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À La Une - Liban

Crise des déchets : Salam met la pression

Plusieurs ministres ont condamné jeudi la décision  prise la veille par les monarchies arabes du Golfe de classer le Hezbollah comme organisation "terroriste".

Le Premier ministre libanais, Tammam Salam, a annoncé jeudi lors de la séance du Conseil des ministres qu'il ne convoquerait pas le gouvernement à une prochaine séance si la crise des déchets ménagers n'est pas réglée au cours des prochains jours. Photo Dalati et Nohra

Le Premier ministre libanais, Tammam Salam, a annoncé jeudi lors de la séance du Conseil des ministres qu'il ne convoquerait pas le gouvernement à une prochaine séance si la crise des déchets ménagers n'est pas réglée au cours des prochains jours. Les ministres ont également examiné les suites de la crise avec l'Arabie saoudite, au lendemain de la décision des monarchies du Golfe et des ministres arabes de l'Intérieur de classer le Hezbollah comme organisation "terroriste".

Salam se donne "encore quelques jours"
"Tammam Salam a assuré qu'il ne convoquerait pas de Conseil des ministres la semaine prochaine si aucune solution à la crise des déchets n'était trouvée", a indiqué le ministre de l'Information Ramzi Jreige à l'issue de la séance du Cabinet.

A l'ouverture de la réunion, M. Salam a averti que le gouvernement n'aurait plus de raison d'être si aucune solution n'était trouvée à ce dossier.
"Nous avons fait des progrès sur l'élaboration d'une solution à la crise. Je me donne encore quelques jours. Si nous ne parvenons pas à une solution définitive, j'annoncerai que le gouvernement a échoué dans sa mission et qu'il n'y a plus de raison qu'il continue d'exister", a-t-il ajouté.

Plus tôt dans la journée, le ministre de l'Agriculture, Akram Chehayeb, avait tenu des propos allant dans le même sens, affirmant que si la commission ministérielle chargée de la crise des déchets ne parvenait pas à une solution, "chacun devrait rester chez soi". Il a toutefois précisé qu'un accord avait été trouvé sur l'aménagement de décharges sanitaires dans certaines régions.
Dans la matinée, le chef du Parti socialiste progressiste, Walid Joumblatt, avait, lui, estimé sur son compte Twitter que "la crise des déchets ménagers ne se règlera pas par des communiqués, mais dans le calme, loin du fracas de la campagne pour les élections municipales ou législatives".

Depuis la fermeture de la décharge de Naamé, le 17 juillet 2015, le Liban fait face à une crise sans précédent des ordures ménagères. Le gouvernement libanais avait dernièrement opté pour l'exportation des déchets (pour une période de 18 mois), notamment vers la Russie, avant que le plan ne tombe à l'eau. L'État semble privilégier à nouveau la solution des décharges sanitaires à travers le pays, un choix qui avait été rejeté par les populations locales concernées.

 

(Lire aussi : Le Conseil des ministres pourrait avaliser l’option des incinérateurs)

 

"Une décision qui convient à Israël"
Autre dossier examiné par le gouvernement : la décision des monarchies arabes du Golfe de classer comme organisation "terroriste" le Hezbollah, prise la veille dans la foulée du gel par l'Arabie saoudite de l'aide financière aux forces armées libanaises.
"Le gouvernement réaffirme son attachement au communiqué publié la semaine dernière", a simplement indiqué Ramzi Jreige. Dans ce texte, le gouvernement affirmait notamment son attachement à l'unanimité arabe.

Cette unanimité tranche cependant avec les déclarations de certains ministres avant le début du Conseil des ministres. "La décision des pays du Golfe est compatible avec l'établissement de relations avec Israël", avait notamment lâché le ministre d'État Mohammad Fneich, membre du Hezbollah. "Cette décision est une aberration et vient en soutien au terrorisme takfiriste", a-t-il poursuivi.
"Les États du Golfe sont libres de leur décision mais elle ne nous concerne pas", a pour sa part estimé le ministre du Travail Sejaan Azzi. "Si nous considérions le Hezbollah comme un groupe terroriste, nous aurions démissionné, et le Hezbollah aussi", a-t-il poursuivi.

 

(Lire aussi : Le Liban s’invite aux entretiens du prince héritier d’Arabie, demain, à Paris)

 

Machnouk se défend
De son côté, le ministre de l'Education, Élias Bou Saab, a estimé que la position exprimée la veille par le ministre libanais de l'Intérieur, Nouhad Machnouk, lors de la réunion de ses homologues arabes à Tunis, "ressemble peu ou prou à celle du ministre des Affaires étrangères, Gebran Bassil".

Dans un communiqué, les ministres arabes de l'Intérieur ont condamné "les pratiques et les actes dangereux du Hezbollah terroriste pour déstabiliser la sécurité dans certains pays arabes". Ils s'en sont par ailleurs pris aux "pratiques iraniennes visant à déstabiliser la sécurité à Bahreïn et dans de nombreux pays arabes, ainsi qu'à saboter la coexistence pacifique entre les composantes de la société arabe, en mobilisant au plan sectaire et en excitant les sentiments confessionnels", soutenant les sanctions des pays arabes contre Téhéran. Nouhad Machnouk s'est opposé à ce que le Hezbollah soit qualifié de "terroriste" dans le communiqué final de la réunion.

Jeudi, il a assuré que sa prise de position était coordonnée avec Tammam Salam.
"Ma position n'est absolument pas comparable" à celle du ministre des Affaires étrangères, a-t-il déclaré dans un entretien accordé au quotidien local al-Moustaqbal, affirmant ne pas s'être "opposé à l’unanimité arabe". "En dehors du Liban, je ne peux que défendre l'ensemble des Libanais", a-t-il expliqué.

"Une dette saoudienne réglée au profit d'Israël"
Le bloc parlementaire du Hezbollah a lui aussi condamné la décision des pays du CCG, la qualifiant d'"acte sot, agressif et irresponsable, dont l'Arabie saoudite assume la responsabilité". "Cette décision ne nous étonne pas, car il s'agit d'une dette saoudienne réglée au profit d'Israël. Cette position renforce notre conviction et nous poussera à condamner encore plus les agissements de l'Arabie saoudite", a relevé le bloc à l'issue de sa réunion hebdomadaire dans un communiqué lu par le député Hassan Fadlallah.

Même son de cloche de la part du chef du courant Marada, Sleiman Frangié. Ce dernier a regretté la décision des Etats du Golfe "qui fait le jeu de notre seul ennemi commun, Israël". "La résistance du Hezbollah fait la fierté du Liban et des Arabes", a-t-il indiqué sur son compte Twitter.

 

Le CCG formé de l'Arabie saoudite, du Qatar, de Bahreïn, du Koweït, des Emirats arabes unis et d'Oman, a classé mercredi comme "terroriste" le Hezbollah, poids lourd du gouvernement libanais et soutien du régime de Bachar el-Assad en Syrie. Ces monarchies sunnites accusent le Hezbollah de servir de tête de pont à l'Iran chiite pour s'ingérer dans les affaires des pays arabes. Elles l'accusent de "recruter les jeunes (du Golfe) pour perpétrer des actes terroristes" et de "tenter de déstabiliser" leurs pays.
Leur décision est intervenue au lendemain d'un virulent discours du chef du Hezbollah Hassan Nasrallah qui a accusé l'Arabie saoudite d’œuvrer pour une "sédition entre musulmans sunnites et chiites".

 

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commentaires (3)

LA PRESSION OU L,IMPRESSION ?

LA LIBRE EXPRESSION

20 h 35, le 03 mars 2016

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Commentaires (3)

  • LA PRESSION OU L,IMPRESSION ?

    LA LIBRE EXPRESSION

    20 h 35, le 03 mars 2016

  • Regarde comme ils s'entendent...

    NAUFAL SORAYA

    19 h 13, le 03 mars 2016

  • ON LA VOIT TRÈS BIEN CETTE PRESSION QUE SALAM IMPOSE, LES EXPRESSIONS DE CES GENS LÀ SUR CETTE PHOTO SONT LA PREUVE. CHICHE

    Gebran Eid

    16 h 09, le 03 mars 2016

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