Le secrétaire du Conseil suprême de la sécurité nationale iranienne, Ali Shamkhani, a accordé pour la première fois, en ce mois de février, une interview à un média français. Interrogé par France24, le militaire raconte les coulisses de l'échange historique de prisonniers entre les États-Unis et l'Iran, le 16 janvier dernier.
"Nous étions en train de négocier avec l'administration Obama, et les républicains américains nous ont contactés. Ils nous ont demandé une faveur : de ne pas laisser aboutir ces pourparlers et de les reporter après la prochaine élection présidentielle américaine, donc après le départ d'Obama. J'avais l'impression que cette rivalité dans le pouvoir américain était inappropriée. J'ai trouvé que l'humanité chez eux était reléguée au second plan, c'était surprenant pour moi. Mais nous avons réussi à résoudre cela durant le mandat d'Obama", affirme l'amiral Shamkhani.
Quelques heures avant la levée de la plupart des sanctions internationales contre l'Iran le 16 janvier dernier, à la suite de l'accord conclu en juillet dernier sur le nucléaire iranien, Washington et Téhéran avaient annoncé un échange de prisonniers. Téhéran avait libéré cinq Américains dont quatre possédant tous la nationalité iranienne, contre la libération de sept Iraniens, dont six ont aussi la nationalité américaine, arrêtés aux Etats-Unis pour avoir violé les sanctions qui frappaient la République islamique.
Lors de son interview, M. Shamkhani revient également sur la place de l'Iran dans le monde, notamment après la grave crise diplomatique avec Riyad suite à l'exécution, début janvier par l'Arabie saoudite, d'un leader religieux chiite, cheikh Nimr. La rivalité légendaire des puissances chiite et sunnite du Moyen-Orient avait dégénéré début janvier en crise ouverte avec la rupture de leurs relations diplomatiques après la mise à sac de l'ambassade saoudienne à Téhéran. "En 37 ans le pays n'a jamais été à l'origine d'une guerre, affirme l'amiral. L'amateurisme, la jeunesse et l'impulsivité de l’État saoudien posent problème".
Evoquant le combat iranien contre le terrorisme, M. Shamkhani dit encore : "Nous ne cherchons la guerre avec aucun pays".
L'intégralité de l'entretien
Ce n'est pas la première fois que sont émises des accusations relatives à l'interférence de considérations politiciennes dans des cas de négociations pour la libération d'otages. En 2002, le quotidien français Libération citait Eric Rouleau, impliqué dans les négociations pour la libération des otages français au Liban (Jean-Paul Kauffmann, Marcel Carton et Marcel Fontaine libérés le 4 mai 1988), sur ce sujet. "Des négociateurs de l'opposition ont empêché leur libération qui devait avoir lieu le 15 mars 1986 [veille de l'élection législative, ndlr] à Damas au terme du protocole d'accord que j'avais conclu avec les Iraniens à Téhéran", raconte l'ancien ambassadeur Eric Rouleau à Libération, s'estimant à ce moment là délivré de son devoir de réserve. Dans cette affaire, indique M. Rouleau, des calculs politiciens à la veille des législatives de mars 1986 avaient entravé la libération des otages.
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"Nous étions en train de négocier avec l'administration...
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"Eric Rouleau, impliqué dans les négociations pour la libération des otages français au Liban (Jean-Paul Kauffmann, Marcel Carton et Marcel Fontaine libérés le 4 mai 1988), a révélé que des négociateurs de l'opposition (Chirac et Cie.) ont empêché leur libération qui devait avoir lieu le 15 mars 1986 veille de l'élection législative à Damas, au terme du protocole d'accord qu'il avait conclu avec les Iraniens ! Dans cette affaire, indique-t-il, des calculs politiciens à la veille de ces législatives avaient entravé leur libération." ! Merci Don Pasqualone etc. !
ANTOINE-SERGE KARAMAOUN
15 h 41, le 12 février 2016