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Liban - Conseil des ministres

Les municipales en marche, l’affaire Samaha ajournée

Toujours pas de décision concernant la titularisation des volontaires de la Défense civile.

En colère, des volontaires de la Défense civile ont brûlé leur uniforme. Photo Hassan Assal

Le Conseil des ministres a décidé hier le déblocage d'un crédit de 31 milliards de LL pour l'organisation des élections municipales, prévues en mai prochain. Le ministre de l'Intérieur, Nouhad Machnouk, qui avait fait de ce dossier son cheval de bataille, a annoncé la nouvelle dans un tweet alors qu'il se trouvait encore au Grand Sérail. Une majorité de ministres s'étaient prononcés en faveur de la tenue dans les délais de ce scrutin avant même la réunion du gouvernement, y compris le ministre des Finances, Ali Hassan Khalil, qui s'était dit disposé à avaliser la décision, quelle que soit la somme en jeu.
Une partie du montant ira également à l'organisation de la législative partielle de Jezzine, suspendue depuis le décès, en juin 2014, du député Michel Hélou.


Le gouvernement a toutefois échoué à faire passer deux autres projets tout aussi attendus : celui du transfert du dossier de l'ancien ministre Michel Samaha devant la Cour de justice – projet parrainé par le ministre de la Justice, Achraf Rifi – et la titularisation des volontaires de la Défense civile qui avaient misé sur l'adoption, lors de cette réunion gouvernementale, du décret en question qui devait mettre fin à leur long calvaire.


Faisant campagne depuis plusieurs années pour l'obtention de leurs revendications, à savoir une reconnaissance officielle de leurs services et une rémunération conséquente, ces derniers avaient obtenu à maintes reprises des promesses vaines sur l'imminence d'une décision en leur faveur, la dernière en date ayant été faite à la veille de la réunion gouvernementale. D'où leur grande déception et l'ampleur de la colère exprimée sitôt que la nouvelle du report leur est parvenue.
Nouhad Machnouk, qui tablait sur une double victoire hier, a fait de son mieux pour convaincre ses collègues, d'autant que les fonds à débloquer à cette fin « ne devaient pas dépasser les 4,2 milliards de livres », selon lui.
C'était compter sans la réaction du ministre des Finances, qui a clairement laissé entendre que les caisses de l'État ne permettaient plus de faire une seule dépense additionnelle avant d'avoir trouvé le financement adéquat.
La proposition de M. Machnouk d'imposer une taxe additionnelle de 3 000 LL ( au lieu de 5 000 préalablement suggérée ) sur les 20 l d'essence a été contrée par plusieurs ministres, soucieux d'éviter l'exacerbation de la grogne populaire que pourrait susciter une telle décision.


Également rejetée, la demande du ministre de l'Intérieur de débloquer la somme plus coquette de quarante millions de dollars pour financer des équipements requis à l'aéroport Rafic Hariri, une demande d'ailleurs soutenue par le ministre des Travaux publics et des Transports, Ghazi Zeaïter, qui a précisé que l'aéroport est un lieu « neutre » qui touche l'ensemble des Libanais. Entendre qu'un projet semblable n'est pas pour contenter une communauté ou un groupe d'intérêt aux dépens d'autres.
D'autres sollicitations ont été formulées lors de la réunion, notamment celle du ministre des Affaires sociales, Rachid Derbas, qui a plaidé en faveur de la reprise des travaux de réfection du Palais de justice de sa ville, Tripoli, qui « va crouler sous les fuites d'eau », a-t-il prévenu.
Une longue discussion d'ordre financier a suivi sur les moyens de trouver les fonds nécessaires à l'ensemble de ces projets.
Les ministres ont finalement décidé de reporter ce débat à mercredi prochain, la réunion devant être exclusivement axée sur la question du financement. Elle sera suivie, le lendemain, d'un Conseil des ministres ordinaire.


Également reportés à la prochaine réunion, les échanges, devenus houleux entre le ministre des Travaux publics et celui du Travail, Sejaan Azzi, dès que la question de la fragmentation des projets d'entretien et de réfection des réseaux routiers – qui se font selon la pratique du gré à gré – a été abordée. Accusant implicitement M. Zeaïter de clientélisme, le ministre Kataëb, qui s'exprimait « au nom d'autres ministres également », a reproché à son collègue des Travaux publics sa manière de faire, répercutant le mécontentement des habitants des régions chrétiennes qui, selon lui, ne bénéficient pas de plus de 20 % de ces projets.
Le Premier ministre, Tammam Salam, a souhaité que cette empoignade ne soit pas filtrée à la presse, avant de proposer de reporter cette clause à la semaine prochaine. Il en sera de même pour la question du transfert du dossier Samaha, en dépit de l'insistance de M. Rifi qui continue d'en faire son cheval de bataille

 

Les volontaires récidivent...
Entre-temps, gavés de promesses qui leurs avaient été faites vraisemblablement par certaines figures politiques, les volontaires de la Défense civile ont entamé un sit-in à la place Riad el-Solh dès le début du Conseil des ministres, animés de l'espoir d'avoir enfin gain de cause. Ils ont vite déchanté à l'annonce du report de la titularisation. Leur réaction a été immédiate : blocage des axes routiers les plus sensibles du pays, de l'autoroute de Jiyeh jusqu'à Jounieh, en passant par l'avenue Charles Hélou puis la corniche Mazraa et le col de Dahr el-Beidar, paralysant le pays aux heures de pointe. « Ce que vous avez fait est une honte », a déclaré leur porte-parole, Youssef Mallah, à l'adresse des ministres. « Cela fait des années que nous attendons (la titularisation). Plusieurs projets ont été adoptés mais pas le nôtre », a-t-il martelé. Les protestataires, qui avaient levé le blocage des routes peu avant 19h, ont menacé de redescendre de nouveau dans la rue, « d'ici à une demi-heure si le ministre de l'Intérieur ne dévoile pas qui sont les responsables qui obstruent la décision ».
Sur-le-champ, M. Machnouk a réagi en leur adressant un message dans lequel il s'est engagé à « rendre publics » les dessous de ce dossier et à nommer ceux « qui obstruent l'organisation et le développement de la Défense civile », si le décret n'est pas adopté au prochain Conseil des ministres. Il a toutefois appelé les protestataires à ne pas recourir à des méthodes « négatives » pour parvenir à leurs droits.

 

 

Le Conseil des ministres a décidé hier le déblocage d'un crédit de 31 milliards de LL pour l'organisation des élections municipales, prévues en mai prochain. Le ministre de l'Intérieur, Nouhad Machnouk, qui avait fait de ce dossier son cheval de bataille, a annoncé la nouvelle dans un tweet alors qu'il se trouvait encore au Grand Sérail. Une majorité de ministres s'étaient prononcés...
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