Le gouvernement libanais, accusé par l'Arabie saoudite d'avoir pris des positions en faveur de son rival iranien sous l'influence du Hezbollah, doit "réparer l'erreur" commise envers Riyad, a affirmé à l'AFP l'ambassadeur saoudien à Beyrouth.
"Un haut responsable du gouvernement libanais a commis deux erreurs consécutives à l'égard du royaume d'Arabie saoudite", a affirmé Ali Awad Assiri dans une interview à l'AFP, en référence au ministre des Affaires étrangères Gebran Bassil. "Cela a contrarié le royaume et ses dirigeants, il faut donc réparer l'erreur avec sagesse et courage", a-t-il ajouté, sans élaborer.
La tension entre les deux pays est montée d'un cran après le refus du Liban de condamner tant au sein de la Ligue arabe que de l'Organisation de la coopération islamique (OCI), les attaques le mois dernier contre les représentations diplomatiques de l'Arabie saoudite en Iran par des manifestants.
Ces attaques avaient suivi l'exécution le 2 janvier d'un dissident chiite saoudien, Nimr al-Nimr, qui a provoqué la rupture des relations diplomatiques entre Riyad et Téhéran, à l'initiative de l'Arabie saoudite.
Offusqué, le royaume a réagi en gelant une aide de 4 milliards de dollars destinés à l'armée et aux forces de sécurité libanaises, expliquant avoir pris cette décision en réaction aux positions inspirées par le Hezbollah et jugées hostiles à son égard.
Mardi, Riyad a encore fait monter la pression en demandant à ses citoyens de quitter le Liban et déconseillant tout voyage dans ce pays. C'est la première fois que l'Arabie saoudite demande aussi clairement à ses ressortissants d'éviter ce pays de la Méditerranée très prisé par les touristes saoudiens.
(Lire aussi : Crise diplomatique Liban-Arabie : la tension ne baisse pas)
Les nouvelles pressions sur Beyrouth interviennent en dépit de l'affirmation par le Conseil des ministres libanais, réuni lundi en session extraordinaire, de son "attachement au consensus et son soutien aux frères arabes". Le Premier ministre Tammam Salam a annoncé à l'occasion vouloir effectuer une tournée dans le Golfe pour réparer les dégâts.
L'ambassadeur a estimé que ce que le gouvernement libanais a fait "n'est pas suffisant en comparaison avec la position du Liban envers le royaume devant la communauté internationale". "Un lien étroit et historique lie le Liban au royaume, nous nous attendions à mieux que cela", a-t-il ajouté.
A la question de savoir si Riyad envisage de prendre des mesures à l'égard des Libanais qui travaillent sur son sol, Ali Awad Assiri a affirmé que "cela relève des autorités saoudiennes", ajoutant néanmoins que "le royaume tient au peuple libanais où qu'il soit". Et de poursuivre : "J'espère que nous n'arriverons pas à cette extrémité et que le gouvernement libanais prendra des mesures satisfaisantes pour l'Arabie saoudite".
L'Arabie saoudite est à couteaux tirés avec l'Iran qui soutient, tout comme le Hezbollah, le régime du président syrien Bachar el-Assad, tandis que Riyad milite pour sa chute et appuie l'opposition syrienne.
Le Hezbollah et l'Iran dénoncent en outre l'intervention militaire saoudienne contre les rebelles chiites houthis au Yémen.
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commentaires (7)
La seule mesure à prendre : virer Bassil des AE
FAKHOURI
13 h 16, le 25 février 2016