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À La Une - Europe

Les vieilles centrales nucléaires de la France dans le collimateur de ses voisins

"Pour nous, des réacteurs aussi vieux constituent un risque sécuritaire", a précisé un porte-parole de la ministre allemande de l'Environnement.

L'Allemagne a réitéré vendredi son souhait de voir fermer la centrale nucléaire française de Fessenheim, au moment où d'autres voisins de la France s'interrogent sur la sécurité de ses réacteurs. AFP / SEBASTIEN BOZON

L'Allemagne a réitéré vendredi son souhait de voir fermer la centrale nucléaire française de Fessenheim, au moment où d'autres voisins de la France s'interrogent sur la sécurité de ses réacteurs.

La centrale de Fessenheim, mise en service en 1977 et toute proche de la frontière avec l'Allemagne et la Suisse, devrait être "débranchée", a déclaré vendredi la ministre allemande de l'Environnement Barbara Hendricks, une social-démocrate. Mme Hendricks avait déjà exprimé ce point de vue sur Fessenheim, revenue dans l'actualité en Allemagne vendredi à propos d'un incident survenu en 2014.
"Il n'y a pas de raisons de fermer" Fessenheim, qui se trouve "dans la moyenne" des centrales françaises, avec un niveau de sécurité "globalement satisfaisant", a répliqué dans l'après-midi une responsable de l'Autorité française de sûreté nucléaire (ASN), dans un entretien avec l'AFP.

Deux médias allemands, le journal Süddeutsche Zeitung et la chaîne de télévision régionale WDR, affirment que l'incident survenu le 9 avril 2014 a été plus important qu'annoncé par les autorités et citent un expert assurant qu'un réacteur a même été "momentanément incontrôlable" avant son arrêt d'urgence.
Berlin ne conteste pas la classification par la France de l'incident au "niveau 1" de gravité, soit une anomalie sans conséquences, mais pour Mme Hendricks, cet incident "montre" que la demande allemande de "débrancher Fessenheim" est "justifiée". "Pour nous, des réacteurs aussi vieux constituent un risque sécuritaire", a précisé un porte-parole de la ministre, évoquant "les inquiétudes des habitants des régions frontalières".

Voisins de la France irrités
En septembre dernier, Mme Hendricks, mais aussi les responsables politiques de la région frontalière du Bade-Wurtemberg, avaient déjà fait part de leur mécontentement quand la France avait annoncé vouloir prolonger la vie de la doyenne des centrales jusqu'en 2018 - alors que le président François Hollande avait promis de l'arrêter avant la fin de son quinquennat en 2017.

La centrale alsacienne, détenue en commun par la compagnie française EDF, l'Allemand EnBW et les Suisses Alpiq, Axpo et BKW, n'est pas la seule à irriter les pays voisins de la France.
Les Verts allemands - dans l'opposition au niveau fédéral mais au pouvoir dans deux États régionaux limitrophes de l'Alsace où les électeurs sont appelés aux urnes le 13 mars - ont rendu publiques la semaine dernière les conclusions d'un rapport qu'ils ont commandité sur la centrale de Cattenom, en Moselle.

Plusieurs équipements techniques de sécurité de Cattenom "ne fonctionnent pas indépendamment les uns des autres", contrairement à ce qui devrait se passer. "Il y a un risque qu'en cas de problèmes non pas seulement une installation mais plusieurs tombent en panne en même temps", soulignent les Verts, qui réclament "la fermeture immédiate" d'une centrale qu'ils comparent à "une voiture dont les freins ne fonctionneraient pas".

Le Luxembourg, voisin de la Moselle, va transmettre cette étude à la Commission européenne "pour avis", a dit à l'AFP vendredi un porte-parole du ministère luxembourgeois des Infrastructures, et étudie par ailleurs "toutes les possibilités juridiques à (sa) disposition concernant la centrale de Cattenom".

 

Transition énergétique
"Le niveau de sûreté des centrales est systématiquement réévalué au regard des meilleures pratiques internationales", rétorque l'opérateur des centrales françaises, EDF, faisant valoir qu'il est "l'exploitant le plus audité du monde" par l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA).
Cette semaine, le canton suisse de Genève et la ville de Genève ont annoncé avoir porté plainte contre X pour "mise en danger délibérée de la vie d'autrui et pollution des eaux" à propos de la centrale du Bugey, dans l'Ain. Les griefs sont anciens, et la plainte est la dernière étape en date d'une longue bataille.

Les tiraillements entre la France et ses voisins interviennent à un moment où la ministre française de l’Écologie et de l'Environnement Ségolène Royal se dit "prête" à allonger de dix ans la durée de vie des centrales françaises - sauf de celle de Fessenheim justement. Mais "sur ce sujet, c'est (l'Autorité de sûreté nucléaire) l'ASN qui décide", rappelait vendredi dans un entretien avec la presse Pierre-Franck Chevet, président de cette autorité administrative indépendante.

Le parc nucléaire français, avec ses 58 réacteurs datant pour la plupart des années 80, a "un âge déjà respectable, qui oblige aussi à se demander comment améliorer la sûreté" en fonction des nouvelles normes, a-il dit au quotidien Libération.
L'Allemagne, en pleine transition énergétique, arrête progressivement ses propres réacteurs nucléaires, dont le dernier sera débranché en 2022.

L'Allemagne a réitéré vendredi son souhait de voir fermer la centrale nucléaire française de Fessenheim, au moment où d'autres voisins de la France s'interrogent sur la sécurité de ses réacteurs.
La centrale de Fessenheim, mise en service en 1977 et toute proche de la frontière avec l'Allemagne et la Suisse, devrait être "débranchée", a déclaré vendredi la ministre allemande de...
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