun a ensuite été avalisée par Samir Geagea ?

Tout à fait. Toutes ces candidatures sont pour moi une grande déception. Je maintiens ma position, mais je ne souhaite pas entrer dans les détails car alors que nous discutons de cela, le débat est bien plus global, bien plus important. Il faut se servir des ruines politiques dans lesquelles nous nous trouvons pour revenir plus forts.

Le 14 Mars, en tant que mouvement transcommunautaire, transpartisan et soucieux d'édifier un État de droit ne devrait-il pas être le porte-étendard des causes sociales et économiques ? Pourquoi ce mouvement est-il absent lorsqu'il s'agit de prendre une position par rapport à la crise des déchets, par exemple ?

En théorie, si. Mais parce que la structure du régime politique qui prévalait avant 2005 a été préservée et acceptée 11 ans durant, la corruption qui y régnait a également été préservée. Nous avons raté notre chance en 2005 de faire évoluer les choses. On a pris les mêmes et on a recommencé. Aujourd'hui, nous payons le prix de nos choix, puisque c'est une classe politique qui manque totalement d'intérêt pour les projets d'ordre social, économique ou de développement. Nous sommes dans une logique de « la loi du plus fort », alors que nous aurions dû revenir aux règles du jeu démocratique.


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commentaires (4)

LES RÉVOLUTIONS À LA GHANDI SONT DU PASSÉ ! À CELUI QUI TIENT UN PISTOLET BRAQUÉ SUR VOTRE TÊTE VOUS N'OFFREZ PAS DES BONBONS... JEU DE BANBINS...

LA LIBRE EXPRESSION

14 h 13, le 14 mars 2016

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Commentaires (4)

  • LES RÉVOLUTIONS À LA GHANDI SONT DU PASSÉ ! À CELUI QUI TIENT UN PISTOLET BRAQUÉ SUR VOTRE TÊTE VOUS N'OFFREZ PAS DES BONBONS... JEU DE BANBINS...

    LA LIBRE EXPRESSION

    14 h 13, le 14 mars 2016

  • Amouuuuurrrrr , gloire et beautééééééééééééé !!!!!

    FRIK-A-FRAK

    11 h 14, le 14 mars 2016

  • Je ne comprend pas cette attitude politicienne ...qui mène à tout et ne conduit à rien...

    M.V.

    09 h 22, le 14 mars 2016

  • Le 14 Mars, en tant que mouvement soucieux d'édifier un État de droit, pourquoi est-il absent lorsqu'il s'agit de prendre une position par rapport à la crise des déchets, par exemple ? "Mais parce que la structure du régime qui prévalait avant 2005 a été préservée et la corruption qui y régnait a également été préservée. On a pris les mêmes et on a recommencé. Aujourd'hui, nous payons le prix de nos choix, puisque c'est une classe politique qui manque totalement d'intérêt pour les projets d'ordre social, économique ou de développement." ! Mais alors, que fiche son parti, aux côtés de ce héZébbb et du 8 Mars, au sein de ce "gouvernement" ?

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    04 h 00, le 14 mars 2016

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