L'affaire de l'arrêt de l'aide financière saoudienne aux forces armées libanaises continuait mardi à susciter de vifs commentaires dans les milieux politiques du Liban, critiquant les attaques du Hezbollah à l'encontre de Riyad et les prises de position du ministre des Affaires étrangères, Gebran Bassil.
L'ancien ministre de la Justice, Achraf Rifi, qui a transmis lundi sa lettre de démission au Premier ministre Tammam Salam, qui l'a acceptée, a présenté mardi à Riyad ses excuses pour la position adoptée par M. Bassil après l'attaque de l'ambassade saoudienne à Téhéran par des manifestants iraniens, début janvier.
"Nous présentons toutes nos excuses à l'Arabie saoudite pour l'erreur commise par Gebran Bassil", a déclaré M. Rifi, lors de sa rencontre avec l'ambassadeur saoudien à Beyrouth, Ali Awad Assiri. "Nous sommes Arabes, quoi qu'il en coûte", a-t-il ajouté.
La veille, le gouvernement avait publié une déclaration dans laquelle il a réaffirmé l'attachement du Liban à ses relations avec les pays du Golfe et à l'unanimité arabe.
De son côté, Ali Awad Assiri a salué le communiqué du gouvernement. "Les visites spontanées que je reçois aujourd'hui montrent les bons sentiments que nourrissent les Libanais à l'égard de l'Arabie saoudite, et prouvent que certains propos proférés par des parties qui veulent du mal au Liban ne reflètent pas la nature de ce pays que nous connaissons comme étant ami de l'Arabie saoudite", a déclaré M. Assiri au cours d'une conférence de presse, réitérant le soutien de Riyad au Liban, à sa sécurité et à sa stabilité.
Par ailleurs, l'Arabie saoudite a assuré à la France que le contrat d'armement de trois milliards de dollars, finançant l'achat d'armes françaises destinées à l'armée libanaise, ne sera pas rompu, a indiqué mardi le quotidien panarabe Al-Hayat, citant une source française.
(Lire aussi : Le gouvernement face au gel de l'aide saoudienne : ce qu'en dit la presse libanaise)
Passe d'armes entre Rifi et Machnouk
Par ailleurs, le ministre démissionnaire de la Justice a indiqué lors d'un entretien sur la chaîne locale LBCI que le ministre de l'Intérieur, Nohad Machnouk, et lui s'étaient entendus avec le Courant du Futur pour présenter tous les deux leur démission afin de protester contre la gestion de l'affaire de l'ancien ministre libanais Michel Samaha. "Mais M. Machnouk n'a pas tenu sa parole", a-t-il affirmé.
La réponse du ministre de l'Intérieur ne s'est pas faite attendre.
"J'avais proposé lors d'une réunion à Riyad la démission du gouvernement et la sortie de la table de dialogue national, en présence de mon ami Achraf Rifi, du député Ahmad Fatfat, de Saad Hariri et de Fouad Siniora", a-t-il indiqué sur son compte Twitter. "Mais M. Hariri a expliqué qu'il était inopportun de prendre des initiatives pouvant froisser Nabih Berry et Walid Joumblatt", a-t-il poursuivi.
(Lire aussi : Hariri : Nul ne peut annihiler l'arabité du Liban)
Le Hezbollah "doit se retirer des fronts"
Plus tôt dans la journée, le chef des Forces libanaises (FL), Samir Geagea, a estimé qu'il préférait que le gouvernement démissionne plutôt que de couvrir "les agissements" du Hezbollah, qualifiant de "légitime" le communiqué du gouvernement.
"Les relations du Liban avec l'Arabie saoudite et les pays du Golfe sont très importantes, mais je considère que le Liban est encore plus important", a déclaré Samir Geagea, lors d'une conférence de presse, estimant que l'unanimité affichée lors du Conseil des ministres "ne correspond pas à la réalité".
"Le problème de la politique étrangère du Liban est stratégique, et il ne se règlera pas par une déclaration ministérielle", a-t-il poursuivi.
"Comment peut-on parler de politique de distanciation alors qu'une partie représentée au gouvernement combat actuellement en Syrie ?" s'est demandé M. Geagea, en allusion au Hezbollah. "Le gouvernement doit demander au Hezbollah de se retirer des fronts où il est engagé dans la région", a-t-il dit avant d'ajouter: "Le mieux serait que le cabinet démissionne et cesse de couvrir des agissements qui nous placent en confrontation avec l'ensemble du monde arabe, l'Arabie saoudite en particulier".
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commentaires (5)
Il faut arrêter d'épingler et de fustiger, les gars. Allez recevoir votre pactol au guichet saoudique pour service rendu à son souverain hyper démocratique, puisque ami des occidentaux mafieux de leur foreign policy, et ne cassez plus les glaouis aux libanais. On connaît bien la chanson et son refrain... autrement vous ne seriez pas aussi riche et adorateur du bifton vert. Mais si rififi insiste au delà de la mise, il pourrait finir par recevoir une savate appliquée dans la bourse conjugale. Quant aux autres, ils sont un peu comme les bouffons du roi, ils sont surtout amusant. Vous avez vu le retrait de la cravate à l'orange mécanique de hariri fils, le saksouke'? Biis...biiis...
Ali Farhat
01 h 27, le 24 février 2016