Plus de 260.000 morts, plus de la moitié de la population déracinée et un pays en ruines: déclenchée il y a près de cinq ans, la révolte en Syrie contre le régime de Bachar al-Assad s'est muée en une guerre dévastatrice.
Victimes
L'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), qui dispose d'un large réseau de sources en Syrie, a comptabilisé 260.758 morts, dans leur grande majorité des combattants (bilan du 31 décembre 2015).
Plus de 76.000 civils ont été tués dans le conflit, qui a débuté par la répression de manifestations pacifiques et évolué en une guerre complexe opposant nombre d'acteurs et impliquant des puissances étrangères.
Le bilan n'inclut pas les milliers de disparus dont on ignore le sort, notamment dans les geôles du régime, et des centaines de membres des forces loyalistes chez les rebelles et les groupes jihadistes, dont l'organisation de Etat islamique.
Un immeuble endommagé dans le quartier de Hraytan, en campagne nord d'Alep, le 3 février 2016.
Photo REUTERS/Abdalrhman Ismail
Selon un bilan de l'OSDH rendu public en mars 2015, près de 13.000 Syriens sont morts sous la torture dans les prisons du régime depuis le début du conflit. Plus de 200.000 personnes y ont été détenues.
Une organisation humanitaire syrienne a dénoncé fin janvier les incessants bombardements sur les hôpitaux et leurs "conséquences désastreuses" sur les populations. 177 hôpitaux ont été détruits et près de 700 membres du personnel de santé tués depuis 2011, selon elle.
Un char de l'armée du régime syrien, au nord de la ville d'Alep, le 3 février 2016.
Photo AFP/GEORGE OURFALIAN
Réfugiés et déplacés
Dans ce pays qui comptait quelque 23 millions d'habitants avant le conflit, 13,5 millions de personnes sont affectées ou déplacées par la guerre, selon l'Onu (chiffres du 12 janvier 2016). Environ 486.700 personnes vivent actuellement dans des régions assiégées par l'armée ou par les rebelles, selon l'Onu. Des dizaines de personnes y sont mortes de malnutrition et du manque d'assistance médicale.
La guerre a aussi poussé 4,7 millions de personnes à fuir le pays. "C'est la plus grande population de réfugiés pour un seul conflit en une génération", affirmait en juillet 2015 le Haut-Commissariat de l'Onu pour les réfugiés (HCR).
La Turquie est aujourd'hui la principale terre d'asile des réfugiés syriens, accueillant sur son sol entre 2 et 2,5 millions de Syriens. Quelque 250.000 d'entre eux seulement vivent dans des camps, les autres se sont installés dans les grandes villes du pays. Le Liban accueille quelque 1,2 million de réfugiés syriens, selon des sources officielles. Plus des deux tiers des réfugiés vivent dans ce pays dans une "pauvreté extrême", selon l'Onu.
En Jordanie, quelque 630.000 sont enregistrés auprès du HCR, mais les autorités évaluent leur nombre à plus d'un million. 225.000 Syriens sont réfugiés en Irak et 137.000 en Egypte. Les réfugiés font face à la pauvreté, à des problèmes de santé et des tensions croissantes avec les communautés locales où ils vivent dans des structures provisoires et des conditions extrêmement difficiles. Une grande majorité des réfugiés syriens se trouvent toujours dans les pays de la région, mais ils sont de plus en plus nombreux à se rendre en Europe, à leurs risques et périls, grâce à des réseaux de passeurs.
Conséquences économiques
Selon des experts, le conflit a fait revenir trois décennies en arrière l'économie du pays, privé de quasiment tous ses revenus et dont la majorité des infrastructures sont détruites.
L'économie a connu une désindustrialisation massive en raison de la fermeture des entreprises, des faillites, des pillages et des destructions. Les exportations ont chuté de 90% depuis le début de la révolte, selon un haut responsable, alors que le pays est soumis à de sévères sanctions internationales.
Selon le ministre du Pétrole, les pertes directes et indirectes dans le secteur pétrolier et gazier s'élèvent à 58 milliards de dollars. En mars 2015, une coalition de 130 ONG affirmait que la Syrie vivait quasiment sans lumières, 83% ne fonctionnant plus en raison de la guerre. La ville d'Alep (nord) est la plus touchée, avec 97% de ses lumières éteintes la nuit.
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