Crise diplomatique Liban-Arabie : la tension ne baisse pas

La tension provoquée au Liban par la décision de l'Arabie saoudite d'arrêter le don de quatre milliards de dollars aux forces armées libanaises était loin de baisser mercredi. Riyad avait annoncé cette décision vendredi dernier, accusant Beyrouth de favoriser les intérêts de son rival iranien sous l'influence du Hezbollah.

Le chef du gouvernement, Tammam Salam, conscient de la gravité de la situation, a ainsi reçu au Grand Sérail l'ambassadeur saoudien, Ali Awad Assiri, à qui il a demandé de transmettre un message au roi Salmane d'Arabie. "Ma visite au Grand Sérail aujourd'hui intervient à l'invitation de M. Salam qui m'a demandé de faire parvenir un message au roi" Salmane, a confirmé M. Assiri. Aucune information sur la teneur du message n'a été dévoilée. A l'issue du Conseil des ministres qui s'était tenu lundi, M. Salam avait affirmé qu'il comptait se rendre en tournée auprès des pays du Conseil de coopération du Golfe, afin de débattre de la crise diplomatique.

Le chef du Courant du Futur, Saad Hariri, a de son côté réitéré, devant ses visiteurs à la Maison du centre, ses critiques à l'égard du parti chiite. "Le Hezbollah et ses alliés s'estiment plus grands que les États (...). Mais nous existons aussi dans ce pays", a-t-il affirmé. M. Hariri a estimé que le Liban passe par "une période délicate". "Nous faisons l'objet de campagnes hostiles menées de toutes parts", a-t-il ajouté.

(Lire aussi : Pression arabe accrue sur le Liban)

"Il faut présenter des excuses à l'Arabie"
Parallèlement, les visites en série de délégations libanaises à l'ambassade d'Arabie, venues exprimer leur solidarité avec le royaume se poursuivaient sans relâche mercredi.

Parmi les visiteurs, le ministre de l'Intérieur, Nouhad Machnouk, qui s'est entretenu avec Ali Awad Assiri. "Le roi Salmane est probablement le monarque saoudien le plus proche du Liban", a estimé M. Machnouk devant la presse, à l'issue de la rencontre. "Il faut reconnaître qu'il y a une crise, survenue suite aux propos et aux actions du Hezbollah contre l'Arabie saoudite. La décision saoudienne n'est pas nouvelle ou surprenante", a-t-il ajouté. "Il faut présenter des excuses à l'Arabie, faute de quoi, la crise va s'aggraver".

^{Photo Ani}

Le ministre de la Santé, Waël Bou Faour, s'est également rendu à l'ambassade saoudienne. Il a assuré que le Liban "est engagé par l'unanimité arabe".

Une délégation des Forces libanaises dirigée par le député Antoine Zahra a, elle aussi, fait le déplacement. M. Zahra a réaffirmé que "l'identité du Liban est arabe". Il a également souligné que le gouvernement était un "corps uni", et qu'il est "inadmissible de faire assumer à un ministre la responsabilité" de la crise, en allusion au chef de la diplomatie, Gebran Bassil. Les FL ont récemment effectué un rapprochement avec le Courant patriotique libre dirigé par M. Bassil.

Enfin, l'ancien Premier ministre Nagib Mikati, qui a également fait le déplacement a affirmé compter "sur la sagesse du roi pour à nouveau prendre soin du Liban". "Nous comptons sur les pôles libanais afin qu'ils mettent un terme à leurs querelles en ces graves moments", a déclaré M. Mikati à sa sortie du siège de l'ambassade.

Sur Twitter, le chef du Parti socialiste progressiste, Walid Joumblatt, a estimé que "les déclarations irresponsables mettent en danger les Libanais" de la diaspora, en allusion aux ressortissants résidant dans les pays du Golfe, notamment l'Arabie saoudite.

(Lire aussi : Le bloc aouniste se défend de chercher à nuire aux rapports avec l'Arabie saoudite)

Le Koweït et le Qatar demande à ses ressortissants de quitter le Liban
Signe de la poursuite des crispations diplomatiques, le Koweït a appelé mercredi ses ressortissants à quitter le Liban. L'ambassade du Koweït au Liban a également exhorté les Koweïtiens à reporter tout voyage vers le pays du Cèdre, selon un communiqué cité par l'agence officielle KUNA. Elle demande aussi à ceux qui résident au Liban de n'y rester "qu'en cas d'absolue nécessité" et d'éviter les lieux dangereux.
Le communiqué ne donne pas les motifs de cette décision. Quelques heures plus tard, le Qatar a lancé le même appel à ses ressortissants.

Ces deux pays emboîtent ainsi le pas à l'Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et Bahreïn qui ont pris la même décision en demandant également à leurs ressortissants respectifs désireux de se rendre au Liban de s'y abstenir. Les Émirats ont également réduit le niveau de leur représentation diplomatique au Liban.

Enfin, le directeur de l'Aéroport international de Beyrouth, Fady el-Hassan, a démenti avoir reçu des demandes de la part d'une compagnie aérienne saoudienne souhaitant suspendre ou reporter des vols entre l'Arabie et le Liban.

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