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Liban - La situation

Hariri tente d’amorcer un retour aux fondamentaux du 14 Mars

Les leaders du 14 Mars, sur la scène du BIel, à l’occasion de la 11e commémoration de l’assassinat de Rafic Hariri. Photo Ibrahim Tawil

Réalisant sans doute l'ampleur de l'émiettement et l'état de perdition dans lequel a sombré le mouvement du 14 Mars, c'est un Saad Hariri gonflé à bloc qui est monté à la tribune du Biel hier dans le cadre de la 11e commémoration de l'assassinat de l'ancien Premier ministre Rafic Hariri, comme prêt à en découdre avec tous ses détracteurs.

Un net changement de ton donc, et une assurance de leader qu'on lui avait rarement vu. Pour lui, il s'agissait d'expliquer ses récentes prises de position, notamment le fait qu'il ait validé depuis Paris la candidature de Sleiman Frangié, désarçonnant ainsi adversaires et alliés politiques. « Nous avons au moins eu l'audace de proposer une initiative qui a eu le mérite de replacer l'échéance présidentielle en tête des priorités politiques alors que tout le monde l'avait reléguée aux oubliettes ; tant mieux si cela a brouillé les cartes », a-t-il affirmé, se félicitant d'avoir provoqué également l'accord « historique » entre Samir Geagea et Michel Aoun qui a abouti à la validation par les Forces libanaises de la candidature du chef du Courant patriotique libre à la présidentielle. Et il est même allé jusqu'à lancer une pointe à l'adresse de M. Geagea : « Si seulement cette réconciliation avec Michel Aoun avait eu lieu il y a longtemps, vous auriez tellement épargné aux chrétiens et au Liban. »

Toutefois, à aucun moment Saad Hariri n'a officiellement entériné – devant son public chauffé à blanc – la candidature de Sleiman Frangié. Il s'est simplement contenté de déclarer que son courant serait favorable « à n'importe quel candidat qui accéderait à la présidence dans le respect de Taëf, de la Constitution, des lois, de la sécurité du Liban avant celle des pays de la région ».

 

(Lire aussi : L'enthousiasme à son paroxysme pour la 11e commémoration de l'attentat du 14 février)


Ce choix délibéré de rester dans le vague, après avoir tiré à boulets rouges sur le Hezbollah – sans le nommer – en l'accusant de n'avoir comme seul et véritable candidat à la présidentielle que « le vide institutionnel », donne l'impression qu'un repositionnement du courant du Futur n'est à l'avenir guère à exclure. Et d'ailleurs, M. Hariri a prévenu : il suit les pas de son père en matière de sacrifice, « mais ce sacrifice a des limites, une ligne rouge à ne pas franchir, que nous tracerons en lieu et en temps voulus ».

Une tendance annoncée par l'ancien député Moustapha Allouche, qui l'a fait entendre à deux reprises au cours du week-end, en affirmant que « le leadership du 14 Mars doit laisser tomber les initiatives improvisées qui ne mènent à rien et qui n'ont pour effet que de déprimer les gens et de les faire sentir faibles. Nous devons revenir à notre glorieuse révolution qui a fait des miracles en 2005 et a pu faire naître une nation unie dont les seules obsessions sont la liberté et la citoyenneté ». Il a également fait savoir, dans un entretien accordé hier à la chaîne de télévision LBCI, qu'il serait possible pour Saad Hariri de revenir sur la candidature de M. Frangié si la prochaine séance électorale présidentielle n'aboutissait toujours à rien.

Pour le député Ahmad Fatfat en revanche, l'heure n'est pas aux illusions politiques mais au réalisme pur et dur. Un réalisme qui transparaît dans le discours de Saad Hariri, note M. Fatfat. « Il s'est voulu très réaliste et très honnête », a affirmé le député qui a indiqué qu'il s'agit à présent « d'attendre les réactions » des uns et des autres. Des alliés d'abord, et en particulier d'Amine Gemayel – dont la candidature n'a pas été entérinée par le 8 Mars –, des adversaires ensuite, et en particulier le Hezbollah, qui devrait, dans les prochains jours, selon M. Fatfat, « tenter de faire pression sur Sleiman Frangié pour qu'il retire sa candidature, s'il veut vraiment qu'un président soit élu. Mais au vu des récentes déclarations télévisées de M. Frangié, un retrait de candidature est, à l'heure qu'il est, difficilement envisageable ». Si M. Frangié en venait à accepter à se retirer de la course, cela signifierait alors que Michel Aoun resterait, avec Henri Hélou, seul candidat en lice. Ce à quoi M. Fatfat rétorque que le Futur n'a de veto sur aucun candidat en particulier : « Nous l'avons toujours dit. »

 

(Lire aussi : Hariri explique les motivations de son soutien à Frangié)

 

D'autre part, poursuit-il, l'objectif premier du Futur et du 14 Mars en général est de parvenir « par tous les moyens à une élection présidentielle » dans un avenir qui se veut plus ou moins proche.
La présidentielle est donc le gros titre de la prochaine étape pour le 14 Mars, un mouvement qui semble vouloir revenir, sous l'impulsion de Saad Hariri, à ses fondamentaux. Ce dernier a d'ailleurs appelé le secrétariat général du mouvement à organiser une sorte de grand-messe au cours de laquelle il s'agira de faire une autoévaluation critique.

Quid alors, dans ce contexte, de l'état des relations Futur-Forces libanaises, notamment après cette pointe lancée en direct par Saad Hariri à Samir Geagea ? Pour M. Fatfat, c'était là une manière pour l'ancien Premier ministre de « vider son sac, et il a bien fait ». Et d'ajouter qu'à l'issue de la commémoration du Biel, les deux hommes ont eu un aparté qui s'est sans doute poursuivi dans un autre lieu plus tard dans la soirée.


Dans le même temps, à Aïn el-Tiné, c'est un tête-à-tête entre le président de la Chambre Nabih Berry et le député Walid Joumblatt qui a eu lieu, à l'issue duquel M. Joumblatt s'est félicité de la teneur « démocratique » du discours de M. Hariri. Il a précisé : « Aujourd'hui, il nous est demandé d'élire un président, nous avons trois candidats, alors rendons-nous au Parlement et élisons un président. L'affaire est simple. »

Hier au Biel, tous les blocs parlementaires à l'exception du Hezbollah ont pris part à la 11e commémoration de l'assassinat de Rafic Hariri. Une occasion à ne pas manquer, pour Saad Hariri, afin de tenter de remettre en selle le 14 Mars en tant que mouvement politique influent, efficace, rassembleur et cohérent. La question est de savoir s'il parviendra, en un discours, en une soirée passée à Beyrouth, à jeter les bases de ce qui s'annonce comme un très laborieux chantier politique, un chantier difficilement gérable à distance.

 

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Retour aux sources, l'édito de Michel TOUMA

 

Réalisant sans doute l'ampleur de l'émiettement et l'état de perdition dans lequel a sombré le mouvement du 14 Mars, c'est un Saad Hariri gonflé à bloc qui est monté à la tribune du Biel hier dans le cadre de la 11e commémoration de l'assassinat de l'ancien Premier ministre Rafic Hariri, comme prêt à en découdre avec tous ses détracteurs.
Un net changement de ton donc, et une...

commentaires (8)

QUI A L'ÉNERGIE DE LIRE CET ARTICLE QUAND ON VOIT CETTE PHOTO JOUMBLATT ET BERRI DISCUTE DE LA PRÉSIDENTIELLE ? FRANCHEMENT . LIRE DE LA BAVARDAGE NIVEAU CONCIERGE.

Gebran Eid

12 h 23, le 15 février 2016

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Commentaires (8)

  • QUI A L'ÉNERGIE DE LIRE CET ARTICLE QUAND ON VOIT CETTE PHOTO JOUMBLATT ET BERRI DISCUTE DE LA PRÉSIDENTIELLE ? FRANCHEMENT . LIRE DE LA BAVARDAGE NIVEAU CONCIERGE.

    Gebran Eid

    12 h 23, le 15 février 2016

  • La signification de la phrase de Saad Hariri sur la réconciliation de Geagea avec Aoun n'est pas compliquée sauf pour les pêcheurs en eaux troubles, Saad Hariri voulaient souligner les deux guerres inutiles inter-chrétiennes déclenchées par Michel Aoun qui avaient fait plus de 6.000 morts et 20.000 blessés, tout simplement. Le Liban a besoin de personnalités politiques intègres et souverainistes de la trempe de Saad Hariri.

    Un Libanais

    11 h 53, le 15 février 2016

  • Avec saad j'ai un problème avec le mot "retour". Et des fondamentaux qu'il chercher à appliquer à partir de son lieue de "refuge", faut pas prendre les enfants du bon Dieu pour des canards sauvages , tout de même !

    FRIK-A-FRAK

    11 h 48, le 15 février 2016

  • Nous plongeons toujours dans un système tribal confessionnel .Malheureusement le Liban semble plus divisé qu’ il l’était durant la guerre civile de 1975

    Sabbagha Antoine

    11 h 35, le 15 février 2016

  • Vu la mauvaise foi et "l'Iranisation" du Hezbollah, une tâche bien ardue attend Rafic Hariri!

    Dounia Mansour Abdelnour

    09 h 23, le 15 février 2016

  • S'il veut vraiment remettre le 14 Mars en selle, qu;il commence par retourner au Liban et s'affaire a réaliser des choses constructives au lieu de lancer des initiatives qui sont sans lendemain.

    Pierre Hadjigeorgiou

    08 h 53, le 15 février 2016

  • "Hier au Biel, Saad Hariri a tenté de remettre en selle le 14 Mars en tant que mouvement politique influent, efficace, rassembleur et cohérent. La question est de savoir s'il parviendra en une soirée passée à Beyrouth, à jeter les bases de ce qui s'annonce comme un très laborieux chantier politique difficilement gérable à distance.". Bien vu....

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    07 h 46, le 15 février 2016

  • SAAD HARIRI FAIT DE LA POLITIQUE A L,ECHELLE NATIONALE... LES AUTRES QUATORZISTES DU BLA... BLA... BLA... ET LES AUTRES... LES VENDUS... A L,APPARTENANCE NON LIBANAISE... DE LA TRAITRISE...

    LA LIBRE EXPRESSION

    05 h 53, le 15 février 2016

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