Discours de Hariri : ce qu'en dit la presse libanaise

Devant une foule de personnalités politiques et religieuses, rassemblées pour la 11e commémoration de l'assassinat de l'ancien Premier ministre Rafic Hariri, le leader du Courant du Futur Saad Hariri a lancé dimanche une violente diatribe contre l'Iran pour ensuite aborder le dossier de la présidentielle qu'il a jugé "primordial". Lundi, c'est sur les propos tenus par M. Hariri au sujet de l'élection présidentielle que la presse libanaise est principalement revenue. 

"Hariri s'attache à la candidature de Frangié et s'éloigne du Sérail", peut-on lire en manchette d'as-Safir. Pour le quotidien proche du 8 Mars, Saad Hariri a "attaqué le Hezbollah et son implication militaire en Syrie (...) et a réitéré sa loyauté à l'Arabie saoudite". Selon des sources du 8 Mars cités par le quotidien, "ce genre de discours aide M. Hariri dans son chemin de retour en Arabie saoudite et non à Beyrouth". "Le discours de Hariri a fermé les portes de la Maison du centre devant la candidature de Michel Aoun, mais aussi devant l'opportunité de dialoguer avec lui et jette la balle dans le camp du Hezbollah", peut-on également lire.

Le quotidien revient également sur la phrase lancée par le chef du Courant du Futur à l'adresse du leader des Forces libanaises Samir Geagea. Revenant sur la réconciliation des FL avec le Courant patriotique libre, M. Hariri a affirmé que si cette réconciliation avait eu plus tôt M. Geagea aurait "épargné les chrétiens et le Liban". "Il était évident que par cette phrase M. Hariri a voulu faire porter à M. Geagea la responsabilité de la division chrétienne de toutes les années passées, écrit as-Safir. Plus encore, ses propos font allusion au fait que le soutien par M. Geagea à la candidature de M. Aoun n'est qu'une réaction à son soutien à la candidature du chef du courant Marada, Sleiman Frangié".

Dans un autre article d'as-Safir signé Lina Fakhreddine, la journaliste décrit l'ambiance qui prévalait lors de la cérémonie. Selon elle l'atmosphère était "terne et froide", la salle était "plus petite que d'habitude" et les présents étaient "moins nombreux que les années précédentes". Elle affirme également que le Courant du Futur "est noyé dans une crise financière".

"Hariri tourne le dos à Geagea", titre de son côté le quotidien al-Akhbar, proche du Hezbollah, en choisissant une photo où M. Hariri enlace le président des Kataëb Samy Gemayel et tourne le dos au chef des FL. Comme as-Safir, le quotidien s'attarde sur la phrase lancée par M. Hariri à M. Geagea et va jusqu'à la décrire comme étant "une insulte". 

"Il est vrai que Hariri a parlé de son entente avec le député Sleiman Frangié, mais il n'a pas annoncé de manière explicite que le chef des Marada est son candidat à la présidentielle. Il est aussi vrai qu'il a démenti avoir abouti il y a près de deux ans à un accord avec M. Aoun relatif à la présidentielle, mais il dit aussi que la porte devant tout candidat restait ouverte", peut-on lire dans l'article d'al-Akhbar.

(Lire aussi : L'enthousiasme à son paroxysme pour la 11e commémoration de l'attentat du 14 février)

"L'élection présidentielle est retournée à la case départ"
Les quotidiens pro-14 Mars ont de leur côté titré sur l'appel de M. Hariri aux députés leur demandant de se rendre au Parlement et d'élire un président de la République.

"Hariri crache le morceau : rendez vous au Parlement", titre ainsi le quotidien al-Mustaqbal qui a dédié une dizaine de pages à la commémoration de l'assassinat de Rafic Hariri. Le quotidien du Futur a notamment salué le fait que Saad Hariri ait "détaillé l'entière et véritable histoire des initiatives qu'il a entreprises pour mettre fin à la vacance présidentielle". Dans son article, Wissam Saadé estime que "le retour de M. Hariri constitue un tournant et l'on ne peut prévoir ses implications". "Le retour de M. Hariri et son discours politique sont des preuves sérieuses que la force politique qu'il dirige ne peut être annulée par la menace, les armes, la provocation ou le meurtre", écrit M. Saadé.

"Hariri à Beyrouth : rendez vous à la Chambre des députés sauf si votre véritable candidat est la vacance", titre également an-Nahar. "Les Forces libanaises sont toujours attachées à la candidature de leur nouvel allié le général Michel Aoun et le courant du Futur est toujours attaché à la candidature de son nouvel ami, le député de Zghorta Sleiman Frangié. (...) Est-ce que l'optimisme des candidats a raison d'être? Les informations montrent que l'élection présidentielle au Liban est retournée à la case départ", écrit Sarkis Naoum. 

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