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Moyen Orient et Monde - Turquie

Erdogan dénigre la Cour constitutionnelle après la libération de deux journalistes

MM. Dündar et Gül, accusés d'espionnage, avaient publié un article accusant le régime d'Ankara de fournir des armes aux groupes islamistes syriens.

Le président Erdogan assure ne pas « respecter » la Cour constitutionnelle, l’une des rares institutions qui ne lui est pas acquise. Adem Altan/AFP

Le président turc Recep Tayyip Erdogan s'en est violemment pris hier à la Cour constitutionnelle, la plus haute autorité judiciaire du pays qui a permis la libération de deux journalistes d'opposition emprisonnés. « Je ne suis pas en position d'approuver cette décision (de la Cour constitutionnelle). Je le dis très clairement : je n'ai pas de respect pour elle », a martelé lors d'une conférence de presse le chef de l'État avant de quitter le pays pour une visite diplomatique en Afrique de l'Ouest. Can Dündar, rédacteur en chef du quotidien d'opposition Cumhuriyet, et Erdem Gül, son chef de bureau à Ankara, ont été libérés vendredi après plus de 90 jours de détention provisoire. « Je crois fermement dans la défense de la liberté d'expression. Mais je ne crois pas que la liberté d'expression puisse être utilisée pour attaquer le pays de manière masquée. Et il ne s'agit pas ici de liberté d'expression, mais d'une affaire d'espionnage », a jugé le président turc. « Il ne peut y avoir de liberté de la presse sans limites. Cela n'existe nulle part dans le monde », a-t-il souligné.
La Cour constitutionnelle avait estimé la veille que leurs droits avaient été « violés », ce qui avait entraîné leur remise en liberté. Accusés d'avoir divulgué des secrets d'État, ils seront jugés à partir du 25 mars. La Cour constitutionnelle est l'une des rares institutions turques qui n'est pas contrôlée par M. Erdogan, la plupart de ses membres ayant été nommés avant son accession à la présidence en 2014. À plusieurs reprises, elle a désavoué le gouvernement islamo-conservateur en annulant les dispositions de lois controversées.
« Aujourd'hui, le président a tenté de donner des leçons à l'institution judiciaire, piétinant la Constitution. C'est un abus de pouvoir irresponsable », a commenté au Parlement Özgür Özel, un des dirigeants du Parti républicain du peuple (CHP, opposition social-démocrate), évoquant la mise en place d'un « coup d'État ».

« Payer le prix fort »
L'incarcération des deux journalistes avait suscité un tollé en Turquie comme hors de ses frontières, renforçant les craintes sur la volonté du régime de museler la liberté d'expression. Farouches adversaires du régime turc, MM. Dündar et Gül sont accusés d'espionnage, de divulgation de secrets d'État et de tentative de coup d'État. En cause, la diffusion en mai d'un article sur l'interception par des gendarmes turcs en janvier 2014 à la frontière syrienne de camions appartenant aux services secrets turcs et transportant des armes destinées à des rebelles islamistes en Syrie. Publié à quelques jours des élections législatives de juin 2015, l'article avait provoqué la fureur du président turc, dont le gouvernement a toujours catégoriquement nié tout soutien aux groupes islamistes hostiles au président Bachar el-Assad. Ankara réclame avec insistance son départ depuis le début de la guerre civile en Syrie. Le chef de l'État, qui a personnellement porté plainte contre les deux journalistes, avait promis qu'ils allaient payer « le prix fort ». Le parquet d'Istanbul a requis à leur encontre la prison à vie, provoquant une onde de choc.
Saluant une « décision historique » de la Cour constitutionnelle, Can Dündar, journaliste réputé, avait promis vendredi à sa sortie du centre de détention de Silivri, en périphérie d'Istanbul, de continuer à se battre pour la liberté de la presse « jusqu'à ce que le camp de concentration que vous voyez derrière nous devienne un musée ». Le gouvernement turc au pouvoir depuis 2002 est régulièrement montré du doigt pour ses pressions sur les médias. La Turquie pointe à la 149e place sur 180 au classement mondial de la liberté de la presse publié par Reporters sans frontières (RSF).

(Source : AFP)

Le président turc Recep Tayyip Erdogan s'en est violemment pris hier à la Cour constitutionnelle, la plus haute autorité judiciaire du pays qui a permis la libération de deux journalistes d'opposition emprisonnés. « Je ne suis pas en position d'approuver cette décision (de la Cour constitutionnelle). Je le dis très clairement : je n'ai pas de respect pour elle », a martelé lors d'une...

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